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L'article provient de TVA Sports
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Owen Beck: un objectif ambitieux mais pas impossible

Owen Beck
Owen Beck Photo Jean-François Chaumont
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Photo portrait de Jean-François Chaumont

Jean-François Chaumont

2023-02-20T13:00:00Z
2023-02-20T13:01:26Z
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Il y a de petits pubs, des restaurants et des photos des joueurs des Petes sur la rue George. 

Dans cette ville de 80 000 habitants au nord-est de Toronto, Scotty Bowman, Jacques Martin, Bob Gainey, Steve Yzerman, Mike Ricci et Chris Pronger ont tour à tour bâti leur légende.

Un bel espoir du Canadien porte maintenant les couleurs des Petes. Échangé des Steelheads de Mississauga le 7 janvier dernier, Owen Beck cherchera à sa façon à suivre les traces des autres grands de cette organisation. Mais il est encore bien loin de cette réputation.

Le cœur de cette ville reste le Peterborough Memorial Centre, un vieil aréna bâti en 1956 qui peut contenir 4300 personnes. C’est là que les Prédateurs de Granby avaient gagné la Coupe Memorial en 1996. À l’intérieur de l’édifice, ça respire le hockey. Et il y a aussi l’odeur qui vient avec. Dans cette imperfection, on n’est pas loin de la perfection.

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«Tu dois regarder les coins, ils sont pratiquement carrés, a prévenu un recruteur de la LNH. La rondelle peut bondir un peu partout.»

De la folie

Le jeudi 16 février, les Petes reçoivent les 67’s d’Ottawa pour un choc entre les deux meilleures équipes de la division Est de la Ligue junior de l’Ontario. Trois heures avant le match, Beck grimpe dans la salle de presse pour rencontrer l’auteur de ces lignes.

Le choix de 2e tour du CH (33e au total) a pris son souffle pour offrir un résumé des derniers mois de sa vie de hockeyeur. 

«La meilleure façon de décrire mes six ou sept derniers mois tient en un seul mot : incroyable. Je ne m’attendais pas à réaliser autant de rêves en si peu de temps. Je ne réalise pas encore parfaitement. C’est juste fou. Je peux dire assez humblement que j’ai vécu une année mouvementée!»

«J’aurai besoin d’un pas de recul pour comprendre tout ce qui s’est déroulé. Ça me frappera probablement un peu plus cet été. Je me suis fait repêcher ; j’ai participé à un premier camp dans la LNH ; j’ai gagné la médaille d’or avec Équipe Canada ; j’ai joué mon premier match dans la LNH ; et je joue maintenant pour l’équipe de mon enfance à Peterborough.»

Dans son énumération, il a oublié son excellent tournoi des recrues à Buffalo avec le CH, son renvoi de l’équipe canadienne au départ et son rappel d’urgence quelques jours plus tard pour remplacer Colton Dach qui s’était blessé.

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Une date inoubliable

Des sept derniers mois, Beck n’oubliera pas la date du 28 janvier. Avec les nombreux blessés et le Rocket de Laval en voyage à Cleveland, le Tricolore lui a lancé un S.O.S. pour un rare rappel d’urgence. À 18 ans, il a joué son premier match dans la grande ligue dans une défaite de 5 à 0 contre les Sénateurs.

«J’ai adoré l’expérience, a-t-il répliqué. Le Canadien a eu tellement de classe avec moi. À la veille du match, Nick Suzuki m’a invité à souper à Ottawa. J’ai partagé un repas avec Suzuki, Hoffman, Wideman, Allen, Dvorak et Anderson. Je me retrouvais à la table avec une demi-douzaine de joueurs de la LNH. »

«Le lendemain, j’ai participé à l’entraînement matinal, j’ai fait la routine d’un joueur de la LNH. Le CH m’avait fait une belle surprise en plaçant les rondelles d’une façon où on pouvait lire mon nom de famille pour la période d’échauffement. Ils m’ont accueilli à bras ouverts. J’ai fait mon tour de recrue sans mon casque. Malgré le résultat final, c’était vraiment une journée géniale.»

Un message de St-Louis

Beck a suivi le rythme pour un joueur qui brisait la glace dans une nouvelle ligue.

«Je ne me sentais pas trop loin de la LNH, a-t-il répliqué. J’ai joué un peu moins de dix minutes, j’ai eu deux chances et je me suis assez bien débrouillé défensivement. Dans l’ensemble, j’étais heureux. Mon style de jeu cadrait bien avec celui de la LNH. Ce n’est pas inatteignable pour moi.»

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Renvoyé dès le lendemain à son équipe junior, il a reçu un message de Martin St-Louis.

«Martin m’a envoyé un texto le lendemain pour me dire que je pouvais être fier de moi. Il me rappelait que je n’avais pas eu beaucoup de temps pour me préparer mentalement et que je devais découvrir un nouveau système en moins de 24 heures. Il m’a dit que j’avais assimilé l’essentiel rapidement pour connaître une bonne rencontre.»

Des mots simples, mais des mots qui résonnent encore dans sa tête près d’un mois plus tard. 

«Owen est très intelligent»

Beck se fait toujours décrire comme un centre intelligent. Il a cette qualité sur la glace, mais aussi à l’école. Il a gagné l’an dernier le trophée du joueur étudiant de l’année dans la Ligue canadienne de hockey.

« Si je ne jouais pas au hockey, j’aurais voulu devenir médecin, dit Beck en entrevue au Journal. Il n’y a pas de docteur dans ma famille, alors j’aurais bien aimé être le premier. On ne sait jamais. Mais pour l’instant, je me concentre sur le hockey. »

Beck a pris une pause de l’école cette année, mais il a l’intention de s’inscrire à des cours probablement à l’été. Plus jeune, il a aussi étudié en immersion française de la garderie jusqu’à la sixième année. Il a fait l’entrevue en anglais puisqu’il a perdu en bonne partie son français, mais une fois qu’il s’établira à Montréal, il a bon espoir de rattraper le temps perdu.

À l’image de Nick Bobrov, Martin Lapointe, Kent Hughes ou Martin St-Louis, Rob Wilson indique l’intelligence comme première qualité de son joueur avec les Petes de Peterborough.

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« Owen est très intelligent, a affirmé Wilson. Il est aussi un très bon jeune, vraiment respectueux. Il a le respect de ses coéquipiers et des entraîneurs. C’est un joueur qui se dévoue à son équipe. »

« Sur la glace, il a du chien, il est fort au cercle des mises en jeu, il est un bon patineur et il n’a pas peur de se frotter le nez dans les endroits chauds. Il lit bien le jeu avec ou sans la rondelle. Il grandira encore comme joueur. Il a réellement un beau potentiel en raison de son coffre d’outils, mais surtout de son intelligence et sa vision du jeu. Je l’imagine comme un centre très responsable au niveau de la LNH. »

Inspiré par Bergeron et Danault

En 46 matchs cette saison dans la OHL, Beck a récolté 52 points (20 buts, 32 passes). Mais il ne fait pas parler de lui en raison de ses chiffres personnels.

« Je retire une grande fierté à l’idée de jouer de la bonne façon sur la glace, a expliqué le numéro 16 des Petes. Je m’attarde aux détails. J’ai toujours voulu devenir un centre complet. J’avais la même mentalité dans le Midget AAA. J’ai souvent obtenu le rôle du deuxième centre qui s’occupait de plusieurs mises en jeu en territoire défensif. Je consacre beaucoup d’énergie à mon jeu dans mon territoire. »

«Je regarde Phillip Danault, Bo Horvat ou Patrice Bergeron. Ils ne sont jamais les gars les plus offensifs de leur équipe, mais ils ont une grande valeur. Je ne visionne pas des séquences d’eux, j’aime mieux regarder des matchs. Tu ne réalises pas l’importance d’un Bergeron ou Danault juste en suivant des faits saillants. Tu dois suivre un match pour voir comment ils jouent dans leur territoire, comment ils s’occupent de la transition et comment ils gagnent des mises en jeu.»

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«J'y crois toujours»

Owen Beck lors d’un match préparatoire contre les Devils, le 26 septembre au Centre Bell.
Owen Beck lors d’un match préparatoire contre les Devils, le 26 septembre au Centre Bell. Photo Martin Chevalier

Owen Beck l’avait dit à son retour du Championnat du monde junior où il a gagné l’or avec le Canada. Pour la saison prochaine, il s’imagine dans l’uniforme du Canadien.

«Oui, j’y crois toujours, a répliqué Beck. J’ai encore besoin de me développer comme joueur de hockey, mais je ne pense pas que cet objectif de jouer dans la LNH l’an prochain est inatteignable. C’est mon but. Je verrai si j’y parviendrai, mais c’est clairement dans ma tête.»

Âgé de 19 ans depuis le 3 février dernier, Beck pourrait retourner avec les Petes de Peterborough, une équipe à 30 minutes de route de Port Hope, sa ville natale en Ontario.

Rob Wilson, l’entraîneur en chef des Petes, n’a pas osé s’aventurer sur ce terrain.

« Je n’ai aucune idée des plans du Canadien l’an prochain, a répondu l’homme de 54 ans. Si Owen gagne un poste à Montréal dès l’automne prochain, toute l’organisation des Petes se réjouira pour lui. Mais si Owen revient à Peterborough, toute l’organisation des Petes sera heureuse. Nous l’encouragerons. »

« Owen est encore un jeune joueur, a-t-il enchaîné. Il jouera sa saison de 19 ans l’an prochain. Je ne peux pas prédire où il jouera la saison prochaine, mais je peux me mouiller en me disant que le Canadien le regardera très attentivement au prochain camp. Il a un futur très brillant. Jeff Gorton et Kent Hughes ne voudront pas bousculer les choses avec lui. Ils lui ouvriront les portes de la LNH quand ils sentiront qu’il sera prêt. Et ça pourrait être l’an prochain. »

Un ralentissement

Depuis son arrivée à Peterborough, Beck a amassé 11 points (3 buts, 8 passes) en 16 matchs. Il ne roule pas au même rythme qu’avec son ancienne équipe à Mississauga (41 points en 30 matchs).

« Oui, c’est un peu plus lent pour moi sur le plan offensif, a-t-il reconnu. J’ai eu besoin de temps pour apprendre le nouveau système et m’adapter à de nouveaux coéquipiers. »

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