«On est en retard»: un organisme médical dénonce l’inaction de Québec face à l’obésité
Dominique Plante
Le gouvernement provincial refuse toujours de reconnaître l’obésité comme une maladie chronique, au grand désarroi d’un organisme médical qui craint des conséquences négatives sur des millions de Québécois.
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Plus de trois millions de personnes au Québec vivent avec de l’obésité, selon un nouveau rapport de l’organisme Parlons Obésité. Sur ce nombre, trois citoyens sur dix pourraient nécessiter un soutien médical.
Malgré ces chiffres, Québec n’identifie pas l’obésité comme une maladie chronique. «On est très en retard», a déploré la Dre Julie St-Pierre, pédiatre et conseillère médicale de Parlons obésité, en entrevue à l’émission Le Québec matin, samedi.
«C’est très inquiétant parce qu’on est face à une situation d’épidémie qui cause plusieurs complications, plusieurs maladies chroniques, cardiaques, diabètes, cancers», a-t-elle ajouté.
Rappelons que l’Alberta identifie l'obésité comme une maladie chronique. D’autres institutions ont également décidé de le reconnaître, telles que l’Association médicale canadienne et l’Organisation mondiale de la Santé.
«On a eu plusieurs discussions avec le cabinet (du ministre de la Santé). Je vous dirais qu'il y a une grande incompréhension de sa part, a indiqué la pédiatre. C’est extrêmement décevant de voir en ce moment que peut-être le ministère et le ministre se substituent aux sociétés savantes et nuisent à l'offre de services des meilleurs soins à la population.»

Reconnaître et économiser à la fois
La Dre Julie St-Pierre pense qu’une reconnaissance du gouvernement permettra à l’État d’économiser de l’argent.
«Les coûts de l’inaction de Québec représentent 5 milliards de dollars», a-t-elle estimé.
Elle évoque notamment les exemples des patients qui s’absentent de leurs rendez-vous médicaux, ce qui gaspille des ressources, ainsi que ceux en arrêt de travail qui cotiseront moins aux impôts à la fin de l’année.
La pédiatre considère également qu’en éduquant les professionnels de la santé et l’ensemble de la population sur l’obésité en tant que maladie chronique, le recours à la médication serait moins fréquent.
«Ce qu'on milite, c'est d'abord et avant tout pour une base d'accès à des soins qui sont organisés, professionnels, qui vont tenter autant que possible de ne pas avoir à recourir à la médication», a-t-elle expliqué, ajoutant toutefois qu’il y aura toujours des cas d’exception.
«Si on investit dans une prise en charge bien organisée, on va réduire de façon significative les coûts», a mentionné la Dre St-Pierre.
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus.