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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Pénurie de main-d'oeuvre: Exceldor a un urgent besoin de travailleurs étrangers

L’entreprise déplore la complexité du processus d’embauche

Le manque de main-d’œuvre a des conséquences sur plusieurs plans pour le transformateur de volailles Exceldor qui est constamment en mode embauche, comme à l’usine de Saint-Bruno-de-Montarville.
Le manque de main-d’œuvre a des conséquences sur plusieurs plans pour le transformateur de volailles Exceldor qui est constamment en mode embauche, comme à l’usine de Saint-Bruno-de-Montarville. Photo courtoisie
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Diane Tremblay, Clara Loiseau et Martin Jolicoeur

2021-11-19T16:00:00Z
2021-11-19T16:00:26Z
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Le principal frein à la croissance d’Exceldor en ce moment, c’est la pénurie de main-d’œuvre, affirme la coopérative qui se heurte à des procédures complexes pour faire venir des travailleurs étrangers.

DIANE TREMBLAY, Le Journal de Québec

« C’est sûr qu’il y a des pertes financières pour l’entreprise. Il y a des contrats qu’on ne peut pas réaliser », affirme Nicolas Bilodeau, directeur des ressources humaines.

À Saint-Anselme, où Exceldor a l’une de ses usines, elle cherche 50 nouveaux travailleurs. Ce déficit en main-d’œuvre a bien sûr des conséquences. 

Si une chaîne demande des ailes de poulet, il est possible qu’elle reçoive des poulets en entier parce qu’Exceldor n’a pas le personnel pour les décortiquer. 

La robotisation est l’une des solutions envisagées, même si elle nécessite des investissements importants et qu’elle présente des limites. À court terme, la problématique reste entière, selon M. Bilodeau. 

« Il y a des emplois qui sont plus difficiles à automatiser comme couper certains morceaux de poulet, ça se fait avec un couteau », dit-il. 

Lourdeurs administratives

Le fédéral et le provincial se sont entendus pour faire passer de 10 % à 20 % le nombre maximal de travailleurs étrangers temporaires, mais les nouvelles dispositions tardent à entrer en vigueur. 

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Cette mesure, qui est attendue par bon nombre d’entreprises, pose un autre problème, soit les délais de traitement des demandes. Même à 10 %, Exceldor n’arrive pas à atteindre ce seuil à cause de la lourdeur administrative des demandes. 

« On a des inquiétudes étant donné qu’en ce moment le fédéral n’arrive pas à fournir avec les demandes qui sont à 10 %. De monter à 20 % d’un coup [...], il va y avoir forcément un bouchon qui va se créer », ajoute Jordan Ouellet, conseiller en communication pour la coopérative.  

Comme directeur des ressources humaines, M. Bilodeau affronte au quotidien la pénurie de personnel. 

« C’est un grand défi ! On le savait qu’un jour la démographie allait nous jouer un tour comme employeur, mais là, on le vit encore plus durement depuis deux ou trois ans. »

Le rôle des gouvernements

Face à la pénurie, M. Bilodeau estime que les gouvernements doivent en faire plus.  

« C’est complexe pour les employeurs de faire venir des travailleurs étrangers temporaires. C’est des démarches à n’en plus finir. Ça nécessite beaucoup de temps et d’argent. Il y aurait matière à améliorer la fluidité. »

« Ça peut prendre jusqu’à 12 mois avant qu’ils arrivent. Ça ne fait pas de sens. C’est vraiment trop long actuellement », considère-t-il.


Au Québec, Exceldor compte 1500 employés dans ses usines. De ce nombre, 109 sont des travailleurs étrangers temporaires dont 33 sont en processus d’approbation au gouvernement fédéral. 

 

Faire davantage travailler les étudiants internationaux  

Photo Chantal Poirier
Photo Chantal Poirier

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Pour contrer la pénurie de main-d’œuvre, certains professionnels et associations souhaitent que le gouvernement fédéral permette aux étudiants étrangers de travailler plus d’heures que ce qui est prévu par la loi actuelle.

Clara Loiseau, Le Journal de Montréal

« La restauration, c’est une industrie où il y a beaucoup d’étudiants. Mais les restrictions gouvernementales empêchent les étudiants étrangers de travailler plus de 20 heures par semaine », explique Charles Landry, propriétaire de la Taverne Midway, à Montréal.

Les étudiants étrangers qui ont un visa leur permettant de travailler n’ont pas le droit de dépasser ce taux lorsqu’ils étudient. Toutefois, pendant les périodes de vacances et de relâche, ils peuvent travailler à temps plein.

« Le fait de limiter le travail hors campus tient compte du fait qu’un étudiant doit être principalement au Canada pour y poursuivre ses études, tout en lui offrant la possibilité d’acquérir une expérience professionnelle précieuse et de gagner un peu d’argent », indique par courriel Jelena Jenko, d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

Peu d’heures

Cette limitation rend la vie difficile aux tenanciers de bars et aux restaurateurs qui peinent à trouver du personnel qualifié, alors que les établissements peuvent de nouveau rouler à leur capacité maximum.

Pour la première fois en sept ans, M. Landry doit fermer un jour par semaine son établissement pour donner du souffle à son personnel.

« Dans un bar, un étudiant qui travaille, par exemple, le vendredi et le samedi, il fait déjà ses 20 heures autorisées, donc il ne peut pas travailler une autre journée. Ça nous oblige à trouver d’autres employés », illustre M. Landry.

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La fin de la PCRE n’a rien changé

Du côté des associations professionnelles, l’augmentation des heures de travail sur les visas des étudiants à 25 ou 30 heures serait une piste de solution.

« Beaucoup pensaient qu’avec la fin de la PCRE, ça aurait ramené plus de travailleurs, mais ce n’est pas ça qui s’est produit. Donc, augmenter les heures sur les visas des étudiants étrangers, c’est sûrement la meilleure solution pour nous aider », ajoute Renaud Poulin, président de la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec. 

Selon Mme Jenko, de l’IRCC, les étudiants qui le souhaitent peuvent par ailleurs soumettre une demande de permis de travail moyennant une somme, afin de travailler plus d’heures.

 

L’embauche, l’enjeu « n° 1, 2, et 3 » du Groupe Meloche   

Acquisitions, expansion internationale et doublement du chiffre d’affaires... Ce ne sont pas les projets qui manquent dans les usines du Groupe Meloche. Ne leur reste plus, pour les réaliser, qu’à régler le problème de main-d’œuvre.

Martin Jolicoeur, Le Journal de Montréal

« Pour nous, il n’existe pas de plus gros défi à l’heure actuelle, confie son président, Hugue Meloche. Le manque de main-d’œuvre, on y pense tous les jours ; j’ai l’habitude de dire que c’est devenu notre enjeu numéro un, numéro deux et numéro trois ! »

Fondée en 1974, l’entreprise montérégienne se spécialise dans la conception et la fabrication des composants d’aérostructures et d’aéromoteurs pour le secteur de l’aéronautique. Ces derniers se retrouvent entre autres dans les appareils produits par Airbus, Boeing, Bombardier, GE, Safran et Pratt & Whitney.

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Marché agressif

Cette industrie a été, comme on le sait, durement frappée par la pandémie. Mais après avoir réussi à surmonter cette période sans faire de mise à pied, l’entreprise de 300 travailleurs, répartis dans ses centres de Salaberry-de-Valleyfield, Beauharnois, Bromont et Montréal, peine à répondre à ses besoins de main-d’œuvre.

Une trentaine d’emplois sont actuellement à pourvoir dans l’entreprise, qui a profité de la pandémie pour développer des pièces qui équipent le Global 7500 de Bombardier et l’A220 d’Airbus. L’entreprise recherche des opérateurs, des machinistes et des inspecteurs.

« Même si nous offrons d’excellentes conditions, remarque M. Meloche, le marché de l’emploi est très agressif ».

Plusieurs de ses employés se sont laissé tenter par les chants d’autres industries en croissance.

Travailleurs temporaires

En réponse, l’entreprise a procédé à des « ajustements de salaire importants » ces dernières semaines. « D’ordinaire, c’est le genre de chose que nous faisons une fois l’an. Mais là, on ne pouvait pas se permettre d’attendre. Il a fallu réagir tout de suite. »

Meloche a aussi investi en automatisation. Mais pour son PDG, la meilleure solution, à ce jour, consiste à recourir aux services de travailleurs étrangers temporaires. 

Mexicains, Tunisiens et Français aboutissent régulièrement dans l’une ou l’autre des installations du Groupe Meloche. Aujourd’hui, de 5 % à 10 % de son personnel est issu de ce programme.

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