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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Pour le personnel médical à Gaza, l'horreur de découvrir des proches parmi les morts

AFP
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Agence France Presse

2023-10-27T19:39:59Z
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Aux urgences de l'hôpital Nasser dans la bande de Gaza bombardée par Israël, le médecin Mahmoud al-Astal prodiguait les premiers soins à des blessés d'une frappe quand un collègue lui a appris que celle-ci avait tué sa soeur et toute sa famille.

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«J'ai tout de suite accouru à la morgue pour voir. Leurs corps étaient tellement déchiquetés que je n'ai pas pu les reconnaître», raconte à l'AFP M. Astal, 34 ans, médecin urgentiste dans le principal complexe hospitalier de Khan Younès, dans le sud de bande de Gaza.

Selon lui, la frappe meurtrière a eu lieu au troisième jour des bombardement israéliens déclenchés le 7 octobre en représailles à une attaque d'une ampleur sans précédent du Hamas, au pouvoir à Gaza, sur le sol israélien.

Elle a endommagé plusieurs maisons et complètement rasé celle de sa soeur, Sadafah al-Astal, 40 ans, qui a péri avec son mari Hussein, 40 ans, leurs deux filles Fadwa, 13 ans et Azar, 6 ans, et deux fils, Ahmad, 12 ans, et Souleimane, 8 ans.

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«Depuis le martyre de ma soeur et sa famille, je fais des cauchemars. Je n'arrête pas d'imaginer que mes propres enfants vont arriver déchiquetés en lambeaux à l'hôpital», confie le médecin. «Mes enfants rêvent de voyager un jour mais maintenant je ne sais même pas s'ils vont sortir vivant de cette guerre.»

Malgré la terrible épreuve qu'il a vécue, il dit «ne pas avoir d'autre choix que de continuer à travailler pour sauver des vies».

«L'odeur de la mort»

Vêtu d'un gilet rouge, il examine dans la salle d'urgence une fillette en pleurs saignant de la tête, assise sur le bord d'un lit. «N'aie pas peur», lui dit-il pour la rassurer.

Walaa Abou Moustafa, 33 ans, est elle aussi médecin aux urgences dans le même hôpital.

Elle affirme avoir découvert avec effroi que sa tante, Samira Abou Moustafa, son mari, Tawfiq, 40 ans et leurs fils de 15 ans, Sharif, faisaient partie de «dizaines» de victimes d'une frappe arrivées vendredi à l'aube à l'hôpital.

Sa tante et son fils étaient déjà morts en arrivant à l'hôpital alors que le mari a succombé peu après, explique-t-elle. «Le corps déchiqueté de mon cousin Sharif est arrivé enveloppé dans un drap», raconte-elle.

«Ma tante était comme une mère pour moi. Ma mère l'aimait beaucoup. Je suis encore sous le choc», soupire Mme Abou Moustafa. «Je suis très touchée mais je vais continuer à travailler car c'est mon devoir et nous n'avons pas assez de médecins.»

Son collègue, le pneumologue Raed Al-Astal, se trouvait à l'hôpital lundi quand il a reçu un appel paniqué de sa femme lui annonçant qu'une frappe avait visé un immeuble en face de chez eux.

«Ma tante, son mari et leur filles ainsi que la femme de mon cousin ont été tués», dit le médecin, affirmant s'être précipité au service des urgences où les corps ont été transportés.

«L'odeur de la mort est partout, dans chaque quartier, chaque rue et chaque maison», s'exaspère-t-il.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, les frappes israéliennes ont tué plus de 7 300 Palestiniens, en immense majorité des civils parmi lesquels plus de 3 000 enfants.

Elles ont été engagées en représailles aux attaques du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, inédites par leur violence et leur ampleur. Plus de 1 400 personnes, dont une grande majorité de civils, ont été tués dans ces attaques, selon Israël.

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