Des Ukrainiens et des Russes utilisent Pornhub pour combattre la désinformation de Poutine
Jean-Michel Clermont-Goulet
Tous les moyens sont bons pour combattre la désinformation du président russe Vladimir Poutine... même publier des vidéos (tout habillé) sur le site pornographique Pornhub.
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Si Kate avait l'habitude d'utiliser Pornhub pour publier des vidéos de nature pornographique avec son copain, tout a changé lorsqu’elle a entendu pour la première fois les sirènes annonçant une attaque aérienne.
«Je n'avais jamais entendu une [sirène de raid aérien] auparavant et je n'avais jamais été dans un abri anti-bombes, confie-t-elle à Vice. Avec cette vidéo, je veux dire que même aujourd’hui, personne n’est à l’abri de la guerre.»
Dans la vidéo en question, on y aperçoit Kyïv plongée dans l'obscurité, avec, comme bruit de fond, une sirène de raid aérien.
«Je pense que le plus de gens possible devraient être au courant [de la situation en Ukraine], dit Kate. Les événements en Ukraine touchent le monde entier, notre pays est tout ce qui sépare l’Europe de la plus grande organisation terroriste.»
Kate n'est pas la seule créatrice de contenu à utiliser Pornhub à des fins de guerre.
Un couple, connu sous le pseudonyme Bisexcouple Family, a publié un vidéo qui n'est pas tendre à l’endroit du gouvernement Poutine.
«Aux yeux du monde entier, notre pays [la Russie] apparaît aujourd’hui comme un agresseur [...]. La seule chose que nous pouvons faire maintenant, c’est de ne pas nous taire et d’exprimer notre opinion», disent-ils en russe.
Pornhub toujours accessible
Contrairement à Twitter, à Facebook, à Instagram et à TikTok, qui ne sont plus accessibles en Russie, Pornhub serait toujours disponible. La plateforme est donc l’un des derniers endroits ou la population russe peut encore s’exprimer sur la guerre.
Pour tenter de contrôler l'information diffusée en Russie, le Kremlin a en effet approuvé la semaine dernière une série de nouvelles mesures qui prévoient de lourdes peines de prison pour toute diffusion d’«informations mensongères sur l’armée».
Toute personne qui manifeste son mécontentement face à la guerre ou à Vladimir Poutine pourrait notamment être condamnée à une peine maximale de 10 à 15 ans de prison et à payer une amende entre 700 000 et 1,5 million de roubles (8400 à 18 000 dollars canadiens). D’autres sanctions prévoient des amendes de trois à cinq millions de roubles (36 000 à 60 000 dollars canadiens).
Dans une entrevue à un média locale, la présidente du Conseil de la Fédération, Valentina Matviyenko, a soutenu que les Russes et leurs militaires sont inondés de «mensonges monstrueux» et que son gouvernement était obligé de «protéger l’honneur des soldats qui luttent héroïquement contre les néonazis et l’honneur».
- Avec les informations de Vice