Autre explosion des GES du Québec
Le gouvernement estime que le défi sera « colossal » pour atteindre ses objectifs de réduction
Nicolas Lachance
Au lieu de s’améliorer, le bilan d’émissions de gaz à effet de serre s’est beaucoup alourdi au Québec en 2019, ce qui bouleverse et complique le plan de réduction
du gouvernement.
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Le Québec s’éloigne encore de son objectif de réduction d’émissions de GES d’ici 2030.
Avec plus de 84 mégatonnes d’émissions en 2019, il s’agit même d’une importante hausse de 1,5 % par rapport à l’année précédente.
Des émissions semblables à celles de 1994, 2001 et 2011.
« Ce n’est pas une bonne nouvelle », a affirmé le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette. « Ça nous fait reculer. C’est là où ça fait mal. »
Rappelons que le gouvernement de la CAQ souhaite atteindre une réduction de 37,5 % de ses émissions de GES d’ici 2030 par rapport à celles de 1990.
Objectif difficile à atteindre
Le ministre admet que l’objectif sera difficile à atteindre, mais compte maintenir le cap.
« Il faut prendre en compte qu’on est à 2,7 % de réduction actuellement », a indiqué le ministre, ridiculisant du même coup les cibles de réduction plus ambitieuses, de 45 à 55 %, des partis d’opposition.
- Écoutez l'entrevue avec Benoit Charette, Ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques sur QUB radio :
Ce dernier misera sur de nouvelles mesures en matière de transport qui seront annoncées l’an prochain et sur le Plan pour une économie verte du gouvernement.
« C’est une marche colossale à franchir d’ici 2030. Je ne vous fais pas de cachettes », a-t-il mentionné. « On part de très, très, très loin. Donc là, ça devient un exercice de crédibilité. »
Avant qu’une baisse significative apparaisse au bilan, il faudra attendre après 2026‐2027, a même indiqué le ministre.
Il y aura sans doute une forte baisse des émissions pour l’année 2020, mais elle sera artificielle en raison de la pandémie, croit-il.
Ciment McInnis
Afin d’expliquer la hausse, le ministre pointe les mauvaises décisions des gouvernements antérieurs, principalement le financement du Parti Québécois (PQ) de la cimenterie de Port-Daniel–Gascons en 2014.
- Écoutez Jean-François Lisée et Thomas Mulcair au micro de Richard Martineau sur QUB radio :
Ciment McInnis est devenu en 2020 le plus grand pollueur du Québec, après plusieurs promesses non tenues.
Le hic, c’est que la cimenterie continuera à émettre « toujours davantage » d’émissions dans les prochaines années.
« On va souhaiter que les nouvelles mesures qui vont s’appliquer puissent les inciter à revoir certains de leurs procédés », espère le ministre.
Selon Benoit Charette, la construction d’un troisième lien à Québec ne nuira pas au bilan des émissions « avant 2030. »
« C’est une infrastructure qui ne sera pas mise en place, au mieux, avant une dizaine d’années, a-t-il dit. Il y a des projets qui contribueront à une augmentation de l’émission de GES. Mais l’important, c’est d’avoir les bonnes mesures pour compenser ces augmentations-là. »
Le député Sylvain Gaudreault du PQ plaide pour que le gouvernement renonce au troisième lien « au lieu de mettre la faute sur le dos des autres ».
– Avec la collaboration d’Annabelle Blais, Bureau d’enquête
Augmentation des émissions
84 mégatonnes d’émissions de GES en 2019 +1,5 % par rapport à 2018
Situation actuelle : -2,7 % des émissions de GES par rapport à celles de 1990
Cible du gouvernement : -37,5 % des émissions de GES d’ici 2030 par rapport à celles de 1990
- Secteurs en augmentation :
• Transport
• Industriel
• Résidentiel
Source : ministère de l’Environnement