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Culture

Pénélope McQuade revient sur l’impact de Guy Mongrain dans sa carrière

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Jean-François Brassard

2023-09-29T14:00:00Z
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Elle imaginait devenir reporter de guerre, travailleuse sociale ou à peu près n’importe quoi entre les deux. Surtout, elle ne voulait pas suivre les traces de son Winston de père. Pourtant, dès qu’elle a obtenu son bac à 22 ans, Pénélope Mcquade a fait précisément ce qu’elle désirait éviter. Faisons avec elle le bilan de ses 30 ans de carrière.

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Après plus d’une heure d’entretien, un constat s’impose: la femme et animatrice en face de nous est plus sereine et ouverte qu’elle ne l’a jamais été. Elle accueille la remarque avec un mélange d’étonnement et de ravissement: «Ah? C’est ma prof de yoga qui va être contente d’apprendre ça!» Si cette discipline est entrée dans sa vie voilà 15 ans, c’est depuis 5 ans qu’elle l’incarne. «J’ai trouvé une prof qui a complètement changé ma vie. Elle m’a surtout appris à continuer ma pratique à l’extérieur du tapis de yoga.» Pénélope en ressent les bienfaits chaque heure du jour, au travail comme à la maison. 

EN ATTENDANT...

Déjà 30 ans de carrière, dont 20 à la barre de quotidiennes à la télé ou à la radio. Pas mal pour une jeune femme qui, avec un bac en communication en poche, n’avait aucune idée de ce qu’elle ferait dans la vie. «Pendant l’université, je travaillais dans les bars, je bummais et j’étais assez rock’n’roll. Je n’avais pas de véritable passion. Mais j’avais envoyé des démos, et le téléphone s’est mis à sonner.» 

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Dès 1993, Pénélope a été repêchée par Radio-Québec à titre de chroniqueuse à l’émission Service compris. En début de carrière, on l’a vue sur toutes les chaînes, de TVA à TV5, en passant par le réseau anglophone CTV. «Pendant longtemps, chaque fois que je décrochais un contrat, je pensais que c’était en attendant de faire autre chose.» Cet état d’esprit a même perduré pendant sa collaboration à Salut Bonjour, où elle a été chroniqueuse culturelle de 1996 à 2000. «Pendant les trois premières années, je signais un contrat toutes les semaines en entrant le lundi matin! Chaque fois, je me disais que ça pouvait arrêter littéralement du jour au lendemain.» Et pourtant... 

UN MENTOR

Durant ces cinq années, Pénélope a travaillé avec l’animateur Guy Mongrain, qui est vite devenu un modèle, puis un mentor. «On est plusieurs à avoir eu un rapport particulier avec lui. C’est quelqu’un que j’ai beaucoup aimé. Être à côté de lui, c’est comme être à côté d’un minou: son aura calme le rythme cardiaque. Il est groundé. C’est une figure rassurante. Il m’a encadrée, mais en me donnant beaucoup de corde. C’est tout un art!» Il a ainsi accueilli la jeune chroniqueuse avec des «cheveux de toutes sortes de couleurs» à bras ouverts, sans jugement. «J’étais un petit objet bizarre. Je ne voulais pas entrer dans le moule et, en même temps, j’aimais cette famille qui me donnait tellement de liberté! Guy m’a beaucoup encouragée à être qui j’étais, avec toutes mes différences.» 

À Salut Bonjour, elle a énormément appris, à commencer par l’importance de l’équipe. «Comme animatrice, je suis un maillon d’une très, très grande chaîne, et c’est Guy qui me l’a enseigné. C’est aussi quelqu’un qui a toujours eu un immense respect du public. Il ne prenait pas les gens pour des caves, ne nivelait jamais par le bas et faisait confiance à sa curiosité.» 

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Encore aujourd’hui, elle se tourne vers lui régulièrement. «J’ai eu des modèles comme Christiane Charette, mais Guy est un véritable mentor que je peux appeler en disant: “On m’offre telle affaire; qu’est-ce que tu en penses?”» Toujours, Guy Mongrain est là pour elle. 

SAUTS DANS LE VIDE

En 2000, exténuée, Pénélope quittait sa tribune à Salut Bonjour pour se lancer dans le vide. Ce ne sera pas la dernière fois. «Quand je ne sens pas quelque chose, je ne suis pas capable de rester et de faire semblant. Je n’aimais pas la personne que je devenais à cause de la fatigue. Je devenais irritable, sûrement pas fine, et je ne voyais jamais mes amies. J’avais 30 ans et je suis partie en ne sachant pas ce que j’allais faire. J’ai voyagé en Asie pendant quelques mois, puis j’ai eu un appel des Copines d’abord.» Ce magazine diffusé à Canal Vie lui a permis de toucher davantage à l’animation, en même temps qu’on pouvait l’entendre à la radio, sur les ondes de CKMF, puis de Rock Détente. 

JOEL LEMAY/AGENCE QMI
JOEL LEMAY/AGENCE QMI

En 2005, elle prenait la barre de Star Système, qu’elle a tenue jusqu’en 2008. Sur les entrefaites, elle devenait animatrice de Salut Bonjour week-end. Après avoir été mise sur la touche par un grave accident de voiture qui aurait pu lui coûter la vie en 2009, elle reprenait les guides de l’émission. L’année suivante, à la fin de son contrat, elle plongeait à nouveau dans le vide. «Ma mère a la mémoire de ma carrière, et je la consulte souvent. C’est elle qui me rappelle: “Chaque fois que tu te lances dans le vide, c’est toujours gagnant. Fais-toi confiance et vas-y!” Elle est vraiment bonne pour avoir une vision d’ensemble.» 

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RELEVER SES MANCHES

En 2011, contre toute attente, Radio-Canada lui déroulait le tapis rouge en lui offrant le talk-show de fin de soirée, qui succédait à Bons baisers de France. Le titre: rien de moins que Pénélope. Mais les choses ne se sont pas passées aussi bien qu’elle l’espérait, si bien qu’après seulement un an, elle était décidée à tout plaquer là. Encore. Pénélope McQuade porterait-elle le gène de l’autosabotage? «Je ne peux répondre non à la question, mais ce n’est pas ce qui a motivé mes choix. N’empêche, c’est vrai qu’il y a eu des moments où je me suis autosabotée, comme pendant la première année de Pénélope. Ce n’était vraiment pas bon. Je n’étais pas au meilleur de moi-même et je ne déployais pas toute mon intelligence. C’est comme si tout ça était trop gros pour moi et que je ne le méritais pas. Le show portait mon nom, mais je ne le voulais pas. Je n’ai pas été ma meilleure amie cette année-là...» 

À titre d’animatrice, elle est consciente de ses devoirs et de ses responsabilités. «Règle générale, on est payé trop grassement, on a trop de privilèges et on a trop le spotlight sur nous pour le faire de reculons. Je trouverais ça vraiment malhonnête.» 

Franchement démotivée pendant la première saison de Pénélope, elle s’est tournée vers Guy A. Lepage, qui lui a prodigué une leçon de sagesse: «Si tu savais à quel point je n’ai pas tripé pendant les cinq premières années de Tout le monde en parle! Mais si j’avais lâché, je serais passé à côté des plus belles années de ma carrière.» L’année suivante, on faisait table rase, et Pénélope revenait en ondes avec du sang neuf, de la réalisatrice à l’équipe de recherche, en passant par le band et le décor. L’animatrice a pris plaisir à remplir son rôle soir après soir jusqu’en 2015, à la suite de quoi l’émission a fait un virage en devenant Les échangistes, qui a occupé la grille horaire jusqu’en 2018. 

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C’est donc dire que depuis 2011, elle a animé trois émissions différentes dans le même créneau horaire. «C’était la pire époque pour les commentaires sur les réseaux sociaux», dit-elle en se référant à la grève étudiante de 2012 et au climat social ambiant. «La société était divisée, et j’y ai goûté: menaces de viol, intimidation...» Elle pèse ses mots lorsqu’elle dit: «Les gens aiment m’haïr. Il y en a qui prennent un malin plaisir à me regarder pour m’haïr. Le nombre fait en sorte que c’est très violent, mais ça finit aussi par devenir une espèce de masse informe. À un moment donné, c’est devenu tellement démesuré que ça a tout perdu de sa force. À la deuxième année des Échangistes, je me suis vraiment détachée. J’ai fait des choses pour moi et je me suis mise à me faire davantage confiance. Ces années-là ont été difficiles, mais très formatrices.» 

LIBERTÉ ET AUTONOMIE

Depuis 2019, avec Pénélope, elle occupe le prestigieux créneau des matinées à ICI Première, comme l’avaient fait avant elle Christiane Charette et Marie-France Bazzo, pour ne nommer qu’elles. Pendant deux heures trente, elle anime un plateau qui lui permet d’aborder aussi bien l’environnement que la politique, la médecine, la science ou le sport. Et la culture, aussi, bien que ce ne soit plus son sujet de prédilection. 

William Lapointe / Le Journal de
William Lapointe / Le Journal de

Sans dénigrer la télé, «qui est un autre sport», la radio lui donne des satisfactions qu’elle n’a pas trouvées ailleurs, tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel. «Ça m’a permis de me déposer. Ça fait mon affaire de ne pas me montrer la face. Tous les jours, devant moi, j’ai des gens intelligents, talentueux et courageux qui me parlent de toutes sortes de choses. Je suis toujours en contact avec quelque chose de vrai, de pur, d’important et de significatif pour la société.» Surtout, la nature souple de la radio lui permet d’aborder des sujets en profondeur, ce qu’un bloc de huit minutes à la télé lui interdirait. 

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La préparation et l’animation de cette quotidienne sont exigeantes, mais ne la dévorent pas. «C’est intégré à ma vie. Certaines fins de semaine, je passe les deux journées à lire des livres et à regarder des documentaires. La semaine, j’entre au bureau à 8 h et à18 h, j’ai fini. Quand je retourne chez moi, j’ai la tête pas mal vide. Je n’ai pas de chum depuis trois ans et je peux mettre toute mon énergie sur mon travail quand je le veux. Je trouverais plus difficile de tout squeezer la semaine pour pouvoir voir mon chum la fin de semaine. Si j’avais des enfants et les soupers à préparer, je trouverais ça plus stressant.» Elle fait une pause. «En même temps, est-ce que je travaille autant pour ne pas laisser de place à quelqu’un dans ma vie? Ça se peut très bien...» 

SIRA CHAYER/AGENCE QMI
SIRA CHAYER/AGENCE QMI

L’ARCHE DE PÉNÉ

Pénélope a donc franchi le cap de la cinquantaine sans avoir d’homme dans sa vie, et en est fort aise. «Je ne pense pas passer le reste de ma vie en étant célibataire, mais... mon Dieu qu’on est bien tout seul! Je ne vois pas ce qu’une autre personne pourrait m’apporter de plus en ce moment.» Elle précise n’être nullement en réaction à ses relations passées. Au contraire. «Je n’ai eu que des hommes formidables dans ma vie et j’aime tellement être en couple! Socialement, le post-#MeToo n’est pas facile. C’est une drôle de période... J’ai l’impression que les gars et les filles habitent sur des planètes différentes.» 

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Ses temps libres, elle les consacre à ses parents, France et Winston, et à ses amies. «Je n’ai pas été très bonne pour entretenir des amitiés durant ma vie», avoue-t-elle. En revanche, celle qui a toujours été entourée de félins décidait, à la mi-août, de s’afficher officiellement comme... gardienne d’animaux! «Chez moi, c’est rendu l’arche de Péné! J’ai pris soin de chiens durant l’été et, depuis quelque temps, je m’occupe de deux petits minous adorables qui ont été sauvés de la rue. Est-ce que je vais les garder? Je ne le sais pas encore. Je pense que j’ai d’autres chiens et chats à aimer dans la vie. J’ai de la place pour ben d’autres animaux.» Et pour un autre humain? «Je le sais ben pas...» 

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Pénélope est diffusée en semaine de 9 h à 11 h 30 à ICI Première.

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