Poilievre à l’épreuve: quand les slogans ne suffisent plus

Il y a quelques semaines, Justin Trudeau était un homme fini. Son caucus murmurait son départ, son gouvernement tanguait dangereusement, et Pierre Poilievre marchait droit vers le pouvoir. Une victoire sur un plateau d’argent, presque sans effort.

Puis, catastrophe

Poilievre, qui s’était jusque-là contenté de réciter ses mantras – «Axe the tax», «Gros bon sens» –, se retrouve soudainement face à un nouvel adversaire qui ne cadre pas avec son script. Et pas n’importe lequel. Mark Carney. Ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre.

Carney promet de mettre fin aux dérives budgétaires, d’abolir la taxe carbone, de restaurer la confiance économique – tout le programme de Poilievre, mais dans la bouche de quelqu’un qui n’a pas besoin de prouver sa compétence et sa crédibilité.

Mais ce n’est rien en comparaison de ce qui suit: les tarifs de Trump.

L’économie menace de vaciller, le pays doit manœuvrer prudemment pour éviter le chaos. C’est le moment rêvé pour Poilievre de montrer qu’il peut se hisser au-dessus des slogans, offrir une vision, prouver qu’il sait faire autre chose que marteler que «tout va mal».

Mais non

La transformation tant attendue n’a pas eu lieu. Il a essayé, mais c’est loin d’être convaincant. Prisonnier de son personnage, incapable de se métamorphoser en homme d’État du jour au lendemain, il reste figé dans son rôle de détracteur en chef, incapable de passer du mode «le Canada est brisé» à «le Canada est fiable».

Et soyons honnêtes: ce n’est pas exactement le moment de s’acharner sur un gouvernement qui tente – tant bien que mal – de contenir la tempête. Même une partie de la population, pourtant peu tendre envers Trudeau, comprend l’enjeu et soutient la prudence.

Alors, que fait Poilievre? Il exige que le Parlement soit rappelé... pour faire tomber le gouvernement. Parce que, bien sûr, quoi de mieux pour répondre aux turbulences économiques qu’un bon vieux plongeon dans l’incertitude politique.