Pour les promoteurs industriels, fini le buffet à volonté chez Hydro-Québec
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![Photo portrait de Martin Jolicoeur](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FMartin_Jolicoeur3abbedfe-de7e-4efd-b018-2977d8a94218_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Martin Jolicoeur
Alors qu’elle s’apprête à accroître ses exportations aux États-Unis, Hydro-Québec n’arrive plus à répondre aux attentes des projets industriels à grands besoins énergétiques. À tel point qu’elle met en garde des promoteurs contre le risque de tenir son électricité pour acquise.
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Dans une lettre obtenue par Le Journal, la société d’État prévient l’un d’entre eux que bien qu’elle dispose toujours d’un « volume d’électricité significatif », la réception d’une « quantité exceptionnelle de projets » la force à revoir ses façons de faire, même à choisir les projets qu’elle pourra approvisionner dans l’avenir.
« Il importe, peut-on lire, que vous fassiez preuve d’une saine prudence dans la mise en œuvre de vos projets tant que ceux-ci ne feront pas l’objet d’une acceptation claire de la part d’Hydro-Québec. »
Cette lettre est signée par Josée Nadeau, directrice principale Expérience client, ventes et fidélisation de la société d’État.
Questionnée à ce propos, Hydro-Québec confirme avoir acheminé une telle lettre à « une trentaine » de responsables de projets en tout genre – au pays et à l’étranger – dans les derniers jours.
Message aux grands
Hydro-Québec refuse cependant d’identifier ceux qui ont reçu un tel avertissement. Elle se limite à dire que ces derniers ont pour caractéristique commune de présenter des projets nécessitant un approvisionnement de taille, soit de plus de 50 mégawatts (MW) de puissance.
Parmi eux, toutefois, figureraient des projets majeurs liés par exemple à la construction de centres de données ou à la production d’hydrogène. Des projets miniers ou de transformation pourraient également en faire partie.
Transition verte en cause
« La transition énergétique, l’intérêt soudain des entreprises pour l’énergie verte ont fait exploser la demande, justifie Maxence Huard-Lefebvre, directeur des communications de la société d’État. Et les projets d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux que nous recevions auparavant. Leurs besoins en énergie sont tout autres. »
Résultat : dans son « pipeline » des prochaines années, Hydro compterait des projets totalisant « plus de 10 000 MW de puissance ».
Or, une telle puissance représente ni plus ni moins que 25 % de la capacité totale d’Hydro-Québec (40 000 MW) dans la province.
« C’est trop, tranche le porte-parole d’Hydro-Québec. Même si on le voulait, il serait impossible d’alimenter tous ces projets ». Par exemple, la puissance installée de la plus grande centrale du Québec, la centrale Robert-Bourassa (autrefois La Grande 2 ou LG2) plafonne à 5 600 MW.
Choix difficiles
En réaction, la société d’État révèle s’appliquer avec Québec, depuis quelques mois, à développer des lignes directrices qui lui permettront de déterminer, parmi les projets reçus, ceux qui pourront être autorisés.
La formule finale n’a pas encore été adoptée. Hydro prévient les promoteurs que « certains délais de traitement [...] pourraient être plus longs ».
Mais, à coup sûr, des choix difficiles s’imposeront. Le Québec ne peut plus se permettre de continuer de fonctionner comme avant, selon une logique de « premier arrivé, premier servi », explique son porte-parole.
Un raz-de-marée de demandes
- Total des projets industriels reçus par Hydro-Québec : Plus de 10 000 MW de puissance
- Total de la capacité installée d’Hydro-Québec : 37 231 MW de puissance
Source : Hydro-Québec