Noyautage idéologique à l'Université: mythe ou réalité?


Joseph Facal
L’attaque brutale de Trump contre les universités est une mauvaise approche de vrais problèmes.
«Pas un sou pour l’antisémitisme dans nos universités», dit Poilievre.
D’accord, mais il est avare de détails.
Monopole idéologique de la gauche radicale dans nos universités?
Manufactures du wokisme déjanté?
Foyers d’antisémitisme?
Biais
J’ai enseigné longtemps à l’université.
Croyez-moi, il n’y a pas beaucoup de gauchistes en médecine, en droit, en génie, à HEC, ni chez les étudiants ni chez les professeurs.
Dans leur immense majorité, ces étudiants veulent des revenus élevés et un statut social envié.
Vous seriez étonné du nombre d’étudiants dans ces facultés qui sont là pour faire plaisir à leurs parents.
Leurs profs, eux, savent qui beurre leur pain.
En physique, chimie, mathématiques, etc., le gauchisme radical existe, mais il est marginal et fait sourire.
Vouloir «autochtoniser» la physique (oui, ça existe) est le plus sûr moyen de dynamiter votre crédibilité parmi vos pairs.
Le vrai problème réside dans les sciences sociales, les humanités, les études littéraires, et les studies (gender, queer, black, etc.)
Le grand économiste américain Thomas Sowell a déjà lâché: la prochaine fois qu’un professeur vous chantera les vertus de la diversité, demandez-lui combien il y a de conservateurs dans le département de sociologie.
En 2021, Eric Kaufmann, de l’Université de Londres, publia une vaste étude sur les professeurs d’université au Canada.
73% se disaient de gauche et 4% de droite.
60% de ceux qui se définissent comme conservateurs disaient vivre dans un climat hostile à leur endroit, alors que seulement 9% de ceux qui se disaient de gauche ressentaient cela.
45% des professeurs de gauche jugeaient que s’être prononcé en faveur de Trump (en 2021, donc avant ses niaiseries actuelles) était un motif suffisant pour ne pas embaucher cette personne.
7% des professeurs disaient avoir voté pour les conservateurs à l’élection fédérale de 2021, qui ont pourtant obtenu 34% du vote général, soit plus que les libéraux.
41% des professeurs de moins de 40 ans étaient favorables au congédiement de collègues pour des raisons idéologiques, un pourcentage deux fois plus élevé que chez leurs collègues plus âgés.
Bureaucratie
Si on est assez âgé pour se souvenir de l’université de jadis, il crève les yeux que cette forte prédominance des idées de gauche s’est accrue avec le temps.
Plus on placote sur la diversité, moins il y a de diversité des idées.
Un cercle vicieux s’est installé: les profs de gauche qui contrôlent les départements engageront de nouveaux profs qui partageront leurs idées, et ceux qui ont d’autres sensibilités s’éloignent, sachant qu’ils ont peu ou pas de chances.
Et on ne parle ici que des profs, alors qu’une insidieuse bureaucratie veut aussi assujettir tout le campus à l’évangile EDI.
La guerre Israël-Hamas, elle, a fait ressurgir, aux côtés des critiques légitimes de l’État hébreu, un antisémitisme virulent.
Agir? Oui. Comment? J’y reviendrai.