Pour les travailleurs étrangers temporaires: Québec ne réduira pas les exigences en français
Patrick Bellerose
Québec n’entend pas abaisser le niveau de français exigé pour les travailleurs étrangers temporaires au moment d’obtenir la résidence permanente, malgré les craintes d’un dirigeant d’entreprise qui craint un exode vers l’Ontario.
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Le gouvernement caquiste travaille à freiner le déclin du français au Québec, rappelle la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette. «Ça concerne également la nécessité de bien maîtriser le français pour nos travailleurs immigrants permanents », dit-elle en entrevue.
Mme Fréchette réagissait aux propos du directeur exécutif de Chantiers Chibougamau, Frédéric Verreault, qui craint que les travailleurs étrangers temporaires dans ses usines ne quittent pour l’Ontario s’ils échouent à atteindre le niveau de français «intermédiaire avancé» nécessaire pour obtenir la résidence permanente.
La ministre assure que des ressources importantes seront ajoutées avec la création de Francisation Québec, en juin prochain, dans la foulée de la nouvelle loi 101.
«Ça va être la porte d’entrée, le guichet unique pour l’apprentissage du français», dit Mme Fréchette. Les candidats à l’immigration pourront suivre des cours à distance avant même leur arrivée en sol québécois ou obtenir des séances directement en milieu de travail dans les entreprises participantes, illustre la ministre.
«Ça montre notre engagement à rendre accessibles les cours de français», dit-elle, avant d’ajouter que le gouvernement Legault a doublé les investissements en français depuis son arrivée au pouvoir.
Les libéraux sont d’accord
Seuls les libéraux se sont montrés d’accord avec l’idée de moduler les exigences en français pour certains travailleurs étrangers temporaires.
«Ce qu’on a proposé dans notre plateforme électorale – exception faite de la grande région métropolitaine de Montréal – dans les régions, il pouvait y avoir lieu de diminuer les exigences, parce que l’intégration, l’accès au français étaient davantage assurés en région», a expliqué le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay.
«Mais, peu importe le milieu de travail, il faut que ça se fasse en français», a-t-il ajouté.
L’idée reçoit toutefois une fin de non-recevoir au Parti Québécois. «L’acquisition du français, la francisation des travailleurs, c’est non négociable», a déclaré le député Joël Arseneau.
«S’il y a des problèmes en matière de francisation, c’est au gouvernement d’intervenir plutôt que faire des publicités gentilles ou drôles sur la langue, de former des comités bidon puis de revenir sur un projet de loi qui ne remplit pas l’objectif de contrer le déclin du français, je pense qu’on peut agir en matière de francisation», estime-t-il.
Même son de cloche à Québec solidaire. «Je pense que la solution, ce n’est pas de diminuer les exigences en français, mais il y a quand même un signal à entendre», dit le chef parlementaire Gabriel Nadeau-Dubois.
«La solution, ce n’est pas de diminuer les exigences, c’est d’avoir un meilleur modèle d’immigration, au centre duquel il y a la francisation en milieu de travail, appuyé, financé par le gouvernement», a-t-il affirmé.