Plusieurs cas de COVID-19 après un concert au MTelus: les salles de spectacles propices à la transmission?
Jean-Michel Clermont-Goulet
Alors que les cas de COVID-19 sont à la hausse partout au Québec, plusieurs spectateurs qui ont assisté à un concert au MTelus à Montréal le week-end dernier ont reçu un résultat positif à un test de dépistage au cours des derniers jours. Une question s’impose: les salles de spectacles sont-elles des lieux propices à la propagation du virus?
• À lire aussi: Voici tout ce que vous devez faire (et savoir) si vous avez un test positif à la COVID-19
• À lire aussi: Plus de 2000 nouveaux cas au Québec: trop tôt pour enlever le masque?
• À lire aussi: Le premier ministre François Legault atteint de la COVID-19
Avec une quinzaine d’amis venus de la Gaspésie, Charlotte a assisté le 18 mars dernier au concert du groupe australien Parcels. Face à une foule compacte devant la scène, la jeune femme de 28 ans s’est dit qu’il y avait de bonnes chances qu’elle attrape le virus ce soir-là. Elle a quand même décidé de se frayer un chemin parmi les spectateurs... sans masque. Trois jours plus tard: elle recevait un résultat positif à un test de dépistage à la COVID-19.
«La majorité du monde n’avait pas de masque, mais on ne s’est pas fait avertir une seule fois par la sécurité sur place. C’est comme si c’était toléré ou mal supervisé», souligne l'étudiante.
«Je ne suis pas mise en tête “hey, je vais sûrement attraper la COVID ce soir”. J’étais plutôt en mode “enfin, un semblant de vie comme dans le bon vieux temps”», confie pour sa part Charlie, qui a lui aussi assisté au concert avec des amis. Comme Charlotte, il a été déclaré positif à la COVID-19 quelques jours plus tard.
Sylvia* et sept de ses amis ont eux aussi profité de la soirée pour chanter et danser sans masque, au milieu de la foule entassée comme des sardines. Mardi dernier, elle était déclarée positive, après avoir souffert de fièvre.
Reportera-t-elle un masque à un prochain évènement du genre? «C’est une bonne question. Je ne sais pas. À un moment donné, j’ai hâte de recommencer à vivre», répond-elle en riant.
Charlotte, Charlie et Sylvia ne sont pas les seuls à avoir attrapé le virus: le groupe Parcels a annoncé en début de semaine le report du reste de sa tournée, puisque deux de ses musiciens ont contracté la COVID-19. Difficile de savoir si le groupe avait la COVID-19 au moment de se produire devant leurs fans montréalais.
Devrait-on resserrer les mesures?
Alors que plusieurs Québécois avaient l'impression que la pandémie était derrière eux, ces cas sont la preuve que le virus circule toujours.
Pour éviter que des spectacles soient à l'origine de telles éclosions, il faut resserrer les règles, croit le Dr Donald Vinh, infectiologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Selon lui, il faudrait, par exemple, limiter le nombre de spectateurs et imposer la distanciation physique, en plus de s'assurer d’avoir une ventilation adéquate.
Mais peu importe les mesures en place, ces évènements comporteront toujours des risques de transmission, souligne-t-il.
«Si on se dit que le but est d’empêcher la transmission [du virus], il devrait y avoir une prohibition de ces activités. Si on veut permettre des activités sociales “normales”, on doit le faire de façon sécuritaire.»
Quelles règles sanitaires doit-on respecter lors d’un spectacle?
À l'heure actuelle, le port du masque est toujours obligatoire dans les lieux publics, y compris les salles de spectacles.
Dans une salle de spectacle, dans un aréna, au Centre Bell ou encore au cinéma, le port du masque est en effet obligatoire pour les spectateurs de 10 ans et plus.
Le masque peut être retiré à des «moments précis» et sous certaines conditions, notamment pour boire ou manger durant le spectacle. Le masque doit être remis lorsqu'on ne consomme rien.
*Il s'agit d'un prénom fictif, la personne ne souhaitant pas être reconnue