Microsoft: plonger des serveurs dans un liquide pour mieux les refroidir?
André Boily
À cause du coût élevé de ce liquide, vous ne verrez pas cette solution de refroidissement liquide apparaître de sitôt pour vos ordinateurs personnels, mais pour les serveurs des centres de données refroidis à l’air tournant à plein régime 90 % du temps, c’est une bénédiction !
La clé de cette technique de refroidissement est le liquide diélectrique qui, comme vous pouvez l’imaginer, ne conduit aucunement l’électricité et ne provoque aucun court-circuit.
Parlant d’énergie électrique, il en faut de très grandes quantités pour refroidir à l’aide de ventilateurs les milliers de serveurs des centres de données, pour les climatiseurs, pour la circulation d’air forcée, etc. Toute cette énergie pour extraire la chaleur des systèmes est une pure perte. La facture électrique d’un centre de données où sont traitées vos pages Facebook équivaut à celle d’une ville de milliers de maisons.
Cela fait au moins six années que des entreprises s’intéressent à cette technologie. Fujitsu avait conçu un prototype dès 2016 qui n’a pas eu de suite.
Des serveurs Microsoft qui baignent !
À l’aide de la société 3M qui produit le fameux liquide diélectrique, Microsoft a plongé en rangs serrés ses bâtis de serveurs dans un bassin, dans ses installations de Redmond où la société y a son siège social.
En plus de ne pas conduire le courant électrique, le liquide diélectrique est en fait un isolant efficace qui, grâce à la recette de 3M, a abaissé le point d’ébullition à seulement 50 °C, contrairement à l’eau qui bout à 100 °C.
Cette ébullition produite par la chaleur des processeurs informatiques dans le liquide permet d’extraire les calories beaucoup plus rapidement qu’un autre liquide dont le point d’ébullition est à 100 °C.
Qui plus est, l’environnement des serveurs, sans systèmes de ventilation, devient très silencieux. De plus, le gain d’espace est important puisqu’on peut réduire au strict minimum l’espace entre les serveurs débarrassés de leur ventilation.
Malgré l’investissement de départ plus important, cette technique permet de rentabiliser des infrastructures infonuagiques (cloud) dans des régions où il fait chaud avec des coûts de l’électricité élevés.
Cette technique de refroidissement liquide viendrait concurrencer un autre projet de Microsoft, Natick, où l’on plonge dans la mer d’immenses cylindres habritant des serveurs.
Si cette technologie diélectrique se développe rapidement avec des coûts inférieurs, elle pourra s’étendre à d’autres régions plus au nord, comme chez nous.