Pas besoin de cours pour conduire un camion: «On en voit qui ne sont pas capables de reculer»
Au Québec, on peut se retrouver au volant d'un 18-roues sans avoir suivi de formation obligatoire.
Francis Halin et Denis Therriault
Des milliers de «camionneurs au rabais», dont plusieurs sont originaires d’Asie du Sud-Est, sillonnent nos routes au volant de poids lourds. Souvent mal payés, peu formés et au volant de camions laissant parfois à désirer, ils posent un risque pour la sécurité routière, dénoncent des responsables de l’industrie.
Contrairement aux voitures ou aux motos, il n’est pas nécessaire d’avoir suivi un cours de conduite pour se retrouver au volant d’un poids lourd au Québec.
«Pourquoi il faut un cours obligatoire pour une moto, mais pas un camion?» s’interroge Michael Forcier, qui dirige TCF Express, à Pierreville.
D’après Christian Daigle, président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), cela mène à des «dangers sur la route».

«On a des cours de conduite pour des automobiles de petit gabarit, et on n’est pas obligé d’en avoir avec les poids lourds, c’est complètement aberrant», s’indigne-t-il.
Ils déplorent que des camionneurs se présentent à l’évaluation sans avoir suivi la moindre formation.
«C’est un problème pour les citoyens qui vont croiser sur la route ce monde-là après», alerte Christian Daigle.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Une comptine pour les pièces
Pour la ronde de sécurité autour du camion, des chauffeurs incapables de parler ni français ni anglais «apprennent une comptine» pour retenir le nom des pièces.
D’après Jean-Claude Daignault, président de la Fraternité des constables du contrôle routier du Québec (FCCRQ), il est urgent de serrer la vis en imposant une formation.

«On en voit qui ne sont pas capables de reculer un camion ou de déplacer les essieux. Si la formation était obligatoire au Québec, on serait capable de renvoyer la personne passer un examen», observe-t-il.
Ça s’en vient, dit Québec
Au cabinet de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, on répond que l'on prévoit rendre les cours obligatoires au cours de l’année.
«Des modifications législatives ont été apportées au Code de la sécurité routière en mai 2024 afin d’habiliter la SAAQ à imposer cette formation», indique-t-on.
Québec dit avoir conçu une formation de 125 heures, avec une vingtaine d’heures de plus que celle de l'Ontario où il y a «de sérieuses lacunes d’application».
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