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L'article provient de 24 heures

PDF Québec, le groupe féministe accusé d’être «transphobe» à qui le gouvernement Legault donne de l’argent

AFP
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Photo portrait de Julien Bouthillier

Julien Bouthillier

2023-03-20T21:13:34Z
2023-03-20T22:24:13Z
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Le Parti libéral du Québec (PLQ) a accusé la semaine dernière le gouvernement de François Legault de financer un groupe qu’il qualifie de «transphobe». Qui est l’organisme Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) au centre de cette controverse? On fait le point.

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C’est quoi, au juste, PDF Québec?

PDF Québec se décrit comme «un groupe féministe, citoyen, mixte, non partisan, universaliste et pour la laïcité». L’organisme, fondé en 2013, affirme parler au nom de toutes les femmes. 

Pour l'année fiscale 2022 et 2023, le groupe a reçu 143 000$ d’argent public sous la forme de subventions, selon ce que rapportait CBC la semaine dernière. 

Que reproche-t-on à PDF Québec?

Le groupe est reconnu pour ses prises de position controversées.

Vendredi dernier, dans une discussion diffusée sur Elo veut savoir, une chaîne YouTube qui a déjà partagé des informations trompeuses sur les vaccins et la COVID-19, l’anthropologue et administratrice de PDF Québec Michèle Sirois a sous-entendu, par exemple, que les «grosses compagnies pharmaceutiques» contrôlaient des «lobbys internationaux» protrans.

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«Un enfant sain, tu en fais un enfant malade à vie sur les médicaments quand tu commences ça [la transition]», a-t-elle déclaré.

Capture d'écran - Youtube
Capture d'écran - Youtube

Des propos que la militante Celeste Trianon considère comme des «mensonges». 

«Ces propos sont basés non pas sur la science, mais sur les préjugés [...]. Ce sont des propos dérangeants qui mettent en danger les droits des personnes trans», soutient l'étudiante en droit en entrevue à 24 heures

Celeste Trianon
Celeste Trianon Courtoisie

Au cours de la même discussion, Michèle Sirois a également insisté pour désigner une personne trans par les pronoms associés à son genre assigné à la naissance. 

La semaine dernière, CBC rapportait également que PDF Québec a partagé de la documentation encourageant les personnes trans à «détransitionner» et qualifiant les chirurgies d’affirmation de genre de «mutilations».

Selon le diffuseur public, le compte Twitter de PDF Québec aurait également qualifié d’«homme violent» une militante trans qui apparaissait dans une publicité de Hershey diffusée lors de la Journée internationale des droits des femmes.

«De voir PDF Québec me dépeindre comme dangereuse ou violente ou comme une menace pour qui que ce soit, c'est odieux, c'est insidieux et ça devrait être catégoriquement dénoncé», a déclaré à la CBC Fae Johnstone, la militante visée par les tweets.

Celeste Trianon affirme finalement avoir reçu des menaces de mort à la suite de publications de l’organisme à son sujet. Dans un tweet datant de janvier dernier, le groupe la qualifiait notamment d’«homme transidentifié» et il liait l’euphorie de genre – un sentiment positif que peuvent ressentir les personnes trans ou non binaires lorsque leur entourage les perçoit comme elles se perçoivent – à l’excitation sexuelle.  

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Capture d'écran
Capture d'écran

Celeste Trianon parle souvent du concept d'euphorie de genre dans le cadre de son militantisme.

Des subventions décriées

Depuis la semaine dernière, des militants trans dénoncent le fait que Québec subventionne un organisme qui tient des propos qualifiés de transphobes en ligne.

La semaine dernière, la députée libérale Jennifer Maccarone a elle aussi reproché au gouvernement de financer le groupe. Selon elle, cette décision démontre «la déconnexion totale de la CAQ face aux enjeux de la communauté 2SLGBTQIA+». 

Jennifer Maccarone
Jennifer Maccarone Photo d'archives, Simon Clark

Pour Celeste Trianon, il n’y a aucun doute: les positions de PDF sont contraires au Plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie et elles ne sont «pas du tout» féministes.

«Ce groupe ne représente pas les intérêts de toutes les femmes. C’est vraiment juste [pour] les femmes blanches cisgenres privilégiées. C’est quelque chose qui a été constaté partout dans les groupes féministes», soutient-elle.

PDF Québec rejette les accusations

PDF Québec se défend d’être transphobe. 

«Dans les propos que j’ai entendus à l’Assemblée nationale, on ne se reconnaît pas là-dedans. Je me demande si elle [Jennifer Maccarone] a bien vérifié. Est-ce qu’elle a regardé notre site et nos prises de position?», s’est indignée Michèle Sirois, anthropologue et administratrice de PDF Québec, sur les ondes de QUB radio vendredi dernier. 

Cette dernière dénonce également un «climat de censure» dans les débats entourant ces enjeux. 

Dans une déclaration écrite transmise à 24 heures, PDF Québec a dénoncé être la cible d’attaques et de menaces depuis plus d’une semaine.

«Jamais PDF Québec n’a fait des menaces à qui que ce soit, n’a appelé à la violence, n’a nié l’existence des personnes trans, ni encouragé leur détransition, ni demandé le définancement de groupes opposés à nos positions. De tels propos ont malheureusement été diffusés dans certains médias publics et par des militants», a indiqué l’organisme. 

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