Panthers: un public à reconquérir


Jonathan Bernier
«En Floride, les gens encouragent les équipes qui gagnent. Et présentement, l’équipe est incroyable. Ça fait du bien de revoir des spectateurs dans les gradins.»
Brian Skrudland n’est plus impliqué dans le monde du hockey depuis 2016, mais il continue de regarder autant de matchs qu’à l’époque où il était entraîneur adjoint avec les Flames, ou directeur du développement des joueurs en Floride.
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En tant que membre de la première formation des Panthers et de celle qui a atteint la finale de la Coupe Stanley en 1996, Skrudland, qui vit aujourd’hui à Calgary, a toujours gardé un lien affectif particulier avec cette concession.
C’est pourquoi il garde un œil attentif sur ce qui se passe dans le sud de la Floride. Tout comme chez le Canadien, d’ailleurs, avec qui il a gagné la coupe Stanley en 1986. Quand il regarde la façon dont jouent Jonathan Huberdeau et ses coéquipiers, il ne peut s’empêcher de leur souhaiter de vivre la même frénésie que celle qu’il a vécue en 1996.
«Un printemps complètement fou»
«Ça avait été un printemps complètement fou. Lorsqu’on a battu [les Penguins de] Pittsburgh pour atteindre la finale, on s’est rendu directement au Colorado. Ce n’est qu’en revenant, après le deuxième match, qu’on a compris tout le buzz qu’il y avait dans la région», a raconté Skrudland lors d’une entrevue téléphonique avec Le Journal.
«Partout le long de l’autoroute 95, il y avait des affiches mentionnant que nous étions champions de l’Association de l’Est. La nuit venue, les immeubles étaient illuminés aux couleurs des Panthers, a-t-il poursuivi. D’ailleurs, je me demande si ça aurait fait une différence de rentrer de Pittsburgh au lieu d’aller directement au Colorado. Même si l’excitation était à son comble, on aurait certainement pu se nourrir de toute cette effervescence.»
La descente aux enfers
Menée par Joe Sakic, Peter Forsberg et Patrick Roy, l’Avalanche n’avait fait qu’une bouchée des Panthers, les balayant en quatre parties.
Skrudland était alors persuadé que l’histoire d’amour entre l’équipe et les partisans venait de prendre son véritable envol. Après tout, les chandails du Canadien, des Nordiques, des Maple Leafs de Toronto et des Bruins de Boston étaient devenus beaucoup moins nombreux au cours de cette saison, la troisième de l’histoire de cette concession.
Ce fut le cas l’hiver suivant, mais les 18 années infernales qui ont suivi, dont une décennie complète (de 2001 à 2011) sans participer aux séries éliminatoires, ont réduit à néant tous les efforts.
«C’est certain que si l’équipe avait continué de gagner, l’engouement aurait continué de grandir. C’était rendu que quand on sortait des entraînements, il y avait des autobus scolaires remplis de jeunes et un parquet de partisans qui attendaient pour des autographes. On n’avait jamais vu ça auparavant.»
Quelle culture gagnante?
De ces cendres ont émergé les Jonathan Huberdeau, Aleksander Barkov et Aaron Ekblad, trois joueurs qui forment le noyau principal de ce club. En tant que directeur du développement des joueurs, poste qu’il a occupé de 2010-2011 à 2015-2016, c’est en partie à lui que revenait le mandat d’inculquer une culture gagnante à ces jeunes. Comment y parvenir quand l’existence de la concession a été tout le contraire?
«Quand je suis arrivé à Montréal, on m’a envoyé à la maison avec une boîte de cassettes vidéo contenant des archives des grandes équipes des années 1950, 1960 et 1970. Évidemment, avec les Panthers, je n’avais rien de tout ça à offrir. Alors, je racontais notre parcours de 1996. Je leur disais que les gens ici aimaient le hockey et que s’ils gagnaient, ils auraient un soutien incroyable pendant les séries.»
«J’espère vraiment qu’ils auront l’occasion d’en être témoins comme nous avons pu le faire en 1996 et qu’ils sauront créer autant d’électricité dans le sud de la Floride--- que ce qu’on voit avec le Lightning.»
La balle est maintenant dans le camp des Panthers. Mais parvenir à sortir de la division Atlantique ne sera pas une sinécure.