Opéré au coeur en mai dernier, Patrick Norman donne de ses nouvelles
Daniel Daignault
On peut affirmer que la vie est douce et parsemée de petits et grands bonheurs pour Patrick Norman, qui célébrera ses 77 ans en septembre. S’il s’est parfaitement remis de son opération au cœur, subie en mai, il ne s’est pas encore remis de la vague d’amour qui a déferlé sur lui en juin, lors du spectacle de la fête nationale à Québec. Le chanteur et auteur-compositeur nous a reçus chez lui et s’est confié avec émotion.
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Dans leur superbe résidence située sur la Rive-Nord, dotée d’une cour arrière au décor apaisant, Patrick et Nathalie nous accueillent, affichant un bonheur manifeste. Bien sûr, il y a eu cette frousse au printemps dernier quant à son état de santé, mais l’artiste a repris du poil de la bête! «Il va très bien, c’est merveilleux!» lance Nathalie. Est-elle plus attentionnée envers son mari depuis? «Je le suis tellement tout le temps! Je veux qu’il soit bien et qu’il vive de belles choses. Alors oui, c’est encore plus fort depuis qu’il a été opéré. Ç’a été difficile, mais ç’a très bien été. C’est plus l’examen qu’il a passé avant qui m’a inquiétée. Et la guérison a été un peu ardue.»
Rappelons qu'en 2011, Patrick avait subi une opération pour un triple pontage coronarien. «Je n'ai eu aucune complication. Pour ce qui est de mon opération en mai, c'était ma valve aortique qui ne faisait pas son travail. Mon coeur était en train de grossir. Quelques heures après l'intervention, qui était quand même majeure, j'étais content; l'impact n'aurait pas été le même s'il avait fallu qu'ils m'ouvrent. Je me suis bien remis: deux semaines après, j'étais sur scène.»
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Et Nathalie d'ajouter: «J'ai dit au médecin qu'on avait un spectacle à faire. On a eu un rendez-vous pour que Patrick passe tous les tests nécessaires, et le médecin a donné son accord pour le spectacle. Il n’a posé qu’une seule condition: que Patrick s’assoie de temps en temps au cours de la soirée.» Avant cette chirurgie, il avait eu des signes qu’il n’allait pas bien. «Juste à me tourner de côté dans le lit, j’étais à bout de souffle. Un peu avant l’opération, j’avais fait un spectacle et, rendu à la dernière chanson, je courais un peu après mon souffle.» À présent en pleine forme, Patrick dit: «On fait du vélo,Nathalie et moi. C’est fantastique! Je vais bien et je pense que l’ingrédient miracle est que je suis en amour!»
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De grandes émotions sur les Plaines
Parlant d’amour, l’artiste tenait à revenir sur le moment formidable vécu lors du spectacle de la fête nationale à Québec, sur les plaines d’Abraham. Il avait déjà eu l’occasion de s’y produire à plusieurs reprises, mais cette fois-là revêtait quelque chose d’unique. «C’était une belle façon de boucler la boucle», confie-t-il. Nathalie souligne: «J’ai apprécié le fait que, en faisant les arrangements de Quand on est en amour, ils aient prévu une longue intro, ce qui a permis à Patrick de prendre le temps de recevoir tout cet amour. C’était très touchant!»
Son conjoint enchaîne: «Je venais de passer encore dans le vestibule de l’autre monde... Tu te dis que c’est peut-être normal. J’ai 76 ans. Mon père est mort à 74 ans, je lui survis! On arrive à livrer de l’amour aux gens, on les fait se sentir bien, mais c’est nous qui retirons tout le plaisir. Et se le faire retourner comme ça, avec 50 000 personnes, ça ne m’est pas arrivé souvent. Les gens se sont mis à se faire des câlins; autrement dit, ils se transmettaient mon câlin!» relate-t-il, encore touché par le moment.
«Quand j’ai fait La guitare de Jérémie, c’était l’fun. C’était le party, les gens chantaient. Et ce qui m’a touché un peu plus qu’à l’habitude...» Il s’interrompt, pris par l’émotion, puis poursuit: «... c’est à quel point les jeunes aimaient ce que je faisais et qu’ils me le montraient. Une belle jeunesse qui a chanté avec moi Quand on est en amour. Les gens l’adorent, cette pièce. C’est un grand succès qui a traversé le temps. Elle est pleine de vérité, et si tu la mets en pratique, tu vas être heureux. De voir les gens la chanter avec moi, ç’a été extraordinaire!»
Ce moment magique restera certes gravé dans sa mémoire. Nathalie peut d’ailleurs en témoigner. «Ça lui a pris au moins deux jours avant d’en revenir! Ça l’a beaucoup marqué. Il y avait des moments dans la journée où je le voyais en train de pleurer. Et quand je lui demandais s’il pensait encore aux Plaines, il me répondait que oui. J’étais tellement heureuse pour lui, parce que je trouve qu’il mérite de vivre cet amour, avec tout ce qu’il a donné depuis tant d’années. Quand il a vu la vidéo de ce moment, il s’est remis à pleurer.»
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Un long chemin vers le succès
Quand je fais remarquer à Patrick qu’il a eu une belle carrière, qu’il a réussi à durer, mais qu’en plus ses chansons font partie de notre patrimoine, il opine de la tête. «C’est ce que je pense, quand je fais le bilan. J’ai traversé toutes les années et ces périodes-là. Imagine... j’ai commencé à enregistrer sur des quatre pistes! Les équipements se sont raffinés au cours du temps. Ça fait quand même 50 ans que je chante!» Ses 50 ans de carrière, il avait envisagé de les fêter de belle façon, mais la pandémie a mis le projet sur pause. «Il est arrivé plein de choses qui auraient dû être célébrées, comme ses 50 ans de carrière, mais aussi la fin de Pour l’amour du country (qu’il a animée dès 2002 et durant 16 saisons!). Il y a beaucoup de choses que j’aurais aimé qu’il vive, et quand j’ai vu cette foule qui lui témoignait tout son amour, j’étais vraiment fière», confie Nathalie.
Pour Patrick, le chemin n’a pas toujours été facile. «Je voulais faire de la musique, mais ce n’est pas évident quand tu commences. Alors, j’ai longtemps eu un travail de jour. Mes parents disaient: “C’est beau, la musique, mais il faut que tu travailles. Ça te prend de la sécurité.” J’avais des groupes, mais j’ai eu plusieurs emplois; j’ai travaillé longtemps dans une imprimerie. J’ai vendu des pièces d’auto et travaillé aussi à l’entreprise Bovril. C’est en 1967 que j’ai décidé de faire de la musique à temps plein», relate celui qui avait notamment connu un grand succès à la fin des années 1970 avec la chanson disco Let’s Try Once Again.
6 ans de mariage, 10 ans de bonheur
Autre raison de célébrer pour Nathalie et Patrick: il y a 10 ans qu’ils se sont rencontrés, et le 22 juillet, ils ont célébré leurs 6 ans de mariage. «Je n’attendais pas après ça. J’étais là où je voulais être, et c’était moi qui décidais de ma vie à ce moment-là. Mais quand j’ai rencontré Nathalie, ça s’est fait de la bonne façon, dans le respect. Je ne la connaissais pas et je voulais tout découvrir de cette femme-là. Maudit que j’aimais être avec elle! Elle est arrivée au bon moment.»
Y a-t-il un secret en particulier qui leur permet d’entretenir cette félicité? «On est différents... Je dirais que je suis assez zen, relaxe, alors que Pat est un petit plus homme, rock’n’roll. On se complète, je le calme beaucoup», dit-elle. «Elle est magique pour moi, parce que je viens parfois en câline, et c’est souvent pour une niaiserie. Mon père était comme ça: j’ai hérité de cette colère nerveuse. Mais Nathalie, grâce à sa belle douceur, son élégance, sa façon de venir à moi, me désarme totalement. Je suis un homme très vulnérable depuis que je connais cette dame», confie l’amoureux en souriant.
Ils sont heureux dans leur maison que Patrick possède depuis 2012. «J’ai un paysagiste, mais j’entretiens les fleurs, je m’occupe des poissons. On a même un canard! On aime profiter du beau temps dans notre cour», dit-il. Quant au chalet dans les Laurentides qu’il possédait depuis 2007, il a décidé de le vendre. Une décision qu’il regrette. «C’était beau, il n’y avait personne, on était sur le bord d’un lac. La pandémie nous a fait prendre quelques mauvaises décisions, dont celle-là, parce qu’on n’y allait plus. Mais si je ne l’avais pas vendu, on y serait allés beaucoup plus souvent qu’on pense», mentionne-t-il.
Une tournée d’adieu jusqu’en 2024
Le refrain est bien connu: lorsqu’on traverse un moment difficile et qu’on réalise que la santé ne tient souvent qu’à un fil, on comprend qu’il faut profiter à fond de la vie. «C’est exactement ça. On n’a plus de temps à perdre. Je garde mes passions et je vais là où je trouve mon bonheur et mes plaisirs. La musique, par exemple. Je vais toujours en faire. J’arrête juste de faire des tournées. Comme Elton John. Je le soupçonne d’avoir entendu dire que j’allais arrêter! (rires)»
Il a décidé il y a quelque temps que les tournées, c’était fini pour lui. Après celle-ci, Si on y allait (comme le titre de son album enregistré en 2019 pour ses 50 ans de carrière), qui se conclura en 2024, il va continuer de chanter, aux côtés de Nathalie. Mais pour ce qui est de la vie entre deux valises, il a décidé qu’il avait donné. «J’aime ça, des tournées. Chaque fois, ça dure deux ou trois ans. C’est une longue histoire d’amour entre le public et moi. J’aime rencontrer le monde. Ce sont des gens que j’aime parce que je vois à quel point ils sont contents de nous recevoir. Par contre, dorénavant, je vais dire non à tout ça, dit-il avec un brin de nostalgie. Je vais continuer à donner des spectacles, mais de façon moins intensive.»
Les spectacles de Patrick et Nathalie sont courus, le public est fidèle. «Les gens nous disent souvent qu’on les inspire, et ça, c’est vraiment l’fun», souligne Nathalie. Patrick renchérit: «On est tous les deux passionnés par la musique et on a le désir de faire une différence. Souvent, il y a des personnes qui viennent me voir pour me dire que je leur ai donné le goût de reprendre leur guitare, et j’aime ça. Quand je vais donner un spectacle, quand je vais chanter, je ne suis pas capable d’appeler ça du travail. Ça ne se peut pas comme j’ai une vie riche et gratifiante!»
En outre, le printemps prochain, il se produira à la Maison symphonique avec l’OSM, les 21 et 22 mai. «L’Orchestre symphonique de Montréal! Je connais l’OSM depuis mon enfance, et ils m’invitent à aller chanter mes chansons avec eux. C’est l’apogée! On m’aurait dit ça il y a 25 ans, je ne l’aurais jamais cru.»
Pour connaître les dates de sa tournée Si on y allait, rendez-vous sur son site.