Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Isolement sanitaire: pas de douches pendant 14 jours pour des prisonniers

Partager

Charles Lecavalier | Bureau parlementaire

2021-09-30T14:48:24Z
2021-09-30T16:12:33Z
Partager

Taille exiguë des cellules, suspension des douches, annulation des sorties extérieures, absence de contacts humains, vêtements souillés, le ministère de la Sécurité publique a porté « un dur coup » à la santé mentale des prisonniers pendant la pandémie.

« On a constaté des choses pas de bon sens. On leur donnait un vêtement de rechange et ils devaient le garder pendant 14 jours sans avoir accès à une douche. Ça n’avait pas de bon sens », a dénoncé la Protectrice du citoyen Marie Rinfret. 

« Il y a eu une augmentation de 70 % du nombre de plaintes liées aux conditions de détention et d’hygiène. Ces plaintes ont été formulées principalement par des personnes qui avaient terminé leur quarantaine. D’autres l’ont été par des proches, car ils n’avaient plus de nouvelles, et le personnel correctionnel ne donnait aucune information », dévoile son rapport annuel présenté jeudi. 

Mme Rinfret a souligné que les règles internationales de prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants n’ont pas été respectées, même si c’était dans un contexte où on cherchait à enrayer la transmission de la Covid-19. « Si ça arrivait aujourd’hui, si on maintenait cette situation-là, oui, je vous dirais que clairement, ce serait l’équivalent d’une forme de torture », a-t-elle expliqué. Elle comprend toutefois que le réseau des centres de détentions a pu être désorganisé lors de la première vague. 

Publicité

Au début de la pandémie, le ministère de la Sécurité publique a instauré une mise en isolement pour toute personne nouvellement admise dans une prison, qu’elle provienne de l’extérieur, d’un autre établissement de détention ou d’un hôpital, pour limiter la propagation de la Covid-19. Dans les faits, les conditions de détentions sont devenues « intolérables ». Ils étaient « coupés de leurs proches, sans effet personnel, sans vêtement de rechange pendant 14 jours, et sans lectures », dit-elle. 

Suspension de droits 

On a suspendu le droit à au moins une heure de sortie extérieure par jour et une douche au moins deux fois par semaine, ainsi que les communications téléphoniques et les visites et l’accès aux aires de vie pour les personnes en quarantaine. 

Son équipe a visité des centres de détentions et a pu « constater la détresse psychologique que vivent les personnes incarcérées en raison de l’isolement et de l’aspect inconnu que représentait la pandémie » et a observé « un niveau élevé de tension à l’intérieur des établissements ».

La protectrice ne prend pas la situation à la légère. Elle souligne que l’Organisation mondiale de la santé recommande le dépistage des personnes incarcérées nouvellement admises plutôt que la mise en quarantaine pendant 14 jours. « Un isolement médical inutile a des effets négatifs sur la santé mentale », dit l’OMS. 

Prévention de la torture 

Elle cite également le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradant, qui affirme « qu’en cas d’isolement ou de mise en quarantaine d’une personne détenue infectée ou suspectée d’être infectée par le virus du SRAS-CoV-2, la personne concernée devrait pouvoir avoir des contacts humains significatifs tous les jours ».

Encore aujourd’hui, « l’accès aux aires communes est interdit » aux personnes en isolement, et «l’accès aux douches et aux cours extérieures reste problématique. Mme Rinfret a également souligné que des détenus se plaignent d’agents correctionnels qui ne portent pas correctement leurs masques. 

Et avec la pénurie de personnel, qui frappe également les centres de détentions, les sorties à l’extérieur sont régulièrement coupées. « Les visites avec les proches ne sont pas revenues » non plus, tout comme des activités de formation nécessaires à leurs réinsertions. 

Publicité
Publicité