Guerre en Ukraine: plus de 1200 corps découverts près de Kyïv
AFP
Plus de 1200 corps ont été découverts jusqu'à présent dans la région de la capitale de l'Ukraine Kyïv, en partie occupée pendant plusieurs semaines par les forces russes, a annoncé dimanche la procureure générale du pays Iryna Venediktova sur la chaîne britannique Sky News.
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«À ce jour, nous avons 1222 personnes tuées seulement pour la région de Kyïv», a déclaré Iryna Venediktova.
Elle n’a pas précisé dimanche si les corps découverts étaient exclusivement ceux de civils, mais a également fait état de 5600 enquêtes ouvertes pour crimes de guerre présumés depuis le début de l’invasion russe le 24 février.
Dans la seule ville de Boutcha, au nord-ouest de Kiev, devenue un symbole des atrocités de la guerre en Ukraine, près de 300 personnes ont été enterrées dans des fosses communes, selon un bilan annoncé par les autorités ukrainiennes le 2 avril.
«Si ceci n’est pas un crime de guerre, qu’est-ce qu’un crime de guerre?» s’était interrogée vendredi à Boutcha la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, venue témoigner du soutien de l’UE à l’Ukraine.
«Boutcha ne s’est pas fait en un jour. Pendant de nombreuses années, les élites politiques et la propagande russes ont incité à la haine, déshumanisé les Ukrainiens, nourri la supériorité russe et préparé le terrain pour ces atrocités», a écrit le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba sur Twitter.
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Batailles dans l'est
L'annonce survient alors que les bombardements continuent sur le pays, qui se prépare à subir une offensive massive dans l'est, fui par ses habitants. Les Ukrainiens toujours sur place se préparaient dimanche à livrer une «grande bataille» pour le contrôle de la région du Donbass, désormais cible prioritaire de Moscou.
«L’Ukraine est prête pour les grandes batailles», a assuré samedi soir le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, alors que Kyïv venait de recevoir la visite du premier ministre britannique Boris Johnson, et la promesse de nouvelles livraisons d’armes, notamment des véhicules blindés et des missiles antinavires.
Après avoir retiré ses troupes de la région de Kyïv et du nord de l’Ukraine, la Russie a fait sa priorité de la conquête totale du Donbass, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses.
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Les frappes se poursuivent ailleurs au pays
Dans l’immédiat, les frappes aériennes et les bombardements ont continué sur l’Ukraine: dimanche matin, ils ont fait au moins deux morts à Kharkiv, deuxième ville du pays, et dans sa banlieue, a annoncé le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.
A Dnipro, grande cité industrielle d’un million d’habitants, une pluie de missiles a anéanti l’aéroport local, déja frappé le 15 mars, ont annoncé les autorités locales. Le nombre de victimes est encore inconnu.
À Bouzova, également près de Kyïv, deux corps habillés en civil ont été découverts dans une bouche d’égout, a constaté l’AFP. Une femme s’est approchée de la scène, a regardé à l’intérieur avant de s’effondrer, ayant reconnu le corps aux chaussures: «Mon fils, mon fils», a-t-elle crié.
Dans la nuit, c’est sur la région de Mykolaïv, à une centaine de kilomètres au nord-est d’Odessa, troisième ville du pays et grand port stratégique sur la mer Noire, que s’étaient abattus sept missiles, selon le commandement militaire local.
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Réunion prévue lundi
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé les Occidentaux à «suivre l’exemple du Royaume-Uni» et à imposer «un embargo total sur les hydrocarbures russes».
Les ministres des Affaires étrangères de l’UE, qui se réunissent lundi à Luxembourg, doivent étudier un sixième paquet de sanctions contre Moscou, qui ne touchera toutefois pas les achats de pétrole et de gaz.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a dit que l’Alliance préparait des plans pour une force militaire permanente à ses frontières pour prévenir toute nouvelle agression de la Russie.
Cette nouvelle force sera, a-t-il ajouté, une «conséquence à long terme» de l’invasion de l’Ukraine ordonnée par le président russe Vladimir Poutine.
Dimanche, le pape François a appelé depuis la place Saint-Pierre à une «trêve de Pâques» pour «arriver à la paix» en Ukraine et mettre fin à «une guerre qui chaque jour met devant nos yeux d’odieux massacres et des cruautés atroces commis contre des civils sans défense».
Comme en réponse, le patriarche de l’Eglise orthodoxe russe Kirill, un des piliers du régime de Vladimir Poutine, a appelé à «faire corps» autour du Kremlin pour combattre les «ennemis extérieurs et intérieurs» de la Russie.
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