Paul Arcand raconte les dessous de sa longue entrevue avec Ginette Reno
Samuel Pradier
À l’occasion de la sortie de son autobiographie et de son nouvel album, Ginette Reno a fait appel à Paul Arcand pour une entrevue-événement de 90 minutes, qui sera présentée à TVA. L’animateur vedette du 98,5 FM et intervieweur de talent nous a parlé de l’envers du décor de cette rencontre intime. Il en a profité pour se confier sur ses projets, lui qui a décidé de quitter la radio en juin 2024.
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Tout le monde savait que Ginette Reno avait le désir d’écrire un livre pour raconter sa vie. Elle en avait parlé à la radio avec Paul Arcand il y a plusieurs années. «Elle trouvait que l’exercice n’était pas facile, mais elle savait qu’elle allait y arriver, explique l’animateur. Son gérant m’a récemment appelé pour me dire que le livre était écrit et imprimé. Il voulait faire une sortie parallèle avec un nouvel album, et tous deux avaient pensé faire une émission spéciale pour la télé qui serait un mélange entre une entrevue et des performances.»
Paul Arcand a régulièrement fait des entrevues avec la chanteuse au cours de sa carrière, et l’idée de creuser sa vie plus profondément l’intéressait, d’autant plus qu’il pouvait s’appuyer sur un livre. «Quand une personne écrit son autobiographie, c’est qu’elle est arrivée à un moment de sa vie où elle souhaite se raconter et faire le point. C’est le cas de Ginette Reno. Elle s’est souvent racontée dans des entrevues, mais dans son livre, elle le fait avec un certain recul, avec une perspective différente.» Pour son entretien télévisé, il a choisi de segmenter la discussion en blocs thématiques.
«On a, par exemple, parlé de ses excès. On sait que le poids, les régimes multiples, c’est une partie importante de son existence. Elle a consulté tous les professionnels qui existent. Son rapport à l’argent, les hommes qui ont marqué sa vie, les grands moments de sa carrière, les périodes plus difficiles, aussi... L’idée était de prendre le livre et d’en faire le tour avec elle.»
Pendant l’entrevue, les questions de fond alternent avec d’autres qui évoquent des moments plus anecdotiques, émouvants ou drôles. «On a fait une longue entrevue de près de deux heures. Ginette est une artiste qui se livre, qui est généreuse. Elle a décidé de se raconter. Ce n’est pas quelqu’un qui filtre ses propos; elle s’ouvre.»
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DES SECRETS DÉVOILÉS
On pourrait penser qu’il est difficile d’apprendre encore des choses sur la vie de Ginette Reno, qui a donné des milliers d’entrevues en plus de 60 ans de carrière. «Je la connaissais quand même bien pour l’avoir reçue souvent en entrevue, mais j’ai encore appris des choses sur elle. C’est une femme qui a un recul sur ce qu’elle a vécu. Elle raconte plein de souvenirs, mais elle revient, par exemple, sur le moment que tout le monde se rappelle: sa prestation avec Céline Dion sur les plaines d’Abraham. On a tous vu la performance, mais comment se sentait-elle en haut de l’escalier quand elle a vu la foule? C’est important de comprendre son état d’esprit à ce moment-là, mais aussi relativement à des décisions importantes de sa carrière. On explore ces moments-là et d’autres marquants de sa vie.» On oublie parfois que Ginette Reno a également passé du temps à Los Angeles, qu’elle a connu des succès en France, et même à Londres.
CONVERSATION SECRÈTE
Ce n’est pas la première fois que le journaliste et animateur fait une longue entrevue avec une personnalité ou un artiste québécois. Son ancienne émission Conversation secrète était d’ailleurs basée sur ce concept. «Faire une entrevue durant laquelle on revit des moments de carrière, c’est une chose, mais là, Ginette a mûri sa réflexion en écrivant son autobiographie. Ce n’est pas facile, et ça peut être stressant de se révéler au public de cette manière. Ginette est tout sauf neutre, elle a un charisme qui fait la différence. René Angélil m’a déjà dit qu’au-delà du talent, ce qui fait la différence entre les chanteurs et les chanteuses, c’est le charisme. Ginette demeure LA chanteuse québécoise, c’est une personne entière, sans demi-mesure.»
Le tournage de l’entrevue pour l’émission spéciale Ginette – Ma vie s’est déroulée au Piano nobile de la Place des Arts. Le lendemain, au même endroit, devant un petit public, la chanteuse a interprété plusieurs de ses nouvelles chansons, qui seront incluses dans l’émission spéciale.
«Elle a eu toute une vie, il a donc fallu faire des choix! Ma job était de l’amener à se raconter.» Pour le montage de l’émission, Paul Arcand laisse une grande latitude au réalisateur Jean Lamoureux. «J’ai travaillé avec lui sur Conversation secrète, et on était pas mal à la même place. J’ai totalement confiance en lui. Jean est un magicien, je ne suis pas inquiet. C’est un travail collégial, on le fait ensemble.»
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MOTIVATIONS
Mener des entrevues avec des personnalités emblématiques et plus grandes que nature stimule l’intelligence de Paul Arcand. «J’ai un énorme respect pour les gens qui durent, et pour cela, ça prend des personnalités. Je trouve ça passionnant. Quand je suis à la radio, je fais de l’actualité, je dois parfois confronter un ministre, mais c’est au jour le jour. Là, il s’agit de prendre du temps avec quelqu’un comme Ginette Reno. Je dois juste l’aider à se raconter. Ce qui m’intéresse, ce sont les humains, et quand ce sont des humains de ce calibre, c’est passionnant.»
HUMILITÉ
Quand Paul Arcand parle de charisme, du fait de durer dans son métier et d’avoir une carrière exemplaire, il pourrait quasiment parler de lui-même. Mais c’est un écueil qu’il prend bien soin d’éviter. «Je suis très conscient que je suis connu, que ça fait longtemps que je fais ça, que j’ai une émission qui va bien à la radio, mais je n’aime pas beaucoup être à l’avant-scène. Je refuse quasiment toutes les entrevues dans les talk-shows. Ça a pris 12 ans avant que je décide d’aller à En direct de l’univers. J’aime mieux écouter les autres, poser des questions que de m’en faire poser.»
Il annonce du même coup qu’il n’est pas rendu à écrire sa propre autobiographie. «Je n’y ai jamais réfléchi. Je ne suis clairement pas là dans ma vie.» Il a néanmoins annoncé, il y a déjà plusieurs mois, qu’il allait quitter la barre de l’émission matinale du 98,5 FM à la fin de son contrat, soit en juin 2024. «C’est une décision réfléchie, qui ne m’a pas stressé. Je pense que ça arrive à un bon moment. Je ne veux pas prendre ma retraite, je vais continuer à faire des trucs.» Des documentaires et des émissions ponctuelles semblent se dessiner dans l’avenir professionnel de Paul Arcand. «Je vais continuer à faire des documentaires, parce que j’adore ça. Mais ce ne sera pas forcément toujours moi qui vais porter la série, je peux aussi être producteur au contenu. En fait, je veux être capable de choisir.»
Après avoir dirigé la série Les collectionneurs d’enfants l’automne dernier pour la plateforme Vrai, il travaille sur d’autres projets avec la maison de production Fair-Play. «Le fait de ne plus avoir, à partir d’août 2024, une quotidienne à la radio va me laisser plus de temps. Être en ondes tous les jours, durant quatre heures et demie, demande de travailler de longues heures, six jours par semaine. C’est le fun, mais arrive un moment où, à 63 ans, j’ai peut-être envie de ralentir un peu. Mais bon, moi, quand je ralentis, je travaille encore beaucoup.»
L’émission Ginette – Ma vie sera diffusée le dimanche 16 avril à 19 h 30, à TVA.
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