Une jeune femme sous l'emprise d'un présumé proxénète durant 5 ans

Kathleen Frenette
Pendant cinq ans, un résident de la région de Montréal aurait forcé une jeune femme à se prostituer et l’aurait traînée de ville en ville avec un seul et unique objectif: faire toujours plus d’argent.
Lundi, au premier jour du procès d’Erickson Angibeau, accusé de traite de personnes, de proxénétisme, de voies de fait et de menace, Chantale – prénom fictif – est venue raconter le tourbillon infernal dans lequel elle a été plongée après l’avoir connu sur un site de rencontre.
À l’époque, Chantale venait de se séparer et, tranquillement, elle est tombée amoureuse d’Angibeau, un résident de Montréal-Nord, qui était «gentil et attentionné» avec elle.
«J’allais souvent chez lui, ce qui a entraîné plusieurs retards à mon travail, que j’ai finalement perdu», a témoigné la femme aujourd’hui âgée de 34 ans. Comme elle «avait besoin de sous», l’idée a germé, chez le nouveau couple, qu’elle pourrait faire «des massages érotiques».
Toutefois, selon ce qu’elle a raconté à la juge Rachel Gagnon, Angibeau a rapidement pris le contrôle de la business, et si elle s’occupait des clients, lui, il gérait de façon très serrée l’argent.
Rapidement, l’homme aurait estimé que les massages n’étaient pas assez payants, et la femme dit s’être alors livrée à la prostitution.
«Une journée, je pouvais faire 4-5-6 clients... Une autre journée, ça pouvait être moins, c’était variable... Mais quand Angibeau était là, c’était tous les jours», a-t-elle mentionné lorsque questionnée par la poursuivante, Me Valérie Lahaie.
Des clients, elle dit en avoir vu à Québec, à Saint-Georges, à Rimouski, à Chicoutimi, à Rivière-du-Loup, à Matane, au Saguenay, au Nouveau-Brunswick, à Vancouver et à Ottawa.
«De plus en plus, je dépendais de lui. Je n’avais pas d’argent et je devais payer mes choses. Il me disait que je dépendais de lui. Que s’il n’était pas là, je n’aurais rien et que c’est lui qui subvenait à mes besoins...», a-t-elle dit.
«Pour moi, j’étais sa blonde. Lui, c’était mon chum, donc c’était mon devoir de le faire. Et c’est la seule issue que je voyais», a-t-elle ajouté.
Après l’emprise psychologique, les coups ont commencé à pleuvoir, et les menaces se sont ajoutées.
«Un jour, il m’a dit qu’il avait fait plus de cadavres sur cette terre que n’importe qui... alors j’avais peur qu’il s’en prenne à ma famille... parce que ma famille, c’est tout ce que j’ai», a ajouté Chantale.
Le procès d’Erickson Angibeau doit se poursuivre mardi.