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Rock Bière et RV Métal nous font découvrir le monde mystérieux des drag kings

Joël Lemay / Agence QMI
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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2021-11-06T13:00:00Z
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Vous connaissez probablement Rita Baga. Vous êtes sûrement déjà allé voir des spectacles de drag queen dans le Village. Mais avez-vous déjà entendu parler des drag kings? On a discuté de ce phénomène en plein essor avec deux performeuses montréalaises qui ont réussi à faire leur place dans ce monde souvent hostile aux femmes.  

C’est quoi, un drag king?  

C’est une personne qui décide d’imiter des gestes, des actions et des façons de parler que l’on associe généralement aux hommes. C’est donc, en quelque sorte, à l’opposé d’une drag queen. Femme, homme, non-binaire: toutes les identités de genre peuvent s’adonner à cet art.  

Quelle place aux femmes?  

Malgré l’effervescence du drag à Montréal, c’est encore difficile, pour les femmes, de percer.  

«Il faut vraiment se battre. On a vraiment un poids sur nos épaules, de performer et d’être intéressantes. Il n’y a pas beaucoup de chances [de percer], alors, quand on l’a, on est mieux d’être intéressantes. Si le public ne t’a pas aimée, on ne te “rebookera” pas», explique Mélodie Noël Rousseau, qui, sur scène, devient Rock Bière.  

Geneviève Labelle (alias RV Métal), à gauche et Mélodie Noël Rousseau (alias Rock Bière), à droite.
Geneviève Labelle (alias RV Métal), à gauche et Mélodie Noël Rousseau (alias Rock Bière), à droite. Joël Lemay / Agence QMI

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Si les femmes drag kings sont si peu nombreuses, c’est beaucoup à cause de la misogynie du milieu, affirme pour sa part Geneviève, alias RV Métal. «[Les femmes] se sont découragées à en faire. Le milieu est très clos», renchérit Mélodie, qui décrit le Village comme un milieu plein d’«hommes blancs gais cisgenres».  

Même si Rock Bière et RV Métal ont reçu un bon accueil au sein de la communauté drag, pour d’autres, «c’est moins facile», mentionne Mélodie. 

Heureusement, les choses commencent à changer. Et des drag kings, il y en a de plus en plus. «Ça grouille en maudit, à Montréal», se réjouit Mélodie.  

Mélodie Noël Rousseau (alias Rock Bière)
Mélodie Noël Rousseau (alias Rock Bière) Joël Lemay / Agence QMI

Un monde de libertés  

Dans leur pièce de théâtre documentaire, Rock Bière: Le documentaire, qui sera présentée du 16 novembre au 4 décembre au théâtre Espace Libre, les deux drags s’interrogent justement, avec d'autres acteurs du milieu, sur la place des femmes dans cet univers. Le spectacle, entièrement en lip-sync, comprend aussi des performances de Rock Bière et des projections du chemin de Mélodie vers le drag. 

Avec Rock Bière: Le documentaire, Geneviève, qui est la metteuse en scène, a voulu marier le drag au théâtre documentaire. «On veut que les gens crient, qu’ils aient du fun, qu’ils gardent leur cellulaire allumé, qu’ils fassent des stories pendant le show. On veut un public vivant devant nous», ajoute Mélodie.   

Et du fun, sur scène, elles en ont. Ce que les deux comédiennes préfèrent du drag: la liberté totale que leur permet leur art. «La règle numéro 1 est qu’il n’y en a pas», insiste Mélodie.  

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D’ailleurs, comme les modèles de drag kings se font rares, «les styles sont très éclatés». Pour les deux complices, l’objectif, c’est d’être une caricature de l’homme. «On rit du patriarcat», lance Geneviève, en riant. 

Geneviève Labelle (alias RV Métal)
Geneviève Labelle (alias RV Métal) Joël Lemay / Agence QMI

Pour elles, ça va même au-delà de l’art. «C’est politique, de faire du drag king. Parce que l’homme, c’est le sexe fort», souligne Geneviève.  

Le drag king applique le principe du «punch up», c’est-à-dire que le «sexe faible» peut frapper sur le «sexe fort». 

«C'est le fun, de “puncher” le sexe fort, parce qu’il domine dans tous les milieux, précise Mélodie. Nous, on peut se moquer de tout ce qu’on veut, de leur sexualité, des stéréotypes.»

La préparation pour un spectacle peut prendre entre 45 minutes et 3 heures.
La préparation pour un spectacle peut prendre entre 45 minutes et 3 heures. Joël Lemay / Agence QMI

Le drag en pleine ébullition   

Parce que le «seul moyen de travailler dans l’industrie du drag, c’est de faire une compétition», c'est à travers le concours Drag-Moi que les deux artistes se sont fait connaître.  

En 2018, Mélodie gagne la compétition avec son personnage de Rock Bière, un bon père de famille qui aime le rock classique et qui conduit une camionnette familiale. Petite révolution dans le monde du drag montréalais: elle devient le premier drag king à remporter les grands honneurs.  

Mélodie Noël Rousseau (alias Rock Bière), à droite et Geneviève Labelle (alias RV Métal), à gauche.
Mélodie Noël Rousseau (alias Rock Bière), à droite et Geneviève Labelle (alias RV Métal), à gauche. Joël Lemay / Agence QMI

L’année suivante, c’est au tour de RV Métal de triompher. «RV Métal a un vieux bazou avec du tape. Il fume des vieux butch. Il a de la misère dans la vie», raconte Geneviève. 

Les deux kings de Montréal voient d’ailleurs d’un bon œil les concours comme Ru Paul’s Drag Race et Canada’s Drag Race, qui, avec leur grande popularité, mettent la lumière sur leur art. 

Le roi est mort, vive le roi! 

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