Publicité
L'article provient de 24 heures
Environnement

Attendez-vous à voir plus d'inondations en hiver

Agence QMI / Journal de Québec
Partager
Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2022-01-20T10:00:00Z
Partager

Cycles de gel et de dégel accélérés, redoux hivernaux, précipitations sous forme de pluie, crues plus fréquentes: ces phénomènes météorologiques que connaît déjà le Québec prendront de l’ampleur dans les hivers à venir. Et ils risquent d’accentuer un problème de taille: les inondations en plein hiver.

• À lire aussi: La mort lente de notre hiver

• À lire aussi: L’hiver change et ne sera plus jamais comme avant

«C’est une chose d’avoir de l’eau dans son sous-sol, mais c’en est une autre lorsqu’il y a un mètre d’eau qui gèle. C’est pas mal plus pénible qu’au printemps», fait valoir Philippe Gachon, chercheur en hydroclimatologie et professeur au département de géographie de l’UQAM.

Au début du mois de décembre 2020, des municipalités de la Baie-des-Chaleurs, en Gaspésie, ont eu un avant-goût de ce que seront les hivers québécois dans les années à venir. 

Au début du mois de décembre 2020, plusieurs municipalités gaspésiennes, comme Sainte-Anne-des-Monts, ont été isolées en raison de la crue rapide des eaux.
Au début du mois de décembre 2020, plusieurs municipalités gaspésiennes, comme Sainte-Anne-des-Monts, ont été isolées en raison de la crue rapide des eaux.

 
La pluie et les températures clémentes ont élevé le niveau des rivières de la région, dont plusieurs sont sorties de leur lit. Des villages ont été isolés et des maisons évacuées en raison de la crue rapide des eaux.

«Ça a affecté la sécurité des gens. On a été bloqués pendant une trentaine d’heures. Le ministère des Transports avait fermé le chemin d’asphalte pour des raisons de sécurité, parce qu’il traverse la rivière Bonaventure. Du côté de New Carlisle, un ponceau a cédé. [...] Les chalets au bord des rivières ont été inondés, certains ont tout perdu», raconte Mario Poirier, inspecteur municipal et résident de Saint-Elzéar.

«Le niveau de la rivière n’avait jamais été aussi élevé. C’était du jamais-vu, même pas au printemps», poursuit-il. «Avec les changements climatiques, on s’attend à revivre ce qu’on a vécu l’hiver passé.»

Publicité


Des hivers de plus en pus chaotiques: 

Les stations de ski dépendantes à la neige fabriquée

De plus en plus complexe d’entretenir les patinoires

La canal Rideau devra être refroidi pour préserver la patinoire


Pourquoi des inondations?  

À l’horizon 2050, le consortium de climatologie régionale Ouranos anticipe une augmentation des précipitations de 9 à 18% en saison hivernale au centre et dans le sud du Québec. Cependant, en raison du climat adouci, elles tomberont surtout sous forme de pluie.

«Qu’il y ait moins de neige, ce n’est pas très important», souligne Philippe Gachon, qui dirige aussi le Réseau Inondations intersectoriel du Québec (RIISQ). «C’est le fait qu’elle disparaisse rapidement, qui est problématique. C‘est ce qui va engendrer des inondations», dit-il. 

Bref, le fait que la neige fonde plus vite augmente les risques d’inondations.

D'importantes quantités de pluie concentrées dans une brève période se sont aussi abattues sur la municipalité gaspésienne de New Richmond en décembre 2020. 

En décembre 2020, de grandes quantités de pluies tombées sur la municipalité gaspésienne de New Richmond ont causé d'importantes inondations.
En décembre 2020, de grandes quantités de pluies tombées sur la municipalité gaspésienne de New Richmond ont causé d'importantes inondations.


«Nous l’avions aussi vécu en décembre 2010. On a eu beaucoup de pluie pendant 24 à 48 heures. Il y avait un faible couvert de neige, mais on était en conditions hivernales. Les sols étaient gelés», témoigne le directeur général de la Ville, Stéphane Cyr.

Il faut savoir que la capacité de rétention d’un sol gelé est presque nulle, tout comme celle de la masse de neige devenue un bloc glace à cause de la pluie.

«Ça forme une croûte imperméable. Dès qu’on a des précipitations de pluie, l’eau ruisselle en direction des cours d’eau et ça déborde», précise le professeur Gachon.

Publicité

Prévoir pour sécuriser  

Une chose est certaine, selon M. Gachon: les désastres d’origine hydrométéorologique vont augmenter dans le futur.

Déjà, les villes riveraines de la province sont aux aguets. Elles savent que des événements comme ceux de décembre 2020 seront plus fréquents à mesure que les hivers se réchaufferont.

À Saint-Elzéar, par exemple, «les ponceaux ont été grossis pour améliorer leur résistance aux crues», fait valoir Mario Poirier.

Puis à New Richmond, «des vestiges industriels ont été retirés dans une zone aquatique, qui obstruaient l’écoulement des eaux», illustre Stéphane Cyr.

Les infrastructures publiques peuvent être sécurisées à court terme, «mais c’est une autre paire de manches pour la réhabilitation des bâtiments des citoyens et des commerçants,», signale le directeur général.

«Le lendemain d’une inondation, il peut faire -25. Ça gèle et il n’y a plus d’électricité», rappelle M. Cyr. «Les citoyens sont plus sensibilisés. Ça éveille les consciences à propos des changements climatiques, mais les éléments de la nature sont quand même difficiles à combattre.»

Publicité
Publicité