La planète va perdre jusqu'à 10% de ses glaciers d'ici 2050, même si les objectifs climatiques sont atteints
Maxime Auger
Les glaciers fondent plus vite que jamais. Tellement que d'ici 2050, un dixième de toute la glace sur la planète aura disparu, et ce, même si tous les objectifs de l’Accord de Paris sont atteints. C'est ce que révèle une enquête du quotidien anglais The Guardian.
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Entre 2021 et 2050, les pertes sont évaluées à 13 200 kilomètres cubes d’eau, soit l'équivalent de la fonte de près de cinq piscines olympiques de glace par seconde.
«Ce que nous observons actuellement dans les montagnes a été provoqué par les gaz à effet de serre produits il y a deux ou trois décennies», a indiqué au Guardien le glaciologue Ben Marzeion, de l’Université de Brême. Ce dernier a analysé des centaines de modèles informatiques pour estimer la proportion des glaciers qui vont disparaître d’ici le milieu du siècle.
S'il est déjà trop tard pour 2050, les scientifiques insistent sur le fait que les mesures prises aujourd’hui par les gouvernements – y compris les récentes annonces plus ambitieuses de réduction des émissions par les États-Unis, le Canada et d’autres pays – peuvent faire une grande différence dans le paysage de la seconde moitié de ce siècle.
Une tendance qui s’accélère
Au cours des 20 dernières années, 267 milliards de tonnes de glace se sont échappées annuellement des quelque 220 000 glaciers du monde, a pour sa part rapporté mercredi la revue Nature.
C'est suffisamment d'eau pour submerger entièrement chaque année la Suisse sous six mètres d’eau, selon l’Université ETH de Zurich. Et la fonte s’est largement accélérée: d’une moyenne de 227 milliards de tonnes par an entre 2000 et 2004, on est passé à 298 milliards de tonnes en moyenne par an entre 2015 et 2019.
Toute cette fonte des glaciers a contribué à augmenter de 21% le niveau de la mer depuis le début du siècle, soit 0,74 mm par an, selon l’étude.
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Partout sur la planète
Nature avance que presque tous les glaciers s’amincissent et reculent en raison du réchauffement climatique. Ceux-ci fondent en raison des températures plus chaudes ou reçoivent moins de neige qu’avant, parce que les précipitations se sont déplacées dans d’autres régions du monde.
«La fonte s’est accélérée. Nous nous sommes habitués à lire à ce sujet, mais le tout s’est vraiment accéléré. Il n’y a que deux régions [sur la planète] où les glaciers ont un peu grossi», a déclaré à Metro UK le coauteur du rapport, Andreas Kaab.
De 2000 à 2019, l’Alaska, l’Islande et les Alpes ont été les plus durement touchés par la fonte des glaces, alors que dans la chaîne de montagnes du Karakoram, à la frontière entre le Pakistan, la Chine et l’Inde, les glaciers ont grossi.
Les nouvelles données, beaucoup plus fines géographiquement, pourraient également permettre d’aider à la planification dans des régions très peuplées où les glaciers jouent un rôle majeur pour l’approvisionnement en eau et l’agriculture.
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En Allemagne, les glaciers n’en ont plus pour longtemps
Les glaciers des Alpes bavaroises fondent plus rapidement que prévu et le dernier pourrait disparaître complètement dans seulement dix ans, avertit un rapport du gouvernement régional.
«Le changement climatique frappe les glaciers bavarois de plein fouet», a déclaré le ministre de l’Environnement local, Thorsten Glauber, dans ce rapport.
«Le dernier glacier pourrait avoir disparu dans dix ans», a-t-il indiqué, alors que jusqu’ici, les scientifiques estimaient qu’il se maintiendrait au moins jusqu’en 2050.
Mais leur fonte s’accélère: les cinq glaciers bavarois, localisés autour des sommets de la Zugspitze, point culminant des Alpes en Allemagne, et du massif de Berchtesgaden, ont perdu environ les deux tiers de leur volume lors de la décennie écoulée, et un tiers de leur surface, soit l’équivalent d’environ 36 stades de soccer.
– Avec les informations de l’AFP