Oui, les inondations comme à Baie-Saint-Paul vont augmenter, mais il y a de l’espoir
Andrea Lubeck
On sait depuis un bon moment déjà que le réchauffement climatique va augmenter la fréquence et l’intensité des inondations au Québec, comme le vivent actuellement les résidents de Charlevoix, de Lanaudière et des Laurentides. Face à ce constat, qu’est-ce qu’on fait pour s’en protéger et limiter les dégâts? La réponse se trouve en partie dans la nature.
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Au Québec, de l’eau, il y en a partout; 80% des municipalités sont riveraines. À cause de ça, une grande partie du territoire est menacée de voir davantage d’inondations qui provoqueront des dégâts encore plus importants avec l’aggravation des changements climatiques.
Et comme les bâtiments ont été construits à une époque où on ne parlait pas encore d’urgence climatique, ils sont mésadaptés pour faire face à ce genre de conséquences.
«Historiquement, on a imperméabilisé nos sols avec l’urbanisation qui s’étend loin des centres. On a construit autour des cours d’eau et on a limité l’espace que les rivières ont pour monter et descendre», souligne Julien Bourque, analyste politique principal, gestion des enjeux, à l’Institut climatique du Canada.
C’est pourquoi on parle autant d’adaptation, c’est-à-dire les façons de modifier ce qui nous entoure – comme les bâtiments – pour mieux vivre avec les aléas climatiques et que ceux-ci nous touchent moins.
«Faire d’une pierre, plusieurs coups»
L’une des mesures d’adaptation qui est de plus en plus préconisée, ce sont les solutions fondées sur la nature. On parle, par exemple, de reboiser les rives, de revégétaliser des espaces, de restaurer les milieux humides ou de miser sur des infrastructures vertes et bleues.
C’est sur ces dernières que mise Pointe-Saint-Charles, qui s’apprête à inaugurer la première ruelle bleu-vert au Québec dans les semaines à venir. L’arrondissement a modifié les infrastructures de la ruelle longeant le Bâtiment 7 pour réorienter l’eau du système d’égout vers des végétaux qui y ont été plantés. Ça améliore la résistance aux débordements d’égouts et aux inondations.
«C’est vraiment faire d’une pierre, plusieurs coups à la fois», explique Ursule Boyer-Villemaire, spécialiste en risques climatiques et adaptation chez Ouranos.
En plus d’avoir «une capacité tampon qui permet d’atténuer les pics de crues», ces espaces végétalisés vont réduire les îlots de chaleur, capter le carbone et embellir le paysage, ce qui aide à rendre les humains plus heureux, illustre-t-elle.
Non seulement ça, mais ça permettrait aussi d’atteindre l’engagement que Québec a pris à la COP15 sur la biodiversité de protéger de 30% des territoires terrestres et maritimes de la province.
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Pas la seule solution
Or, on ne peut pas se fier uniquement sur la nature pour régler nos besoins d’adaptation, nuance Ursule Boyer-Villemaire.
«Dans les milieux plus densément peuplés, ça prend quand même des solutions techniques pour protéger les bâtiments qui sont des services essentiels. On ne peut pas s’en remettre uniquement à des solutions qu’on ne contrôle pas tant que ça.»
Dans cette optique, on risque de voir davantage de ce qu’on appelle les water squares, ces parcs inondables conçus pour absorber l’eau. La place des Fleurs-de-Macadam, sur Le Plateau-Mont-Royal, en est un exemple. Et ça marche: lors des pluies diluviennes qui se sont abattues sur Montréal en septembre dernier et qui ont inondé de nombreux bâtiments et le métro, tout le secteur autour du parc a été épargné d’importants dégâts.
Il faut également revoir les normes de construction des bâtiments pour les rendre plus résilientes et éviter de construire le plus possible dans les zones inondables. À ce chapitre, les gouvernements planchent sur une réforme des codes du bâtiment, nous assurent les experts à qui on a parlé.
Ne pas négliger l’atténuation
C’est bien beau parler de la nécessaire adaptation aux changements climatiques, mais ce n’est pas une raison pour arrêter de miser sur l’atténuation, note Ursule Boyer-Villemaire. Ce qu’elle entend par là, c’est qu’il faut quand même réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Heureusement, des solutions basées sur la nature s’attaquent aussi à ce défi.