Pierre Poilievre en quête d’une nouvelle cassette face à Mark Carney et à Donald Trump
Sa cassette a si bien fonctionné qu’elle est brisée
Anne Caroline Desplanques et Charles Mathieu
Vous pensez que les députés fédéraux rabâchent toujours les mêmes phrases comme des perroquets? Vous avez raison. Ils répètent les mêmes messages pour imprimer leur cassette dans l’esprit des électeurs. Après une analyse de toutes les interventions des parlementaires à la période des questions de la Chambre des communes, notre Bureau d’enquête a mis en évidence les cassettes qu’ils nous jouent en boucle depuis 2021.
Après avoir joué la même cassette pendant des mois, Pierre Poilievre a été contraint d’en changer ces derniers jours pour faire face à deux nouveaux adversaires: Donald Trump et Mark Carney.
«Qui est prêt à mettre le Canada d’abord?» a lancé le chef conservateur lors d’un rassemblement à Ottawa mi-février, devant une mer de partisans, non plus vêtus du bleu conservateur, mais du rouge fleur d’érable.
C’est que sa fameuse cassette, «Le Canada est brisé», ne passe plus maintenant que les menaces de Donald Trump envers notre souveraineté ont réveillé la fibre patriotique de l’électorat.
Pire, il ne fait plus bon partager une cassette avec le président américain. En effet, Donald Trump a répété à tout vent le même message que celui du chef conservateur: «Everything is broken» (Tout est brisé). Les libéraux n’ont pas manqué de le souligner dans leurs publicités.
Pierre Poilievre devait aussi remiser sa cassette sur la taxe carbone, car il a tellement martelé qu’il fallait «une élection sur la taxe carbone» que plus aucun des candidats à la chefferie du Parti libéral ne veut du «prix sur la pollution» de Justin Trudeau.
Le problème c’est que ce changement de disque intervient à un moment où il reste très peu de temps pour imprimer un nouveau message dans l’esprit des électeurs.
Une fois choisi le 9 mars, le nouveau chef libéral, et de facto premier ministre, pourra en effet déclencher une campagne électorale immédiatement et nous amener aux urnes ce printemps.
Le chef conservateur reste donc fidèle à une partie de sa cassette, celle qui l’associe à ses thèmes de prédilection: l’économie et la sécurité. Depuis des mois, il répète: «Couper les taxes. Bâtir des logements. Réparer le budget. Stopper les crimes».
Ce message lui a permis de dominer les sondages avec plus de vingt points jusqu’avant les Fêtes.
Mais au moment où les électeurs cherchent un Capitaine Canada, soit celui qui serait le mieux à même de protéger le pays des assauts de l’administration Trump, la cassette de Pierre Poilievre grésille.
D’après un sondage Nanos produit pour le Globe and Mail début février, 40% des Canadiens estiment que le candidat libéral Mark Carney serait le meilleur pour faire face à Trump, alors que seulement 26% d’entre eux croient que ce serait plutôt le chef conservateur.
Si bien qu’un autre coup de sonde fait au même moment par la firme Léger pour La Presse canadienne place les libéraux dirigés par l’ancien directeur de la Banque du Canada nez à nez avec les conservateurs.