«Il faut se dire les vraies affaires»
Agence QMI
Selon le défenseur Kristopher Letang, se dire les quatre vérités quand la situation n’est pas au beau fixe constitue un art qui se perd dans les vestiaires sportifs d’aujourd’hui et chez les Penguins de Pittsburgh, le Québécois ainsi que le capitaine Sidney Crosby ne craignent pas d’interpeller un coéquipier qui semble prôner de mauvaises habitudes au travail.
En discussion avec l’animateur Renaud Lavoie durant le plus récent balado «Lavoie-Letang», le hockeyeur a pu citer en exemple le célèbre Michael Jordan à ce sujet. La légende du basketball professionnel ne passait pas par quatre chemins pour exprimer ses états d’âme pendant ses belles années avec les Bulls de Chicago. Sous les yeux de tous, il levait le ton à l’égard de certains qui pouvaient en faire davantage d’après lui, et ce, peu importe si la façon de faire risquait d’être humiliante pour la personne visée.
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Ce type de discours et ces circonstances bien précises sont-ils encore faisables dans le sport des années 2020? Letang a son opinion sur le sujet.
«Honnêtement, oui, c’est encore possible, parce que je la vis chaque jour. Moi et Sid, on a une attitude, si tu ne veux pas donner le meilleur de toi-même. Si je ne fais pas la vie dure à Sid et s’il ne le fait pas avec moi, quand pourra-t-on s’améliorer? Il n’y aura pas de moment possible pour le faire. [...] C’est un peu rendu plate, parce qu’on ne peut pas se parler dans le blanc des yeux et se dire les vraies affaires. Il faut tout le temps mettre des gants blancs, puis flatter toujours les gens dans le sens du poil.»
«Comme Michael Jordan dit, penses-tu que l’autre va te donner un "break" durant le match demain soir, ou demander la permission de te bloquer et de te rentrer dedans? a poursuivi Letang, qui n’y est justement pas allé avec le dos de la cuillère pour livrer le fond de sa pensée. Pour moi, Jordan, qui en demande de plus en plus à ses coéquipiers, passe pour un tr... de ..., mais c’est sûr à 100 % qu’il a permis à neuf joueurs sur les autres 10 d’être meilleurs que prévu. Aujourd’hui, ces gars-là ont quoi, six bagues [de championnat]? Je ne sais pas pourquoi on le critique.»
Les résultats sont là
Ainsi, comme chez les Bulls, grande dynastie de la NBA de la décennie 1990, les Penguins ont accumulé les succès grâce à leurs leaders. Il y a eu Mario Lemieux à la même époque, le Québécois remportant deux coupes Stanley en 1991 et 1992. Puis, au siècle suivant, les Crosby, Letang, Evgeni Malkin et Marc-André Fleury ont soulevé le trophée trois fois de 2009 à 2017.
Pour y arriver, il fallait savoir rectifier le tir au moment critique, mais avant, bien transmettre le message aux joueurs concernés.
«Moi, je suis un athlète et je ne sais pas pourquoi je suis en train de jouer au hockey si ce n’est pas pour essayer de gagner un championnat. Donc, ça prend ce que ça prend, a-t-il déclaré. S’il faut une superstar comme Michael Jordan pour me dire que je suis pourri aujourd’hui et que je devrais commencer à me réveiller, bien c’est ça. À la fin, ils vont t’envoyer une lettre pour te dire de te réveiller? Non.»