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Environnement

Oui, les changements climatiques sont responsables de (presque) toutes les anomalies de température

Joël Lemay / Agence QMI
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2023-01-06T19:57:11Z
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Est-ce que le redoux qu’a connu le Québec dans les derniers jours est lié aux changements climatiques? La question ne se pose plus, s’accordent les experts. Les anomalies de température – pour les événements liés à la chaleur, du moins – sont aujourd’hui presque toutes stimulées par l’activité humaine.

De nombreux records de chaleur ont été enregistrés un peu partout dans la province pour le réveillon du jour de l’An. De Gatineau à Fermont, en passant par la Baie-James, Val-d’Or, Montréal et Roberval, les températures ont atteint des sommets les 30 et 31 décembre. 

• À lire aussi: Des records de chaleur hivernale battus en Europe et au Québec...mais du froid polaire aux États-Unis et en Inde

Il faut savoir que l’hiver québécois a toujours été ponctué de périodes de douceur et de froid polaire, même sans l’influence de l’activité humaine. Compte tenu de cette variabilité naturelle du climat, comment savoir si les anomalies de températures sont réellement dues aux changements climatiques? 

JOEL LEMAY/AGENCE QMI
JOEL LEMAY/AGENCE QMI

Il fait (beaucoup) plus chaud

«Plutôt que de demander si le redoux que l’on vient de vivre au Québec est attribuable aux changements climatiques, il faudrait plutôt dire que ce redoux est totalement cohérent avec le réchauffement du climat et qu’il s’inscrit dans une tendance lourde qui ne va pas dans la bonne direction», affirme d’emblée le directeur général d’Ouranos, Alain Bourque. 

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«Sans les changements climatiques, il y aurait autant de redoux que de vagues de froid, ce qui donnerait une température planétaire constante depuis les 150 dernières années», ajoute le climatologue. 

Or, le Québec n’a connu que des anomalies de températures positives depuis 1998, selon les données du ministère de l’Environnement. La moyenne annuelle des 24 dernières années a donc toujours été plus élevée que la normale au 20e siècle, contrairement aux années précédentes où l’écart variait du plus au moins. 

«Quand on regarde sur l’ensemble de la planète, on constate que les vagues de chaleur sont beaucoup plus fréquentes et probables que les épisodes de grand froid», précise le météorologue à Environnement Canada, Nicolas Gillett. 

De fait, l’Europe n’a pas été en reste pour le Nouvel An. De la France à l’ouest de la Russie, la température a grimpé jusqu’à 20 degrés au-dessus des normales entre le 31 décembre et le 2 janvier. 

Des événements «plus probables ou plus graves»

Au début des années 2000, un nouveau domaine de recherche en climatologie est apparu: la science de l’attribution, qui explore l’influence de l’humain sur les phénomènes météorologiques comme les vagues de chaleur, les inondations, les typhons, les sécheresses et les feux de forêt. 

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Une antenne parabolique est utilisée pour faire traverser aux enfants une zone inondée après de fortes pluies de mousson au Pakistan, le 26 août 2022.
Une antenne parabolique est utilisée pour faire traverser aux enfants une zone inondée après de fortes pluies de mousson au Pakistan, le 26 août 2022. AFP

Les experts constatent que la vaste majorité d’entre eux sont «plus probables ou plus graves» en raison des changements climatiques. 

Un rapport de Carbon Brief publié en août dernier a analysé 504 événements qui se sont produits dans les dernières années. Résultats: 71% des ont été aggravés par l’activité humaine. Et sur les 152 épisodes de chaleur étudiés, les changements climatiques ont augmenté la probabilité ou la gravité de 93% d’entre eux. 

Douze événements météorologiques extrêmes, comme les vagues de chaleur au Royaume-Uni, en Inde et au Pakistan, auraient même été «impossibles» sans la crise climatique. 

• À lire aussi: Chaleur extrême: le Royaume-Uni émet sa toute première alerte rouge

Même chose pour le dôme de chaleur qui a touché la Colombie-Britannique en 2021, rappelle le météorologue Nicolas Gillett. «Il a été prouvé que ça aurait été presque impossible sans l’influence de l’activité humaine», dit-il. 

De multiples incendies ont éclaté en Colombie-Britannique après le dôme de chaleur qui a établi de nouveaux records de température, à la fin du mois de juin 2021.
De multiples incendies ont éclaté en Colombie-Britannique après le dôme de chaleur qui a établi de nouveaux records de température, à la fin du mois de juin 2021. AFP

• À lire aussi: Le dôme de chaleur au Canada «presque» impossible sans le réchauffement climatique

«Historiquement, c’est la variabilité naturelle du climat qui prédominait pour expliquer ces événements. Dans 30 ans, ils seront entièrement expliqués par les changements climatiques», prévient quant à lui Alain Bourque. 

Et aujourd’hui? «On a dépassé le seuil de détectabilité c’est-à-dire que les gens ont commencé à réaliser par eux-mêmes que le climat n’est plus le même, et on peut clairement attribuer tout ça à l’activité humaine», fait-il valoir.

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