Père de trois filles aux besoins particuliers, Jean-Nicolas Verreault jumelle sa vie familiale à son travail
Michèle Lemieux
Avec sa conjointe et complice, Jannie-Karina Gagné, Jean-Nicolas Verreault forme un tandem qui force l’admiration. Parents de trois filles aux besoins particuliers, ils font quotidiennement face à de grands défis qu’ils relèvent avec brio. Très sollicité dans sa carrière, l’acteur campe Fabien, un psychothérapeute, dans la nouvelle série Les bombes, dans laquelle il est question de dépendances...
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Jean-Nicolas, on te voit dans le rôle d’un psychothérapeute fort compatissant dans la nouvelle série Les bombes. As-tu le sentiment que c’est le genre de personnage qui t’amène ailleurs?
Oui, car ces dernières années, j’ai joué des personnages un peu moins sympathiques... (rires) On ne voulait pas que ce soit un thérapeute passif qui ne fait qu’écouter et prendre des notes. C’est plutôt un thérapeute qui a des stratégies, qui veut, pendant ces 21 jours de retraite, faire évoluer ceux qui sont en thérapie. Il est très actif, un peu provocateur, très intelligent, car il sait quoi dire et quoi faire pour arriver à ses fins, c’est-à-dire permettre à des choses de s’exprimer. On voulait aussi que ce soit un homme très empathique, enveloppant et chaleureux. Personnellement, pour camper mon personnage, je voulais des bottes.
Pour mieux le personnifier?
Oui, et même si on ne les voit pas dans l’émission, je m’imaginais que mon personnage mettait ses bottes de combat pour entrer dans la salle. Il est là pour travailler, et son travail est un genre de combat pour lui. Il est comme un sergent qui mène sa troupe. Ça lui donnait un tempérament directif, proactif, en contrôle, mais sans être rigide. Pour moi, c’était important pour rendre mon personnage.
La dépendance, qui est le sujet de la série, est un thème qui interpelle pas mal de gens...
Oui, en général, ça touche les gens. Ça prend différentes formes, différents visages, différentes intensités. Quand la dépendance prend toute la place, et c’est le cas des quatre filles, il y a un problème.
La série STAT occupe aussi une bonne partie de ton temps, je présume?
Oui, et les tournages d’À cœur battant reprendront en avril prochain. Il y a aussi d’autres projets dans l’air...
Manifestement, tu es très sollicité par les temps qui courent!
Oui, ça va bien, mais je n’ai plus l’envie d’être partout, tout le temps. Je n’ai pas vécu ça au début de ma carrière, mais plutôt au milieu de celle-ci. Maintenant, quand des choses me sont proposées, je les analyse, je vérifie si ça me tente. Je suis très content d’être dans STAT. C’est une belle gang et Suzanne (Clément), c’est ma bonne chum de fille dans la vie. Alors oui, je regarde toujours les projets qui arrivent, mais sans me sentir avide de faire mille affaires. Ce n’est pas nécessaire d’être partout à la fois.
Ce sont de belles années sur le plan professionnel, quand même. Est-ce la même chose pour ta blonde?
Oui, je travaille beaucoup, mais ma blonde aussi. Elle produit de la télé et de la radio. Et nous avons une grande famille qui nous occupe. Jannie a toujours trois jobs en même temps. On ne se voit pas beaucoup... (rires)
C’est bon pour la vie de couple...
(Rires) Nous gérons nos affaires tout en travaillant beaucoup.
La vie familiale est toujours aussi prenante?
Oui, elle l’est, et elle le restera toujours. La famille est primordiale. Cela dit, je pense que, parfois, Jannie et moi, ça nous fait du bien d’aller travailler.
Avoir besoin de se réaliser sur un plan personnel est tout à fait légitime.
Quand je me concentre et que je travaille un personnage, je n’ai pas la tête ailleurs, à penser à ceci ou à cela. Nous avons une bonne gardienne le matin. Jannie et moi partons souvent très tôt, car nous avons beaucoup de travail actuellement.
Vous avez la chance de pouvoir compter sur quelqu’un pour vous donner un coup de pouce?
Oui, et nous avons eu peur lorsque STAT est arrivée. Si je vais tourner de temps à autre et que le reste du temps je suis à la maison, c’est une chose. Avec STAT, ce sont des horaires beaucoup plus réguliers. Jannie se lève à 3 heures 15 et quitte la maison à 4 heures du matin. Si je suis attendu sur le plateau à 6 heures, je dois partir de la maison à 5 heures. Ça prend une gardienne qui dort à la maison ou qui arrive tôt le matin. Nous sommes chanceux: notre gardienne est très disponible.
Le fait que vos filles grandissent vous permet également de vous consacrer davantage à vos carrières respectives, je suppose?
Oui, mais nos filles ont encore leurs défis. Elles ont 18, 11 et 9 ans. Ma grande, Mia T., est autiste de haut niveau. Il y a des choses qui sont difficiles pour elle... Elle a terminé sa 5e secondaire, même si les études étaient compliquées pour elle. Elle a un an pour se trouver un métier qu’elle voudrait faire, une formation professionnelle. Elle a ses rêves... Mes deux plus jeunes ont aussi leurs défis à l’école. Elles ont du caractère! Marie-Simone a le syndrome de La Tourette. Elle est super intelligente, mais très anxieuse. Quant à Romy, elle fait des colères, mais nous travaillons fort là-dessus avec elle.
Finalement, on se rend compte que chaque enfant vient avec ses défis...
Oui, mais il nous arrive de rêver d’une petite pause... Par exemple, nous aimerions ça, Jannie et moi, avoir des enfants qui ont envie d’aller à l’école... (sourire) Nous avons toujours quelque chose à gérer. Nous jumelons cette vie familiale avec notre travail: nous faisons les devoirs, nous nous occupons des enfants, nous allons à la rencontre des profs pour savoir ce qui se passe à l’école. C’est la vie d’à peu près tout le monde, finalement.
Vous êtes toujours dans votre maison de la Rive-Sud?
Oui. Nous aimons faire des blagues et dire que nous avons quasiment un domaine, maintenant... (sourire) La cour a été refaite. On dirait que nous habitons à Nappa Valley. Au printemps dernier, ma blonde était assise dans la cour quand elle m’a dit qu’elle n’en pouvait plus de voir l’état du terrain. Pour faire notre petite maison dans le jardin et construire la rallonge à notre maison, nous avons eu besoin de pépines. En trois ans, nous avons été deux ans en travaux. Nous n’avions plus de terrain, plus de gazon! Ma blonde n’en pouvait plus de voir pousser les mauvaises herbes. Nous avons refait la cour au complet, et nous avons ajouté un patio.
À travers cette vie bien chargée, arrivez-vous à trouver des points de rencontre, ta blonde et toi?
Oui, à travers tout cela, nous arrivons à nous parler, à communiquer. Nous avons eu du temps durant les fêtes, et j’avoue que ça nous a fait du bien, même si ça ne nous a pas reposés. Nous sommes mûrs pour avoir du temps ensemble... Jannie travaille beaucoup, mais nous arrivons à nous retrouver à la maison. Parfois, nous assistons à une première. À cause de ses horaires, sortir le soir n’est pas toujours évident pour elle. Malgré tout, nous arrivons à nous retrouver à travers cela.
STAT, lundi au jeudi 19 h, et À cœur battant, mardi 20 h, à Radio-Canada.
Les bombes, jeudi 21 h, à Séries Plus.