La loi 21 affecterait les choix de carrières des étudiants en droit et en enseignement

Agence QMI
Plus de la moitié des étudiants (51 %) disent qu’ils quitteront le Québec pour trouver du travail en raison de la Loi sur la laïcité, selon une étude menée par des chercheurs des universités McGill et Concordia.
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Parmi ceux qui ont indiqué qu’ils chercheront du travail en dehors du Québec, un peu plus de la moitié étaient dans le domaine de l’éducation, peut-on lire dans le document de recherche.
Les auteurs de l’étude, Elizabeth Elbourne, professeure à l’université McGill, et Kimberley Manning, professeure à Concordia, ont examiné comment la loi 21 «affecte les choix de carrière et les expériences de discrimination des étudiants». Rappelons que cette loi interdit à certains fonctionnaires, dont les enseignants du système public et les procureurs, de porter des symboles religieux au travail.
«L’un de nos objectifs était de recueillir des informations sur l’impact potentiel de la loi 21 sur la disponibilité des futurs professionnels, en particulier des éducateurs, compte tenu de la pénurie d’enseignants au Québec», a expliqué Mme Manning, professeure agrégée au Département de sciences politiques.
Elles ont ainsi envoyé un questionnaire en ligne à 629 personnes, entre la mi-octobre 2020 et le début du mois de novembre 2021.
Selon le coup de sonde, 70 % des étudiants interrogés ont déclaré avoir une perception plus négative du Québec depuis l’adoption de la loi en 2019 - même ceux qui ne portent pas de symboles religieux.
Plus de discrimination
Par ailleurs, 34 % des répondants ont déclaré avoir subi «une discrimination accrue» depuis. Un peu plus de la moitié de ce groupe (56,5 %) a indiqué porter un symbole religieux.
Des 84 participantes s’identifiant comme musulmanes et portant un hijab, 76 % ont rapporté avoir vécu de la discrimination depuis que la loi a été adoptée, comme du harcèlement verbal dans la rue, des commentaires leur disant que le hijab était illégal et des conflits dans les écoles.
Les étudiants juifs ont aussi rapporté avoir vécu davantage d’antisémitisme.
«Nous avons remarqué que de nombreux étudiants nous ont fait part de leur profonde détresse en constatant l’impact de l’adoption de la loi sur leurs camarades de classe, les membres de leur famille, leurs amis et leurs camarades de classe», a déclaré Elizabeth Elbourne, professeure agrégée au Département d’histoire et d’études classiques.
«Un certain nombre d’étudiants en éducation ont laissé des commentaires indiquant qu’ils n’étaient pas disposés à enseigner au Québec en raison de la loi 21, même s’ils n’étaient pas directement touchés personnellement», a-t-elle ajouté.
Pour les deux chercheuses, les données du sondage «suggèrent que la Loi 21 contribue à la pénurie d’enseignants au Québec et à la division au sein des écoles».