Calendrier d'examens: pas d'exception pour le Ramadan, dit Drainville
Le projet de loi de la CAQ est un «outil d'assimilation», selon la Ligue des droits et libertés


Geneviève Lajoie
Finis les examens le matin durant le Ramadan pour accommoder les élèves qui ne s’alimentent pas de la journée : Bernard Drainville sonne la fin du calendrier d’évaluations fixé en fonction de la religion. La Ligue des droits et libertés voit dans le projet de laïcité renforcée de la CAQ un «outil d'assimilation».
Le ministre de l’Éducation soutient que son projet de loi renforçant la laïcité dans les écoles mettra fin à ces accommodements accordés par les enseignants qui ont des classes à forte concentration d’enfants de confession musulmane.
Durant le Ramadan, les musulmans pratiquants doivent s'abstenir de manger et de boire entre le lever et le coucher du soleil, ce qui incite des profs à placer les examens tôt en journée pour ne pas nuire aux élèves qui peuvent subir les effets secondaires du jeûne.
«Le projet de loi (94) ne permettra plus ce genre de pratique, a-t-il affirmé mardi en commission parlementaire, lors du passage de la Ligue des droits et libertés, farouchement opposé à sa vision de la laïcité. Le projet de loi dit c'est que les fêtes religieuses ou les congés religieux ou le calendrier religieux ne doit pas dicter quoi que ce soit, (...) que ce soit le programme scolaire, les évaluations».
Il estime d'ailleurs qu'il est de la responsabilité des directions d'établissements de communiquer avec les parents si des enfants subissent des «effets physiques» du manque de nourriture durant cette période.
On doit «leur rappeler que, au delà des obligations religieuses telles qu'ils les perçoivent, il faut favoriser la santé de l'enfant et sa réussite scolaire», a insisté Bernard Drainville, lors d'un bref entretien avec notre Bureau parlementaire.
Un «outil d'assimilation»
La Ligue des droits et libertés a rappelé que les deux jours de congés qui viennent de se terminer ont été décrétés pour Pâques, une fête catholique. Selon ce groupe, le gouvernement Legault aurait mieux fait de laisser les écoles régler ces situations par un accommodement que par une loi qui proscrit des pratiques «mur à mur» à la grandeur du Québec.
Le projet de laïcité renforcée de la CAQ porte non seulement atteinte aux droits humains, mais constitue même un «outil d'assimilation» pour la Ligue, qui réclame son retrait pur et simple.
«Le modèle assimilationniste, c'est un modèle par lequel le groupe majoritaire essaie d'imposer sa culture, imposer ses valeurs et c'est souvent assorti d'un discours sur la dangerosité des minorités, des personnes issues de l'immigration, plaide Paul-Étienne Rainville, responsable des dossiers politiques. L'objectif du gouvernement, c'est d'utiliser le système d'éducation pour mettre en place un modèle assimilationniste, en imposant les valeurs, en imposant des comportements, des attitudes à la fois aux élèves et à l'ensemble du personnel».
Rappelons que le projet de loi de Bernard Drainville proscrit le voile intégral des établissements d’enseignement, même pour les enfants et étend l’interdiction du port de signes religieux à tous les futurs membres du personnel des écoles, incluant les éducatrices en service de garde.
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