«On se bat pour vos enfants»: le cri du cœur d’une prof «un peu à boutte»
Gabriel Ouimet
«On se bat pour vos enfants, parce que présentement, on n’arrive plus à les aider»: une autre enseignante lance un cri du cœur, alors qu'une grève se prépare dans le milieu de l'éducation.
Dans un long message publié sur Reddit, une enseignante du primaire confie songer sérieusement à changer de carrière.
«J’adore mon travail, mais les conditions ne me permettent pas de m’imaginer faire ça à long terme. J’arrive chez moi le soir et je suis complètement brûlée», écrit-elle dans une publication intitulée Enseignante passionnée un peu à boutte.
Celle qui affirme cumuler sept ans d’expérience dans le domaine de l’éducation insiste d’ailleurs: elle ne veut pas qu’une augmentation de salaire.
«Tu pourrais m’offrir un salaire de 200 000$ par année et ça ne serait pas suffisant pour me garder dans ces conditions-là», soutient-elle.
Revoir la composition des classes
Selon l’enseignante, le plus urgent, c’est de revoir la composition des classes et le ratio d’élèves par professeur.
Anxiété, fatigue, décrochage, difficulté d’apprentissage: dans des classes comme la sienne, le ratio d’élèves avec des besoins particuliers atteint parfois les 13 sur 23, ce qui est trop, dit-elle.
L’enseignante affirme ne pas avoir suffisamment de temps pour soutenir ses élèves comme elle le voudrait. Pendant ses journées de travail bien remplies, en plus d’enseigner, elle doit notamment faire de la correction et de la planification, en plus de répondre aux courriels des parents.
Une telle charge de travail est insoutenable, regrette-t-elle.
«Je sais qu’on va être de plus en plus à tomber au combat et les enseignant.es qualifié.es ET passionné.es se feront de plus en plus rares.»
Pour les enfants avant tout
Dans son message, elle rappelle à ceux qui seraient tentés de critiquer les profs qui s'apprêtent à faire la grève que ces moyens de pressions visent avant tout à créer un milieu d’apprentissage plus sain pour les enfants.
«J’aimerais tellement que tous les gens qui chialent contre la grève qui s’en vient réalisent à quel point on ne veut qu’aider les enfants à apprendre dans un milieu sain et sécuritaire. La société les laisse tomber ces enfants-là et ça me fait peur pour l’avenir», implore-t-elle.
Plus de 200 commentaires, dont une majorité en appui aux enseignants, ont été laissés sous sa publication.
Une grève la semaine prochaine
Rappelons que toutes les écoles publiques de la province seront fermées pendant au moins trois jours la semaine prochaine, les 21, 22 et 23 novembre, en raison de la grève du personnel scolaire et des enseignants représentés par le Front commun.
À compter du jeudi 23 novembre, les quelque 65 000 enseignants affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui représentent un peu moins de la moitié des profs de la province, déclencheront une grève générale illimitée. Il s'agit d'une première au Québec depuis 40 ans.