Québec 2022: plus de femmes candidates grâce à QS et à la CAQ
Il n’y a jamais eu autant de femmes candidates à des élections provinciales
Annabelle Blais et Marie Christine Trottier
Il n’y a jamais eu autant de femmes candidates à des élections provinciales... surtout grâce à QS et la CAQ qui tirent le groupe vers le haut.
À la veille du déclenchement des élections, tous les partis sont dans la zone paritaire, sauf le Parti conservateur du Québec pour qui ce n’était pas un objectif. Avec une parité à moins de 38 %, l’équipe d’Éric Duhaime nuit au bilan. Si on compare la parité de 2018 et de 2022 pour les quatre autres principaux partis, le pourcentage de candidates féminines s’est amélioré en passant de 47 % à 49 %.
Mais en incluant les conservateurs dans le calcul, la représentation des candidates demeure à 47 %.
Le PLQ (45 %) et le PQ (42 %) sont pour le moment dans la zone paritaire (voir la Radiographie des candidats).
Les bonnes performances sont surtout attribuables à QS et à la CAQ, qui comptent même plus de femmes que d’hommes avec 68 femmes pour 55 hommes dans les deux formations politiques.
QS, qui présente à chaque élection au moins autant de femmes que d’hommes, a toujours incarné cette valeur. Pour la CAQ, le virage s’est opéré en 2018. En 2014, le chef François Legault ne s’était pas engagé à nommer un gouvernement paritaire et déclarait que la compétence devait primer dans le choix des candidats. Ce discours est aujourd’hui tenu par Éric Duhaime.
« Il y a une pression à présenter une équipe paritaire, mais est-ce que c’est acquis ? Non », croit Mireille Lalancette, professeure en communication politique à L’UQTR.
« Changement majeur »
« C’est un changement majeur. C’était la première fois en 2018 qu’il y avait des efforts réels pour atteindre la parité, explique le politologue Éric Montigny. Et maintenant, il y a des renversements (pour la CAQ et QS), car ce sont les hommes qui se retrouvent dans la zone paritaire. »
Les élections à date fixe semblent favoriser ce changement. M. Montigny cite le mémoire de Martine Biron qui, avant de devenir candidate pour la CAQ, a fait une maîtrise en sciences politiques sous la direction de Thierry Giasson. « Elle concluait que les élections à date fixe facilitent le recrutement des femmes parce que c’est plus facile de planifier les choses, avec la famille et leur profession. »
![La candidate caquiste dans Chutes-de-la-Chaudière, Martine Biron](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F9477c870-18c7-11ed-9273-fde6ad209cfc_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Parité au salon bleu
La présence de nombreuses femmes dans l’équipe de candidats est une première étape dans l’objectif d’atteindre la parité à l’Assemblée nationale.
Ainsi en 2018, un premier Parlement en zone paritaire avait été élu de peu (42 %) et cette présence s’en était ressentie au Salon bleu. « Quand les femmes ne sont pas suffisamment présentes dans les parlements [...], les réalités des femmes ne sont pas prises en considération ou sont moins bien comprises, souligne le politologue Thierry Giasson. Depuis 2018, il y a des choses qu’on a dites sur les réalités des femmes dans ce Parlement qui n’avait jamais été dites. »
![La députée solidaire Christine Labrie](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F06e0d6d0-1147-11ea-a74c-d5cdbd39e55e_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Il cite la création d’un tribunal spécial sur les agressions sexuelles et les violences conjugales. « Ce sont vraiment les femmes qui ont poussé cet enjeu », dit M. Giasson. Il mentionne aussi le cas de la députée solidaire Christine Labrie, qui s’est levée en chambre pour dénoncer les commentaires haineux et les insultes sexistes qu’elle et ses collègues féminines recevaient sur les médias sociaux.
« On n’a jamais parlé de ça. Et c’est une réalité que les femmes en politique vivent depuis toujours. Y’a un mépris et une misogynie systémique dans notre société encore aujourd’hui », insiste le professeur.
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