À cause du variant Delta: pas de retour à la normale avant 2022, prédit un virologue
Genevieve Abran
Même si le Québec a atteint des taux de vaccination impressionnants comparativement au reste du monde, il faudra s’armer de patience (et de vaccins) avant de pouvoir penser à un retour à la normale, prévient un virologue.
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Avec le variant Delta qui poursuit sa percée au Québec, il reste encore trop de «zones grises» pour abandonner le port du masque ou la distanciation sociale, prévient le professeur au Département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et virologue Benoit Barbeau. Attendons à 2022 pour y penser sérieusement, ajoute-t-il.
«À un moment donné, on n’aura pas le choix d’accepter le fait qu’on doit vivre avec le virus de la COVID-19, à moins qu’un scénario extraordinaire arrive et que ce virus devienne [...] moins virulent ou disparaisse.»
Le fait est que, même huit mois après le début de la campagne vaccinale mondiale, il nous en reste beaucoup à apprendre sur le virus et l'effet des vaccins sur sa progression.
«Les précautions sont nécessaires pour éviter que la quatrième vague soit trop importante, insiste le virologue. Même si on s’attend à ce que le taux d’hospitalisations soit faible, on veut réduire au maximum le nombre de cas.»
Changement de plans
Ce n’est pourtant pas ce qu’avait prévu le gouvernement du Québec.
Avant l’été, le premier ministre François Legault avait laissé entendre que le port du masque pourrait être abandonné dès le mois de septembre si la province atteignait 75% d’immunisation. Et c’est maintenant chose faite: en date d’aujourd’hui, 75% des Québécois ont reçu leurs deux doses de vaccin, alors que 85,7% des personnes âgées de 12 ans et plus sont doublement vaccinées.
«Avec le variant Delta, on s’aperçoit que la valeur initiale de 75% n’est plus valable», mentionne M. Barbeau.
Vu la hausse des nouvelles infections, le premier ministre a d'ailleurs annoncé en point de presse, mardi, que le port du masque serait finalement obligatoire en tout temps dans les cégeps et universités. Québec prévoyait pourtant une rentrée sans masque.
Le retour à l’école et au travail, même si c’est en mode hybride, sera un bon moyen de voir comment le virus se comporte tandis que les contacts sociaux augmentent, croit-il.
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L’immunité collective, encore une option?
Face à la quatrième vague qui menace le Québec, le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique, a dit souhaiter atteindre un taux de vaccination de 90%, voire de 95%. Un objectif qui sera difficilement atteignable, croit Benoit Barbeau.
«On peut se permettre de continuer les efforts [pour] vacciner le plus de personnes possible, mais je crois qu’à un moment donné, on atteint un plateau, mentionne-t-il. Plutôt que de viser un pourcentage, on doit envoyer le message que le maximum de personnes doit être vacciné.»
Et pour le virologue, il vaut mieux oublier cette idée d'immunité collective, «parce qu’il y aura toujours une partie de la population qui ne voudra pas se faire vacciner».
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Par ailleurs, pour éviter que de nouveaux variants ne viennent compliquer la lutte contre la COVID-19, les pays riches comme le Canada doivent participer à l'effort de vaccination dans les pays plus pauvres, soutient Benoit Barbeau. «Si on ne permet pas de vaccination mondiale, il n’y aura pas de contrôle de la pandémie», prévient-il.