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Où en est-on au Québec avec Black Lives Matter, deux ans après le décès de George Floyd?

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Photo portrait de Anne-Lovely Etienne

Anne-Lovely Etienne

2022-05-25T10:00:00Z
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BILLET - 25 mai 2020. «I can’t breath» a été la dernière phrase prononcée par George Floyd, un Noir mort asphyxié cloué sous le genou d’un policier blanc. Le mouvement Black Lives Matter a alors pris des proportions planétaires. Deux ans plus tard, qu’en retient-on au Québec?

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Ce printemps-là, en plein cœur de la pandémie, j’ai texté mon amie Djody et on s’est retrouvées toutes les deux à la première marche «La vie des Noir.e.s compte» organisée au centre-ville de Montréal.

Courtoisie
Courtoisie

Je dois avouer que ce souvenir est ancré en moi à tout jamais: deux jeunes femmes noires le poing en l’air, dans une mare de gens, qui scandent «non» au racisme et à l’injustice sociale. 

Au Québec, je ressentais FINALEMENT une sensibilité et un désir véritable de comprendre ou d’ouvrir la discussion sur les notions du racisme systémique ou encore du profilage racial. 

MAXIME DELAND/AGENCE QMI
MAXIME DELAND/AGENCE QMI

Comme par magie, des articles dans les médias fusaient de partout sur la fragilité blanche, le privilège blanc, l’appropriation culturelle, le code switching, les biais inconscients, le mot qui commence en N, les micro-agressions, le black face... Le décès de George Floyd a amené une réflexion sociale dont a eu conscience la majorité, peu importe sa couleur de peau. 

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Il était une fois Une Noire, une trans, un Autochtone...  

Depuis, l’enjeu de la diversité n’a jamais été autant à la mode. C’est une tendance très populaire – comme le blazer aux épaulettes surdimensionnées, qui refait son retour sur les podiums des fashion shows

Les décideurs politiques et culturels font « l’effort » de raconter en utilisant la diversité. Ça sonne ainsi : «Il était une fois une Noire, une trans et un Autochtone...» Observez. C’est comme ça pour plusieurs campagnes publicitaires, dévoilements de séries télévisées, et ça se voit même au sein des élus aux élections municipales et provinciales. (Jamais vu autant de femmes noires ici en politique!)

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Je ne vais pas me plaindre. Au contraire. Je suis heureuse de cette brise de changement qui s’opère sur la scène médiatique populaire : le Québec n’est pas seulement composé d’individus qui ressemblent à Robert Charlebois et Céline Dion. Surprise!

Des entreprises nationales comme Sephora ou Reitmans ont mis en vedette des visages de la diversité comme l’activiste inuite Shina Nova, l’écrivaine et artiste interdisciplinaire innue Natasha Kanapé Fontaine et la rappeuse Sarahmée. Des émissions de téléréalité ouvrent l’espace à des personnes issues de la communauté LGBTQ+. 

Shina Nova est parmi les têtes d'affiche d'une campagne publicitaire de Sephora.
Shina Nova est parmi les têtes d'affiche d'une campagne publicitaire de Sephora. Photo Courtoisie Sephora

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Toutefois, je crains que cette diversité ne soit qu’une tendance – comme le blazer aux épaulettes surdimensionnées. Elle doit devenir un must, une normalité, une évidence et une implacable vérité, car elle reflète la réalité du Québec d’aujourd’hui. 

Je ne veux plus entendre parler de discrimination positive. Je désire plutôt entendre parler de richesse culturelle. 

• À lire aussi: 3 activistes québécois nous parlent des impacts de la mort de George Floyd, 2 ans après

Et la police...  

Et du côté de la police? Il n’y a qu’à penser l’an dernier à Mamadi Camara, accusé à tort d’avoir agressé un policier à Montréal, et à Jean René Junior Olivier, abattu alors qu’il était en pleine crise de santé mentale à Repentigny, pour voir qu’il reste du chemin à faire – et que les conséquences peuvent être horribles.

Mamadi Camara, accusé à tort d'avoir agressé un policier
Mamadi Camara, accusé à tort d'avoir agressé un policier Photo Agence QMI, Joël Lemay

Les gens issus des minorités visibles sont loin d’être aussi nombreux en proportion dans la police que dans la société générale. C’est un problème! 

Pourquoi ne pas créer des programmes pour recruter des jeunes policiers issus de l’immigration qui comprennent la réalité d’un jeune Noir, Arabe ou Autochtone?

En résumé, depuis 2020, la discussion difficile est amorcée. Les leaders médiatiques, politiques, culturels sont interpellés ou du moins n’ont pas le choix d’être aux aguets. 

Toutefois, il y a du chemin à faire. Beaucoup même.

Les suprémacistes blancs sont toujours présents. L’extrême droite n’est jamais très loin : il y a même un retour de la théorie de grand remplacement chez nos voisins du Sud. Ça fait vraiment peur. 

• À lire aussi: Le «grand remplacement», la théorie évoquée par le tireur de Buffalo

Plus tôt ce mois-ci, un tueur blanc âgé de 18 ans, a ouvert le feu sur 10 Afro-Américains, dans un quartier de Buffalo aux États-Unis. Il se réclamait suprémaciste blanc. 

La guerre au racisme est loin d’être gagnée. 

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