Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Val Kilmer, vous et moi

Photo d'ARCHIVES
Partager
Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

4 avril à 15h30
Partager

Je ne suis pas souvent affecté par la mort des «vedettes».

Je pleure lorsqu’un proche trépasse ou quand nous quitte un homme que j’ai admiré. Je pense ici pêle-mêle à Jacques Parizeau, Karl Tremblay ou Milan Kundera.

Mais sinon, je n’ai pas les larmes faciles.

Pourtant, j’ai été plus secoué que je ne l’aurais cru par la mort, cette semaine, de Val Kilmer.

1990

C’était, comme on dit, une star des années 1990.

Son décollage fut exceptionnel, puis sa carrière s’est épuisée – il arrive qu’un homme manque un tournant décisif de son existence.

J’avoue avoir été ému lors de ses retrouvailles à l’écran avec Tom Cruise, dans la suite de Top Gun.

J’y ai vu le temps qui passe et nous use.

Et ceux qui étaient jeunes dans les années 1990 ont compris alors qu’ils ne l’étaient plus.

J’ai 44 ans, au mieux, c’est encore jeune, mais plus vraiment.

C’est, pour peu qu’on ne soit pas trop malchanceux, le mitan de l’existence, quand on comprend qu’on est pour de bon engagé dans sa vie, que les décisions fondamentales ont été prises, que surgissent aussi, peut-être, les premiers vrais regrets.

Même sans avoir l’esprit mélancolique, on constate alors qu’on ne sera jamais dans la vie qu’une partie de ce qu’on aurait pu être, que des possibles en nous demeureront à jamais inaboutis.

Et quand une figure publique disparaît avant le temps, on se dit que sa mort annonce la nôtre, demain, ou après-demain.

Mélancolie

Elle nous rappelle qu’au fil de notre vie, des amis, comme des membres de notre famille, seront emportés par la faucheuse.

Chaque fois, on s’en remet, mais chaque fois, nous avons une cicatrice à l’âme de plus.

L’existence paraît alors pour ce qu’elle est vraiment: douce-amère, et pourtant lumineuse, car il n’a pas plus grand privilège que de traverser cette vie en aimant et en étant aimé.

Publicité
Publicité