Guerre tarifaire avec les États-Unis: le consommateur-contribuable se fait planter royalement

Michel Girard
C’est quoi la «savante» stratégie derrière les contre-tarifs que le Canada impose sur les produits importés des États-Unis?
Il est clair que le prochain gouvernement fédéral, qu’il soit libéral ou conservateur, se servira de ces «nouvelles» recettes pour financer les «nouveaux» programmes d’aide financière aux entreprises canadiennes victimes des tarifs imposés par Donald Trump sur les produits canadiens.
Pour le moment, on parle de contre-tarifs canadiens à hauteur de 25% sur 155 milliards de produits américains importés. Cela équivaut à une surtaxe canadienne de 39 milliards!
Concrètement, ça veut dire quoi pour nous, consommateurs canadiens? Ça veut dire que nous allons devoir payer de notre poche de consommateur la fameuse surtaxe des contre-tarifs canadiens sur les produits importés des États-Unis.
Ce ne sont pas les Américains qui paient pour ces contre-tarifs canadiens, mais bel et bien nous, les Canadiens. Et la facture, je le répète, s’élève à 39 milliards $.
Ainsi, non seulement le coût des produits américains va-t-il augmenter à cause des droits de douane de 25% imposés par Trump sur les produits que les États-Unis importent du Canada, du Mexique, de l’Europe... mais en plus, on va devoir payer ladite surtaxe des contre-tarifs imposés sur les produits américains par notre propre gouvernement fédéral.
ON SE PLANTE...
En tant que contribuable-consommateur québécois et canadien, on se fait financièrement planter de tous bords tous côtés avec cette monstrueuse guerre tarifaire déclenchée par le nouveau président des États-Unis.
- Le volume de nos exportations de marchandises vers les États-Unis va baisser à cause des tarifs de Trump.
- Cela va entraîner des baisses de revenus et de bénéfices dans nos entreprises exportatrices, donc moins de recettes fiscales pour nos gouvernements fédéral et provinciaux.
- S’ensuivront des dizaines de milliers de mises à pied qui nécessiteront un fort accroissement des dépenses de la part du programme d’assurance-emploi.
- Des programmes gouvernementaux d’aide financière aux entreprises canadiennes en difficulté, tant au fédéral qu’au niveau provincial, seront créés et cela, aux frais évidemment des contribuables.
- Pour couronner le tout, on paiera maintenant une imposante surtaxe sur les produits américains importés au Canada.
LAISSONS TRUMP SE PLANTER
Avec sa vision protectionniste à outrance et son imposition de tarifs sur les produits importés du Canada, du Mexique, de l’Europe, de la Chine, Donald Trump va aller chercher dans les poches des consommateurs américains des revenus additionnels de plus de 100 milliards $ US.
Les proches de Trump devraient lui rappeler que ce sont effectivement les consommateurs américains qui vont finalement les payer ces fameux tarifs de 25% (ou de 10% dans le cas de l’énergie).
Parenthèse: on s’entend que les entreprises importatrices américaines refileront la facture des tarifs de Trump à leurs clients américains. C’est pourquoi les prix de détail des produits importés vont grimper. Et qu’en fin de compte, cela générera de l’inflation.
Avec ses droits sur les importations, Donald Trump croit que cela permettra aux entreprises américaines d’augmenter leurs productions, de rapatrier en sol américain des filiales. Et il s’attend également à ce que des entreprises étrangères aillent s’établir aux États-Unis en vue de bénéficier du lucratif marché américain de 347 millions d’habitants.
Le problème? Il est impossible pour les entreprises américaines de rapatrier en sol américain toute la production des produits importés. Bâtir de nouvelles usines, agrandir des usines existantes... ça va prendre des années pour se matérialiser.
LA DATE DE PÉREMPTION DE TRUMP
Comme le mandat de Donald Trump comprend une date de péremption, soit dans quatre ans, il y a fort à parier que les multinationales américaines vont prendre leur mal en patience au lieu de se lancer dans d’immenses investissements.
Conséquence de la guerre tarifaire déclenchée par le président américain: il y aura aux États-Unis énormément de perdants, tant chez les consommateurs que du côté des entreprises.
C’est le libre-échange qui permet aux consommateurs de bénéficier de la saine concurrence et non le protectionnisme à la Donald Trump.
Bien sûr que le Canada, le Mexique, l’Europe, la Chine vont également perdre des plumes durant le règne protectionniste de Trump.
Cependant, la solution ne réside pas dans l’imposition de contre-tarifs sur les marchandises importées des États-Unis, lesquels contre-tarifs auront pour effet de pénaliser davantage les consommateurs québécois et canadiens.