Pierre-François Legendre a bien failli être avocat
Michèle Lemieux
Père de deux adolescents, Pierre-François Legendre voit se profiler les grands questionnements concernant l’avenir et les choix qui les accompagnent. L’acteur, qui sera au théâtre tout l’été dans la pièce Le père Noël est une ordure, a pour sa part fait son cégep tout en étant convaincu qu’il allait poursuivre ses études de droit à l’université. Mais, parce que la vie a parfois d’autres plans en réserve, il a été happé par le théâtre en cinquième secondaire et a fini par s’inscrire au Conservatoire.
• À lire aussi: Ce populaire animateur remplacera Ève Côté à la radio
• À lire aussi: 21 recommandations culturelles pour l’été
Pierre-François, l’été s’annonce des plus agréables, je présume?
Oui! Je viens de terminer ma deuxième année comme morning man à la radio de Rouge FM. J’y serai de retour à la rentrée. C’est tombé sur ma route au moment où les tournages et shows de théâtre avaient été annulés. J’ai reçu un appel, j’ai fait une émission pilote et ça a marché. Ça a cliqué avec les filles (Eve Côté et Marie-Josée Gauvin). C’est dur de se lever à cette heure-là, mais j’essaie de ne pas me plaindre. Je me rappelle que ce n’est pas le seul métier qui exige qu’on se lève à 3h40 du matin. Je n’aurais peut-être pas fait ça il y a 10 ou 15 ans, car mes enfants étaient trop jeunes. Maintenant, je me couche en même temps qu’eux et je dirais même que mon fils de 14 ans se couche souvent après moi. C’est vraiment parfait. Je tourne dans une série qui sera diffusée à l’automne sur Noovo et qui s’appelle Une affaire criminelle. C’est la deuxième saison, mais chaque saison est fermée. Pour ces huit épisodes, j’ai un beau rôle et je retrouve ma partenaire de Québec-Montréal, Julie Le Breton. Nous sommes toujours restés amis, mais nous n’avions pas eu l’occasion de travailler à nouveau ensemble.
Et il y a le théâtre, bien sûr, alors qu’on te verra dans une pièce qui promet de faire des heureux.
Oui, Le père Noël est une ordure. J’ai accepté il y a déjà longtemps. L’horaire s’est rempli entre-temps, mais lorsque les représentations vont commencer, je n’aurai que ça durant l’été. Quand j’arrive en répétition, j’oublie tout le reste. C’est super agréable. Ç’a été un film culte. Nous avons hâte de présenter la pièce, car je pense que les gens seront soufflés! Ils vont en garder un beau souvenir. Nous allons loin dans le dérapage, mais ça reste un dérapage contrôlé. Je joue un personnage qui a ses problèmes. Il est dépressif. Il se retrouve dans une situation où tout est sens dessus dessous, au cœur de l’action. C’est un humain en détresse qui essaie de trouver un peu de réconfort. Il a des tendances suicidaires, mais ça reste drôle.
La famille viendra-t-elle te voir au théâtre cet été?
Bien sûr! L’année passée, je me suis promené avec Les voisins. Mon fils a tripé! Il aime ce qui se passe en coulisses, il donne un coup de main avec les accessoires. Il sera souvent à Drummondville. Souvent, la famille viendra au théâtre avec moi le vendredi et nous dormirons sur place.
Il n’y a donc pas de vacances au programme pour le moment?
Non, mais comme je joue du jeudi au samedi, ça me laisse quelques jours durant la semaine. Comme nous aimons bien aller dans le Maine, nous y passerons sûrement trois ou quatre jours.
Les enfants grandissent en beauté et en santé?
Oui, mon fils a 14 ans et ma fille, 11 ans. Ils sont formidables! Ils sont très différents l’un de l’autre. À l’automne, Julianne entrera à la même école que son frère. Elle est très fière de commencer son secondaire. Elle étudiera dans un programme d’art, c’est-à-dire Arts de la scène.
Comment t’es-tu senti en apprenant la nouvelle?
Tout d’abord, je l’ai trouvée chanceuse car à mon époque, il n’y avait pas ce genre de programme. Julianne réussit bien, mais je ne peux pas dire qu’elle aime l’école. Je suis persuadé que ce programme l’aidera en ce sens, ne serait-ce que parce qu’après un cours de maths, elle pourra suivre un cours de danse, de comédie musicale ou autre.
Ça l’aidera à garder la motivation?
Probablement... Et même si elle a un bel été au programme et qu’elle m’en parle avec enthousiasme, elle a vraiment hâte à la rentrée.
Ça ne t’étonne donc pas de voir qu’elle est d’une nature artistique?
Non, je ne suis pas du tout étonné. Actuellement, elle tripe sur la danse et les comédies musicales. Je lui souhaite de trouver son art. Parfois, il faut passer au travers du secondaire pour se trouver. Je suis d’une nature inquiète, mais si elle me disait que c’est ce qu’elle veut faire dans la vie, je ne la découragerais pas.
Peut-être qu’elle n’ose pas te le dire?
(Rires) Ça se pourrait très bien! Ça me stresserait, c’est vrai...
Et la voie à suivre se dessine-t-elle pour ton fils?
Non, et ça le stresse. Nous avons eu une discussion alors qu’il devait rencontrer une conseillère d’orientation. Je me suis rendu compte que c’est une source de stress intense. Au Québec, on demande à nos enfants de 14 ans d’avoir une petite idée de ce qu’ils veulent faire dans la vie.
Alors que c’est souvent difficile de le savoir à cet âge...
C’est tellement trop tôt! En troisième secondaire, il faut préparer ses choix de cours pour l’année suivante, décider si on veut suivre des cours de sciences ou non. Mon fils pourrait aimer le dessin technique, mais veut-il devenir architecte? Je ne sais pas. Il est encore dans la création. Il dessine super bien. Mais s’il veut devenir architecte, il aura besoin de faire des maths enrichies. Il ne sait pas encore quelle est sa passion dans la vie. J’essaie de relativiser les choses un peu. Pour ma part, j’ai fait tout mon cégep sans même savoir ce que j’allais faire... Je me doutais que si je terminais mon cégep, je ferais une demande pour étudier le droit à l’université.
Tu voulais devenir avocat?
Disons que le droit, c’était un terrain tapé d’avance, car mon père est avocat. Les amis de mes parents aussi. Ma mère a travaillé dans un bureau d’avocats toute sa vie. La voie était tracée. Je n’aurais pas été malheureux, je présume, quoique je l’ignore. Je ne sais même pas ce que ça fait de ses journées, un avocat... Ce n’est pas toujours en train de plaider. Un grand nombre d’entre eux ne plaident jamais de leur vie. Quand j’ai dit ça à mon fils, ça l’a calmé un peu. J’ai rencontré le théâtre en cinquième secondaire. Au cégep, quelqu’un m’a dit que je pouvais faire le Conservatoire... J’ignorais même que ça existait.
Ton père a-t-il été déçu qu’on te fasse bifurquer du droit?
Non, parce que mon père a été élevé dans la ouate. Quand il était jeune, il avait un jardinier et une bonne. Ma mère vient d’un milieu ouvrier, son père avait trois jobs pour y arriver. Mon père m’a mentionné au passage que ce n’était pas un métier facile, sans plus. Il m’a encouragé. Ma mère, par contre, aurait aimé que je devienne avocat. J’ai fait le Conservatoire, elle est venue voir des spectacles à l’école et ça n’a pas été long qu’elle a été heureuse pour moi. Elle s’était un peu inquiétée. Je n’ai pas l’histoire des acteurs qui ont su à l’âge de trois ans qu’ils allaient faire ce métier. Je savais que je voulais communiquer. Ça aurait pu être en droit, en pub ou dans un autre domaine.
La pièce Le père Noël est une ordure est présentée tout l’été à partir du 30 juin à la Maison des arts de Drummondville. artsdrummondville.com. La gang du matin, maintenant composée de Pierre-François Legendre, Marie-Josée Gauvin et Patrice Bélanger, sera de retour en semaine à 5 h 30 à Rouge, dès le 21 août. Une affaire criminelle sera présentée cet automne à Noovo.
• À lire aussi: Julie Le Breton en vedette dans la 2e saison de cette série télé