Party à bord d'un avion: pas simple de dérouter un avion
Sylvain Larocque | Journal de Montréal
Écourter le vol en folie de Sunwing et faire atterrir l’avion aux États-Unis pour mettre fin au party, ça peut sembler une bonne idée, mais ce n’est pas aussi simple.
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« Dérouter un avion, ce n’est pas quelque chose qui se fait en cinq minutes. Le commandant doit aviser la compagnie, ça prend une nouvelle autorisation de circulation, il faut que la douane soit prête à nous accueillir. Ça prend une bonne demi-heure, trois quarts d’heure. En fonction de la position de l’avion par rapport à sa destination, on va se demander si ça vaut vraiment la peine » explique Frédéric Jauvin---, pilote de ligne et instructeur de vol.
« Les règles sont très claires : les pilotes ne sortent jamais [du cockpit], c’est une question de sécurité. On se base beaucoup sur l’information qu’on reçoit de la cabine. Qu’est-ce qui a été dit ou pas aux pilotes ? Peut-être que les agents de bord ont dit : “on est encore capables de tenir pendant un petit bout de temps” », renchérit un autre pilote, Dominic Daoust.
Écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec le commandant de bord Dominic Daoust sur QUB radio:
« Il y a des impacts opérationnels à atterrir d’urgence. [...] On avait une gang de détraqués qui faisait le party en arrière, mais de ce qu’on en sait, c’était une gang relativement de bonne humeur, donc moi je ne sais pas si j’aurais voulu être le gars qui leur dit : “Finalement, on ne s’en va plus à destination”, compte tenu du niveau d’indiscipline », ajoute-t-il.
S’il y avait eu un danger réel, les pilotes n’auraient pas hésité à se poser, croit M. Jauvin.
« C’est sûr que les coûts vont toujours entrer en ligne de compte, mais si la sécurité est compromise, l’argent n’est pas un enjeu, toutes les compagnies vont envoyer l’avion au sol, peu importe où c’est ou combien ça coûte », dit-il.
Vol privé, mêmes règles
Notons que les règles habituelles s’appliquaient à ce vol, même s’il n’était pas ouvert au grand public.
« Ce n’est pas impossible que les agents de bord aient donné un peu de latitude aux passagers au début, qu’ils se soient dit : “bon, c’est du monde qui fait le party, ils ne dérangent personne”. Mais une heure plus tard, l’alcool commence à faire effet et on perd le contrôle », affirme Dominic Daoust.