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Culture

Peter MacLeod explique pourquoi il est volontairement moins présent dans l’espace public

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Patrick Delisle-Crevier

2024-03-18T10:00:00Z
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D'entrée de jeu, Peter MacLeod me dit qu'il n'accorde pas beaucoup d'entrevues et qu'il est même plutôt discret quand vient le temps de parler de lui. Je me dis alors que ce ne sera pas simple d’avoir un long entretien avec lui. Mais après la séance photo, il s’installe devant moi: une question, puis une deuxième... Peu à peu, il baisse sa garde, et la confiance s’installe au point où j’ai eu l’impression d’avoir une conversation avec un vieux chum, même s’il fait partie des quelques artistes que j’ai rarement eu l’occasion d’interviewer.

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Peter, il me semble que notre dernière entrevue remonte à longtemps. Non?

C’est fort possible, car je suis volontairement moins présent. Même qu’habituellement, je ne fais pas d’entrevue ou très peu. Et je ne fais plus vraiment de spectacles non plus. Alors, je fais moins d’effort côté promotion, et c’est bien correct.

Faut-il comprendre que c’est volontaire de ta part d’être moins présent dans l’oeil du public?

Oui. C’est mon équipe de filles au bureau qui me pousse à faire quelques entrevues et apparitions parce que, sincèrement, je pourrais me laisser aller et m’éloigner complètement de la sphère médiatique. Je ne me suis jamais défini comme une personne qui fait partie du milieu du show-business. J’aime mon métier et j’adore faire rire, mais j’adhère moins au mode de vie qui vient avec ça.

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Peux-tu m’expliquer ça?

J’aime être sur une scène, faire de la radio et animer une soirée. Je suis très à l’aise avec ça: je me sens à ma place. Mais c’est le reste qui me plaît moins. Je ne cours pas les tapis rouges et les grandes premières. Mon mode de vie est différent et plutôt simple: je suis un gars qui aime être à la campagne, tranquille, avec sa blonde et ses chiens. J’aime me cacher dans la nature, j’y suis heureux. Et ça ne veut pas dire que je suis tranquille pour autant; je suis toujours en train de faire quelque chose. Je suis un hyperactif, je n’arrête jamais. J’aime recevoir des amis, faire des soupers et déconner, mais je ne cours pas les bars. Le nightlife, ce n’est pas pour moi. Je suis dans un bon moment de ma vie en ce moment et je suis heureux dans ma campagne.

Pourtant, le jet-set et la vie nocturne, ça a déjà fait partie de ta vie, non?

Oui, quand j’étais plus jeune. Lorsque j’étais en tournée, j’allais prendre des bières avec mes techniciens. J’aimais ça, dans le temps. Mais aujourd’hui, je ne pense pas que je serais le même gars en tournée. Et en plus, maintenant, avec les téléphones cellulaires, les gens sont toujours en train de filmer. Donc, si on est le moindrement connu, on se fait filmer. Désormais, quand on a une carrière publique, on marche tout le temps sur des oeufs même si on ne fait rien de mal. On sait qu’on est observé quand on a du plaisir et qu’on baisse un peu notre garde. Je trouve ça triste. Et je n’ai pas envie de vivre ça.

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Quel est ton rapport à la popularité aujourd’hui?

Mon rapport, il est très humble. Je sais que c’est un privilège de faire mon métier. J’ai la chance, encore aujourd’hui, d’avoir une belle relation avec le public. Même si je suis moins présent sur scène ou devant les caméras, j’ai encore ce côté qui fait que les gens viennent me jaser et j’aime ça. C’est vraiment spécial.

Tu n’as pas peur, justement, que tout ça s’estompe et que tu tombes dans un certain oubli?

Non, pas du tout. Je me suis toujours dit que, si un jour ça s’arrêtait, je ferais autre chose. D’ailleurs, je ne me définis pas comme étant uniquement un humoriste. J’aime faire plein d’autres choses. J’aime l’entrepreneuriat, j’aime écrire et j’aimerais jouer plus. Par ailleurs, si je sentais que les gens aimaient moins ce que je faisais, je ne resterais pas dans le show-business à n’importe quel prix. Je ne ferais pas des annonces de Préparation H juste pour me faire croire que je fais encore partie du milieu!

Se choisir

D’habitude, je débute toujours mon entrevue avec un «Comment ça va?»...

Je vais vraiment bien. Et j’ai envie en ce début d’année de dire «Vivement 2024!» parce que 2023 a été une année bizarre. J’avais l’énergie pour faire plein de choses, mais rien ne marchait. Ç’a aussi été une année où j’ai fait du ménage dans ma vie. J’ai fait un grand nettoyage sur le plan relationnel, en sortant les gens toxiques de ma vie.

C’était un besoin pour toi de faire un tel ménage?

Il faut croire que oui puisque la vie m’a amené vers ça. Même que cette année, je n’avais pas le goût de fêter Noël et le temps des fêtes. J’étais au bout du rouleau émotionnel, il faut croire. En plus, ma petite maman est tombée en déneigeant sa voiture et elle s’est cassé l’os pelvien. Ç’a donc été un Noël particulier, parce que ma mère n’allait pas bien et qu’elle n’avait pas envie qu’on la voie dans cet état-là. J’allais quand même la voir, mais ç’a été un drôle de temps des fêtes.

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Es-tu proche de ta mère?

Oui. Sans être un fils à maman, je dirais que je suis un bon fils. Ma mère s’appelle Caroline et c’est une femme extraordinaire. Elle a dû être l’une des premières à porter ce prénom, et elle le porte dignement. C’est un petit bout de femme qui a une énergie exceptionnelle. Elle conduit encore sa voiture à son âge. Je suis privilégié de l’avoir encore. Mon père, lui, est mort quand j’étais dans la vingtaine.

Comment vois-tu 2024?

Comme une belle page blanche. C’est drôle, je relisais les textes de mon dernier spectacle, Zen en kilt, dont j’ai annulé la tournée. Je voulais savoir comment j’allais me sentir en revisitant ce matériel. Finalement, j’ai eu du fun à relire ces textes, et ça m’a donné envie d’écrire d’autres affaires.

Pourquoi avais-tu décidé d’annuler ta tournée?

Je pense que c’était dû à une fatigue professionnelle. C’était mon sixième spectacle. J’étais au bout du rouleau parce que j’en avais trop fait. J’avais une boule dans le corps, je n’allais pas bien. Habituellement, je ne fais pas d’anxiété, mais là, rien qu’à l’idée de partir sur la route pour faire des spectacles, ça me rendait malade. J’ai tout arrêté avant la première date. Je ne suis pas le premier humoriste à qui ça arrive. Je suis content de m’être choisi, parce que si j’avais fait cette tournée-là, je me serais cassé en morceaux. Ce n’était pas de monter sur scène et de faire rire le monde qui me pesait. C’était plutôt l’idée d’attendre dans une chambre de motel, seul, que le spectacle commence, puis de retourner attendre jusqu’au prochain spectacle, etc. J’ai fait ça cinqsix jours par semaine pendant 30 ans. Je n’en pouvais plus de la solitude qui venait avec ça, et aussi de ne plus voir ma famille et mes amis parce que j’étais en spectacle les fins de semaine. Je n’avais jamais une vie normale. Mais là, je me suis choisi.

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Est-ce qu’il y a un petit deuil qui vient avec ça?

Oui, surtout que j’adorais ce spectacle. J’en étais fier, car il était bon. Je le relisais dernièrement et il est encore très au goût du jour. Mais je n’ai aucun regret. Je ne peux pas regretter de m’être choisi. Si j’avais fait cette tournée de spectacles, je me serais retrouvé à l’hôpital ou à l’asile. Je me verrais bien le présenter, une fois, dans un endroit comme le Centre Bell. En fait, quand j’ai terminé la tournée précédente, j’étais déjà essoufflé, mais j’en étais inconscient. Par contre, quand le sixième est arrivé, j’ai senti un vent de panique. Je voyais le nombre de dates augmenter et j’ai capoté. Ça devenait trop gros: je n’étais pas capable de vivre avec cette pression-là.

As-tu l’impression d’avoir tiré un trait sur la vie de tournée?

Si je disais oui, ce serait comme me peinturer dans le coin. Autant j’ai du plaisir à faire ces spectacles-là, autant j’ai eu de la peine d’avoir dû annuler la tournée. Je me dis qu’un jour l’envie de refaire une tournée va peut-être revenir. Je me donne le droit de changer d’idée. Je veux pouvoir penser d’une façon aujourd’hui et me donner le droit, après une bonne conversation sur le sujet, de changer éventuellement d’avis. Je tente de me mettre de plus en plus dans un état d’ouverture envers moimême et les autres. En plus, je ne veux plus me définir uniquement comme un humoriste.

Tu dis que tu veux être de plus en plus en état d’ouverture. Considères-tu que tu étais un gars plus fermé aux autres?

Calvaire, oui! Je pense que dans mon livre, L’homme de ma vie, je l’explique bien. J’ai longtemps pensé que les hommes ne devaient pas vivre leurs émotions, car on m’a appris à être fort et à ne pas me plaindre. J’ai donc vieilli en me construisant une carapace. À l’époque, il n’y avait aucune connexion entre ma tête et mon coeur. Tout était géré par ma tête. Tranquillement, j’ai changé: j’ai fini par enlever cette armure qui était lourde et qui avait fait en sorte que je m’étais complètement perdu. À un moment donné, j’ai voulu me débarrasser de ce côté sombre que je portais en moi et que j’aimais moins.

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Parle-moi de ce côté sombre...

J’ai longtemps pensé que c’était relationnel, que je vivais une forme de peine d’amour. Pourtant, ce raisonnement n’avait aucun sens parce que je ne vivais pas une peine d’amour.

Ou plutôt, si j’en vivais une, c’était envers moi-même. C’est assez fou. Et je suis content parce que j’ai réussi à me débarrasser de ce côté sombre. Je me sens beaucoup plus heureux aujourd’hui. Avant, je pouvais aussi m’obstiner longtemps avec une personne si elle n’avait pas le même point de vue que moi. Maintenant, je ne perds plus une seconde de mon temps avec ça.

Un homme en paix et pleins de projets

Le Peter de 54 ans, comment le décrirais-tu?

Comme un gars qui est heureux et qui se tient dans des zones où il est particulièrement bien. Dans le milieu du showbusiness, je suis encore heureux. J’ai beaucoup de plaisir à faire de la radio. Et je suis bien quand je suis connecté avec la nature. Je suis dans une belle période de ma vie, où je me respecte et où je tente de faire les bons choix. J’ai aussi de beaux défis sur le plan professionnel, comme des scénarios de films qui sont en chantier. J’ai plein de projets que j’aimerais réaliser dans les prochaines années. Et je m’amuse beaucoup avec ma compagnie de produits alimentaires.

Justement, comment est née la gamme Pete Authentique?

J’ai toujours aimé la bouffe. J’adore cuisiner et je partage souvent mes activités culinaires à la radio avec les auditeurs. Je l’ai aussi fait dans le cadre de mon émission télévisuelle Week-end de bois. J’ai alors réalisé que les gens avaient envie de goûter à mes recettes. Je suis un grand épicurien, et pourtant je déteste ce mot! Pendant la pandémie, l’idée a peu à peu germé en moi, et je me suis lancé. Durant cette période, je m’étais d’ailleurs acheté un authentique four à pizzas. Je me suis mis à en faire tellement que j’allais cogner chez mes voisins pour leur en apporter. Je leur offrais aussi des sauces à spaghetti. Finalement, avec mon bon ami Éric Young, qui est mon associé dans l’univers du showbiz, j’ai lancé ma marque de pizzas et de sauces. Ma gamme de produits ne cesse de grandir. J’en suis très fier!

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Tu as débuté ta carrière en 1991. Quel regard jettes-tu sur celui que tu étais à cette époque?

J’avais une belle naïveté. Je trouve ça beau et pur. J’arrivais avec une si grande inconscience de ce dans quoi je m’embarquais... En même temps, devenir humoriste, pour moi, ç’a toujours été comme un mode de vie depuis mon enfance. Je me suis toujours levé avec l’idée de faire rire les gens autour de moi. Le matin, j’aime faire rire ma blonde... si j’en ai une!

Tu dis «si j’en ai une»... Tu es amoureux ou pas en ce moment?

J’ai une blonde depuis deux ans. Mais j’ai été longtemps seul et j’ai apprivoisé cette solitude. Je n’ai pas besoin d’être en couple à tout prix. Je n’ai jamais souhaité avoir une longue relation, une maison, des enfants, un chien et tout ce qui vient avec, tout simplement parce que je n’avais pas la vie qui allait avec ça. J’étais toujours parti en tournée et je travaillais tout le temps. Je n’avais pas de place pour ça. Peut-être aussi qu’inconsciemment je ne voulais pas ça et que je ne faisais rien pour que ça arrive. J’ai toujours recherché un équilibre dans une vie pas équilibrée. J’ai des amis qui sont en couple depuis la polyvalente et j’admire ça. C’est juste que ce n’était pas pour moi. Je ne dis pas que je n’aurais pas aimé ça, mais je l’envisageais mal. Je pense sérieusement que je n’étais pas construit pour les relations à long terme.

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As-tu l’impression que ta relation actuelle pourrait durer plusieurs années?

Ça fait justement partie de l’état d’ouverture dans lequel je suis en ce moment.

Es-tu en amour comme tu ne l’as jamais été?

Je suis ouvert à ça. Et pour moi, tant que c’est simple, que c’est beau et que tout le monde s’épanouit là-dedans, c’est correct. Je suis bien avec ma blonde en ce moment et je trouve ça beau. On est amoureux, on rêve à deux. C’est peut-être la première fois que cela m’arrive consciemment. Cette relation a du sens. Je suis un grand rêveur, alors que ma blonde a un côté cartésien que je n’ai pas; elle me ramène sur terre et ça me fait du bien. J’en ai besoin. Nous nous complétons bien, Karine et moi. Ma blonde est une femme d’affaires qui a réussi. Je regarde ce qu’elle a accompli, et elle m’impressionne. J’ai un grand respect pour la femme et pour ses réalisations. C’est une grande timide. On ne la verra pas un jour avec moi dans les pages d’un magazine. Elle est très réservée. Et le plus drôle, c’est que je suis, moi aussi, un grand timide.

N’est-ce pas paradoxal de faire ce métier quand on est timide?

Effectivement! Quand j’étais sur scène, ça allait, mais quand venait le temps de rencontrer le public après, j’étais mort d’angoisse. Quand j’étais très populaire, ça me stressait. Pourtant, j’aime les gens, mais ma timidité prenait le dessus.

Que gardes-tu de cette période où tu étais très populaire?

Ça n’a pas été toujours facile, mais je suis fier d’être resté moi-même à travers tout ça. J’ai toujours gardé les deux pieds sur terre même si, à un moment donné, tout ce qui m’arrivait était assez impressionnant. Le fait que je sois proche de la nature a fait en sorte que je ne me suis pas perdu dans ce tourbillon.

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Parle-moi de ton handicap, de ta petite main. Plus jeune, tu as refusé d’avoir une chirurgie. Pourquoi?

Tout simplement parce que ma petite main fait partie de moi et que j’ai choisi de l’accepter, de ne pas la modifier. Je suis né avec cette main plus petite et j’ai décidé de l’assumer. J’aurais eu l’impression de me faire enlever mon identité.

Tu dis que tu assumes ta petite main, pourtant, tu ne cesses de la mettre dans ta poche ou de la cacher. Explique-moi pourquoi...

Je l’assume complètement, mais quand on a une différence comme la mienne, les gens ne voient et ne regardent que ça. Quand j’étais sur scène, je voyais que les gens ne regardaient que ma main et ne m’écoutaient plus. Alors, j’ai décidé de la mettre dans ma poche. Sinon, je ne pense même plus au fait que j’ai une main plus petite que l’autre, ça ne fait même pas partie de ma vie. Mon petit handicap ne m’empêche pas de faire ce que je veux: j’ai fait de la boxe, du kickboxing, j’ai joué au hockey. Mes deux mains représentent qui je suis. Il y a un côté plus sensible et gentil et il y a un côté plus fort, plus solide.

Tu as touché un peu au cinéma: tu as eu un rôle dans le film French Immersion. Aurais-tu aimé en faire plus?

Oui, vraiment. J’aimerais avoir un rôle pour lequel on doit travailler fort. Un personnage qu’on doit construire et porter. J’aimerais faire du cinéma un jour.

En terminant, qu’est-ce qui t’occupe en ce moment?

La radio, c’est mon principal projet. Je suis à Énergie le midi avec Julibou et Pierre Pagé. J’adore faire cette émission. J’aime la radio, et elle me le rend bien! Je suis content de divertir les gens de cette façon. Quand je me lève, j’ai hâte d’arriver à la station et d’ouvrir mon micro. Sinon, ma gamme de produits Pete Authentique occupe aussi beaucoup de mon temps. En ce moment, je pense à ajouter de nouveaux produits.

Pour suivre Peter et ses projets, on visite petermacleod.com. Pour en savoir plus sur sa gamme de produits Pete Authentique, rendez-vous à peteauthentique.com. Midi Fun, du lundi au vendredi, de 11 h 30 à 13 h, sur les ondes d’Énergie.

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