Petit guide sur la déclaration de revenus des travailleurs autonomes

Emmanuelle Gril
Les déclarations de revenus des travailleurs autonomes diffèrent et sont plus complexes que celles des salariés. Aperçu des crédits d’impôt et des déductions qu’ils peuvent réclamer.
Tout revenu issu d’un travail autonome doit être déclaré, c’est-à-dire tous les montants reçus à titre de travailleur à votre propre compte. «Il ne faut pas oublier les revenus provenant de ventes sur Etsy, de chauffeur pour Uber ou même de livraisons pour DoorDash ou Skip», ajoute Yannick Lemay, spécialiste de l’impôt chez H&R Block. Il précise d’ailleurs que c’est la première fois que les plateformes numériques devront remettre les informations sur les revenus gagnés par les chauffeurs, livreurs, etc. «Attention, car le fisc impose des pénalités pour les revenus non déclarés et celles-ci augmentent avec le nombre d’offenses commises», prévient-il.
Ce qu’il faut payer
Même s’ils ont droit à divers crédits et à des déductions, les travailleurs autonomes ne sont pas exemptés de payer des impôts pour autant! Ceux-ci seront calculés en fonction des revenus d’entreprise ou de profession, dont on retranchera les dépenses engagées pour réaliser le travail. «Les travailleurs autonomes doivent tenir un registre des ventes et des dépenses. L’impôt appliqué sur le revenu net d’entreprise dépendra de la tranche d’imposition», mentionne Yannick Lemay.
À cela s’ajoutent d’autres montants comme les cotisations pour le Régime de rentes du Québec (RRQ), le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), le Fonds des services de santé (FSS) ainsi que la prime annuelle de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Cette dernière peut grimper jusqu’à 738$, selon le revenu familial net.
À noter qu’il n’est pas possible d’inclure le FSS dans les frais médicaux réclamés pour les crédits d’impôt pour frais de santé, mais que la prime de la RAMQ peut l’être.
Concernant le RRQ, il faut savoir que le travailleur autonome doit payer sa part, mais aussi celle de l’employeur, puisqu’il travaille à son propre compte. Pour 2024, cela peut représenter jusqu’à 12,80% des revenus après dépenses d’entreprise.
«De plus, si les cotisations REER permettent de réduire le revenu net, ce n’est pas le cas des revenus d’entreprise. Cela signifie que certains montants à payer, comme le RRQ, sont incompressibles», précise Yannick Lemay.
Les dépenses déductibles
De façon générale, un travailleur autonome a droit à davantage de réductions qu’un salarié. Plusieurs dépenses permettent en effet de réduire les revenus d’entreprise, mais il y a des critères à respecter. Ainsi, il faut qu’elles soient raisonnables, elles ne peuvent pas constituer des dépenses personnelles et elles doivent avoir contribué à générer le revenu d’entreprise.
Les dépenses courantes admissibles sont les fournitures de bureau et les frais d’internet, de télécommunication, de publicité, de livraison et d’expédition, notamment. Les déductions reliées aux frais de déplacement pour affaires, comme le transport en commun et les billets de trains et d’avion, l’hôtel et la participation à des conférences peuvent également être réclamées. «Si on utilise son véhicule personnel pour les déplacements d’affaires, on doit tenir un registre du kilométrage effectué à des fins personnelles et professionnelles», mentionne Yannick Lemay.
Les dépenses reliées au véhicule sont également déductibles (essence, réparations, entretien, assurance, immatriculation, etc.), tout comme les honoraires professionnels (juridiques, comptables, etc.). L’Agence du revenu du Canada fournit une liste des différents frais d’exploitation admissibles.
Dépenses pour l’utilisation du domicile
«L’utilisation de son domicile comme travailleur autonome donne droit à des déductions si l’on répond à l’une ou l’autre des conditions suivantes: travailler plus de 50% du temps à la maison ou avoir un espace exclusif de travail à son domicile afin de travailler et recevoir des clients ou des fournisseurs», indique Yannick Lemay, qui cite en exemple un massothérapeute qui traite ses patients dans un espace consacré à sa pratique dans son logement.
Si l’on respecte ces critères, les intérêts hypothécaires, la prime d’assurance habitation, les frais d’électricité et les taxes municipales et scolaires seront déductibles, au prorata de la superficie que représente l’espace de travail au domicile et du nombre d’heures travaillées dans cet espace.