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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Guerre en Ukraine: «On est devant l’enjeu de sécurité le plus grave en Europe depuis 1945», selon un expert

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Agence QMI

2022-02-24T20:19:21Z
2022-02-24T20:34:45Z
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En attaquant l’Ukraine, Vladimir Poutine veut «marquer l’Histoire» et «passer pour le Tsar des temps modernes», estime Charles-Philippe David, professeur au département de science politique de l’UQAM et fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’UQAM. 

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«Même les Ukrainiens ne s’attendaient pas à ce que Vladimir Poutine décide d’une invasion pleine et entière de leurs pays. Je pense qu’ils conservaient l’espoir qu’il se limiterait à la fameuse province du Donbass qui, entre autres, incorpore les républiques autoproclamées de Russie que Poutine et la Douma – le parlement russe – ont décidé d’annexer», a indiqué Charles-Philippe David en entrevue à LCN, jeudi.

Le professeur de l’UQAM croit fermement que Vladimir Poutine ne veut pas s’attaquer à l’Europe, mais veut «prendre toute l’Ukraine».

«Pour lui, l’Ukraine c’est presque un virus qu’il faut éradiquer. [....] Si tout ce que Vladimir Poutine a dit il y a deux jours [dans son discours], il le pense, c’est effroyable», a lancé M. David, qui rappelle que Poutine a parlé de «dénazifier l’Ukraine».

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«À ces yeux, l’Ukraine est un pays menaçant et infiltré par les États-Unis, par l’OTAN. Un pays qui sort du giron de la Russie et donc c’est un pays qu’il doit reconquérir.»

Selon lui, Vladimir Poutine veut «recréer l’URSS» et «l’influence russe», et ce même s’il doit sacrifier l’économie de son pays pour arriver à ses fins. «Lui veut marquer l’Histoire, frapper un grand coup [...] passer pour le Tsar des temps modernes, celui qui a refait la carte géopolitique.»

L’expert en science politique rappelle que tous les voisins de l’Ukraine sont membres de l’OTAN et que si l’un d’eux est attaqué, tous les autres ont l’obligation d’aller les défendre.

«Si Poutine s’en prenait à un seul [de ces] pays... je suis sans mot», s’est ému M. David sans pouvoir terminer sa phrase.

Une stratégie militaire en trois phases  

Pour M. David, les frappes de la Russie qui ont commencé tôt jeudi matin sont la première phase de la stratégie militaire de la Russie, dont l’objectif est d’abord de détruire les infrastructures de communications et de transport ukrainiens pour «affaiblir et paralyser» le pays.

Il estime par ailleurs que cette première phase ne va pas durer longtemps «parce que l’Ukraine ne dispose pas d’incroyables moyens de défense». Dans un deuxième temps, il pense que des bombardements «encore plus sérieux» auront lieu sur les chefs-lieux politiques du pays. Il craint qu’une troisième phase soit une offensive terrestre et une occupation de l’Ukraine.

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«Et quand je dis ça, je me pince, parce que ce n’est pas possible qu’en 2022 on parle d’un grand pays comme la Russie qui va aller occuper un pays comme l’Ukraine qui est en plein cœur de l’Europe», a ajouté M. David.

La réaction de la Chine attendue  

L’expert de l’UQAM croit que «ce qui impressionnerait» M. Poutine serait «une réaction militaire de l’Occident sur le sol ukrainien», mais un affrontement entre les membres de l’OTAN et la Russie est pour l’instant exclue.

«On est devant l’enjeu de sécurité le plus grave en Europe depuis 1945», a-t-il affirmé.

AFP
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Il estime que les sanctions économiques imposées par plusieurs pays n’auront aucun impact si la Chine décide d’appuyer Vladimir Poutine et de l’aider financièrement.

«Il y a un joueur qui est déterminant dans le succès de ces sanctions, et c’est la Chine [...]. Si la Chine aide la Russie à trouver une porte de sortie, nos sanctions n’auront aucun effet. À l’inverse, si la Chine n’aide pas, Poutine verrait qu’il est complètement isolé», a expliqué M. David qui croit qu’«un accord a déjà été fait entre les deux».

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