Pas d’amertume pour Laurent Duvernay-Tardif
Stéphane Cadorette
Une fracture à la main droite au camp d’entraînement a privé Laurent Duvernay-Tardif d’une véritable opportunité de retrouver son poste de garde à droite partant. Voilà que les Chiefs ont même décidé dimanche de ne pas lui faire enfiler l’uniforme. La séquence de mauvaises nouvelles est pourtant loin d’ébranler le Québécois.
Duvernay-Tardif s’est prêté à une série d’entrevues individuelles dans le cadre de son association avec les producteurs de lait du Québec pour une campagne publicitaire, mais impossible de ne pas discuter football avec lui.
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Après tout, celui qui a fait son entrée dans la NFL en 2014 s’imposait rapidement comme partant dès sa deuxième saison. Depuis, quand il est en santé, c’est le rôle qu’il a occupé jusqu’à la conquête des Chiefs au Super Bowl, en février 2020.
S’il ne cache pas que sa mauvaise fortune des dernières semaines l’a affecté, il estime tout de même avoir atteint son but, étant donné qu’il avait mis une croix sur la saison 2020 afin de combattre la pandémie au front, en CHSLD.
«Je suis un compétiteur né, donc ça m’a anéanti sur le coup de ne pas pouvoir être partant, mais juste d’avoir été capable de me retailler une place dans l’une des équipes les plus performantes de la NFL, c’est gros. Cette année, j’ai vraiment célébré à la dernière journée des coupures parce que je me suis dit : j’ai réussi. C’était ça mon premier objectif», a-t-il confié au Journal de Québec.
Circonstances difficiles
Le sympathique joueur de ligne offensive faisait pourtant écarquiller des yeux à son arrivée au camp des Chiefs à la fin de juillet.
«C’est dommage parce que je connaissais un bon camp jusque-là. Même notre directeur général (Brett Veach) était venu me voir pour me dire à quel point il trouvait ça impressionnant que je revienne aussi fort après plus d’un an loin du terrain», a-t-il raconté.
Autant Duvernay-Tardif s’accrochait à l’idée de retrouver son poste de garde à droite partant, autant il était conscient que la pente pour y parvenir serait abrupte.
«Les gens tiennent parfois ça pour acquis, mais se tailler une place dans une formation, c’est déjà très difficile. Je n’avais pas accès aux gyms, je travaillais des heures en CHSLD et j’essayais de garder la forme physique d’un athlète professionnel qui bénéficie normalement d’une équipe médicale pour optimiser ses performances. Pour moi, c’est une grosse victoire en soi d’être encore avec l’équipe.»
Prêt à jouer
Aujourd’hui, le docteur se dit remis de sa blessure à 100 % et prêt à sauter sur le terrain.
«Les Chiefs m’ont dit : “Prends le temps qu’il faut, assure-toi d’être bien guéri, parce qu’on aura besoin de toi dans la saison”.»
«Tout ce que je sais, c’est qu’une saison de football, c’est long et tu as besoin d’une manière ou d’une autre que tout le monde contribue», a-t-il rappelé sagement.
Pour l’instant, c’est la recrue Trey Smith qui a pris sa place sur la ligne offensive, un fait que le Québécois accepte en bon soldat.
«Hier [dimanche], je n’étais pas en uniforme, mais j’ai passé le match à refiler des informations et des conseils à Trey. J’essaie de l’aider au maximum. Le but c’est de prendre le rôle qu’on me donne et de retourner au niveau où j’étais avant de me blesser. Je dois montrer que je peux être une option de prédilection pour le poste de garde à droite.»
Le Nouvel ambassadeur du lait québécois
Il y avait déjà Laurent Duvernay-Tardif, le joueur des Chiefs, mais aussi le diplômé en médecine, l’intervenant en CHSLD, le conférencier et le responsable d’une fondation à son nom. Puisque sa vie n’était pas assez remplie, c’est le rôle de porte-parole des Producteurs de lait du Québec qui vient désormais combler ses rares temps libres.
Ne reculant jamais devant une aventure, Duvernay-Tardif s’est associé aux producteurs de lait pour les trois prochaines années. Déjà, il a tourné trois publicités humoristiques dans lesquelles ses facettes d’athlète, d’étudiant et de «p’tit gars de la campagne» sont mises de l’avant.
«J’ai eu mon mot à dire pour la campagne. L’idée des différentes facettes de ma vie, ramenées à l’idée du petit gars à la campagne en rencontrant de vrais producteurs dans leur ferme, je trouvais que ça produisait un bel équilibre et que c’était à mon image. J’aimais l’idée de mettre de l’avant les producteurs avec le produit sain qu’est le lait. C’était important que le produit soit en ligne avec qui je suis», a expliqué l’homme aux mille et un défis.
Huit jours de tournage
Pendant huit jours, Duvernay-Tardif a participé au tournage de la campagne publicitaire.
«Ça sort bien parce que j’ai dû avoir 40 prises pour le faire !» a lancé en éclatant de rire celui qui a grandi sur la terre, au verger familial.
Les défis engendrés par la COVID-19, principalement lors des premiers mois de la pandémie, n’ont que confirmé son attachement aux produits de l’agriculture locale.
«Avec la pandémie, on s’est rendu compte à quel point on était fragile face aux importations de nourriture. Le lait est un produit qui est 100 % de chez nous, partout au Québec. C’est précieux qu’on ait cette ressource qui provient de fermes à échelle humaine. Ce type d’agriculture me parle», a-t-il spécifié.
Même s’il se défend aussi bien dans son rôle que sur une ligne de mêlée dans la NFL, Duvernay-Tardif n’entend pas devenir pour autant une vedette du petit écran.
«Mon assiette est déjà pas mal pleine, a-t-il rappelé. J’ai même ressenti une certaine anxiété avant de sauter sur le plateau de tournage. Je n’avais jamais vécu ça. C’est ma première grosse campagne, une nouvelle expérience dans mon bagage.»