Permis suspendu pour les infirmières non vaccinées
Elles sont plus de 4000 qui risquent de perdre indéfiniment leur droit d’exercice
Laurent Lavoie
L’étau continue de se resserrer autour des travailleurs de la santé qui ne sont pas adéquatement vaccinés : après les médecins et les inhalothérapeutes, c’est au tour des infirmières non protégées contre la COVID-19 d’apprendre que leur permis d’exercice sera suspendu par leur ordre.
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« Dans notre code de déontologie, on dit qu’on doit se comporter en fonction de ce que la science dit. Ce que la science dit, c’est que les vaccins qui sont disponibles et administrés actuellement sont sécuritaires », a plaidé au Journal Luc Mathieu, président de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).
En réaction à cette annonce, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) s’est engagée « à contester devant les tribunaux toute décision des ordres professionnels qui pourrait porter un préjudice démesuré à [ses] membres. »
La décision de l’OIIQ est aussi qualifiée d’« excessive » par le syndicat, qui rappelle que les professionnels en soins qui n’ont pas leurs deux doses d’ici vendredi seront suspendus sans solde.
Sur plus de 80 000 membres, l’OIIQ en dénombre 4338 qui n’ont pas été pleinement vaccinés contre la COVID-19.
Obligation
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait d’ailleurs pressé la semaine dernière les ordres professionnels de retirer le droit de pratique aux employés non adéquatement vaccinés.
Le Collège des médecins et l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes (OPIQ) ont déjà pris leur décision.
Ce seraient respectivement 800 et 150 de leurs membres qui écoperaient.
« Le choix qu’on a, c’est de suspendre ou de limiter [la pratique]. C’est le seul choix qu’on a. On a une obligation d’agir », fait savoir Josée Prud’homme, directrice générale de l’OPIQ, soulignant au passage que les inhalothérapeutes ne peuvent pas faire de télétravail.
Inquiétudes
Somme toute, deux préoccupations demeurent pour tous : la sécurité des patients ainsi que l’accès aux services de santé.
FSSS-CSN
« Je ne veux pas prédire de catastrophe, mais ça nous préoccupe beaucoup, a commenté Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux [FSSS-CSN]. Les bris de services vont avoir des conséquences, mais est-ce que ça peut aller jusqu’à la mort ? Oui ça pourrait. Mais peu importe, ça va poser des problèmes. »
Luc Mathieu reconnaît être préoccupé par la suspension de milliers de travailleurs dans le réseau, mais s’en remet aux plans de contingence qui seront mis en place.
« La contrepartie, c’est d’avoir des gens qui travailleraient auprès de bénéficiaires, qui dans certains cas ont un système immunitaire pas très fort, et qui ne sont pas vaccinés », a-t-il indiqué.
Les récalcitrants du réseau de la santé
Infirmières
- 2807 aucunement vaccinées
- 1531 ont reçu une dose
- 5716 dont le dossier devra être vérifié
- 93% ont reçu deux doses
Médecins
- Environ 800 ne sont pas pleinement vaccinés*
- 96% ont reçu deux doses
Inhalothérapeutes
- 150 n’ont pas reçu leurs deux doses
- Un peu moins de 300 doivent toujours soumettre leur preuve de vaccination
- 96% ont reçu deux doses
* Il s’agit de données de l’Institut national de santé publique du Québec remontant au 31 août. Le Collège des médecins n’était pas en mesure lundi de faire une mise à jour.
Sources : INSPQ, OPIQ et OIIQ