Possible nouveau variant «Deltacron»: faut-il s’en inquiéter?
Andrea Lubeck
Les réseaux sociaux se sont enflammés le week-end dernier, après la découverte possible d’un nouveau variant, «Deltacron», qui serait le résultat d’une fusion entre les variants Delta et Omicron. Faut-il s’en inquiéter? «Non», répond un expert. On vous explique.
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C’est un laboratoire de Chypre qui aurait identifié la potentielle nouvelle incarnation du virus de la COVID-19. Une vingtaine de cas présenteraient cette mutation.
«Il y a actuellement des personnes à la fois infectées par Omicron et Delta, et nous avons découvert une souche qui combine les deux», a affirmé vendredi le virologue chypriote Leondios Kostrikis à une chaîne de télévision locale.
Les médias se sont ensuite emparés de cette annonce et du nom qu’ont donné les scientifiques à ce possible nouveau variant, «Deltacron». Malgré les sonnettes d'alarme tirées dans les médias, il n'y a pas lieu, pour le moment, de s'inquiéter, dit le Dr Donald Vinh, microbiologiste-infectiologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
«Il faut croire au processus scientifique»
«Il y a beaucoup de variants qui sont censés avoir été identifiés récemment, soutient le Dr Vinh. La réalité, c’est qu’on a un processus scientifique [à suivre] et qu’il faut croire en ce processus scientifique.»
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Lorsqu’un laboratoire signale qu'il a détecté un possible nouveau variant, la procédure prévoit que le reste de la communauté scientifique confirmera ensuite ce qui a été identifié par le biais, notamment, d’enquêtes épidémiologiques et biologiques, explique-t-il.
«C’est maintenant à la communauté scientifique de jouer son rôle et de travailler à déterminer son importance pour savoir ce qu’il en est réellement», poursuit-il.
Mieux vaut attendre, donc, les résultats des études et une éventuelle classification du variant par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avant de s’adonner à la panique.
De fausses alertes
Le Dr Donald Vinh donne pour exemple le variant Mu, qui avait suscité l’inquiétude, mais qui, finalement, n’a pas eu l’effet dévastateur appréhendé. D’abord répertorié en janvier 2021, il n’a jamais ensuite dépassé le stade de «variant à suivre» dans les divers tableaux de suivi des variants du SARS-CoV-2 de l’OMS.
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«On a des variants qui sont venus, qui étaient confirmés et qui se sont avérés peu impressionnants. Tout ça pour dire que ça arrive, des laboratoires qui identifient des variants, c’est leur rôle d’effectuer une surveillance», tempère le microbiologiste-infectiologue.
Une erreur de laboratoire?
Malgré les appels à la prudence, les spéculations ont fusé au cours des derniers jours.
La chercheuse Maria Van Kerkhove, qui dirige la lutte contre la COVID-19 à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a d’ailleurs avancé, sur Twitter, que Deltacron «vient sûrement d’une contamination lors du séquençage».
Jumping in late here: Let’s not use words like deltacron, flurona or flurone. Please 🙏
— Maria Van Kerkhove (@mvankerkhove) January 10, 2022
These words imply combination of viruses/variants & this is not happening. “Deltacron” is likely contamination during sequencing, #SARSCoV2 continues to evolve & see flu co-infection🧵below. https://t.co/rNuoLwgCzN
Elle déplore que l’emballement médiatique autour de la possible découverte ne tienne pas compte du fait que les cas de doubles infections sont connus depuis le début de la pandémie.
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«Il ne faut pas utiliser des mots comme "Deltacron" ou "Flurona"», a déclaré Mme Kerkhove, car ils «laissent croire à une combinaison entre variants ou virus, ce qui n’est simplement pas le cas.»
— Avec l’AFP