Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

90 secondes pour se réfugier dans l'abri blindé: une mère québécoise «dévorée d’angoisse» en Israël

Une mère québécoise qui habite en Israël vit dans la stupeur depuis samedi dernier

Partager
Photo portrait de Héloïse Archambault

Héloïse Archambault

2023-10-10T17:20:00Z
2023-10-10T17:21:22Z
Partager

Barricadée dans son appartement avec sa famille depuis samedi dernier, une mère québécoise vit dans l’angoisse pétrifiante de la guerre rythmée au son des alertes de roquettes, qui l’obligent chaque fois à se réfugier dans l’abri blindé en moins 90 secondes.

• À lire aussi: Une femme enlevée par des terroristes du Hamas témoigne

• À lire aussi: Après avoir échappé au Hamas: une mère raconte son calvaire avec son bébé d’un mois

• À lire aussi: EN DIRECT | 4e journée de guerre Hamas-Israël

«C’est la stupéfaction, confie Myriam Azogui-Halbwax, qui vit à Ra’ anana, située au nord de Tel-Aviv, en Israël. Ça s’enchaîne et on ne comprend pas vraiment ce qui se passe. [On a] l’impression qu’on vit un cauchemar [mais] que c’est réel.»

La Québécoise, qui vit en Israël depuis 2016, a été réveillée par une première alerte de roquettes, samedi matin dernier. 

«J’étais en train de rêver et l’alarme est tellement forte que j’ai cru que c’était dans mon rêve, raconte-t-elle. C’était la stupeur. On sait qu’on vit dans une région un peu compliquée, que nos voisins ne nous aiment pas vraiment, mais on était en pleine fête juive. (...) C’est comme une alerte le 25 décembre au matin.» 

Publicité

Des tirs toute la journée

La chambre d’une des trois filles de Mme Azogui-Halbwax a été construite comme un abri blindé, une pièce sécuritaire souvent prévue dans les appartements récents en Israël. 

Lorsqu’une alerte retentit, ils ont 90 secondes pour s’y réfugier. Après ce délai, les tirs pourraient s’abattre. Depuis samedi, les alertes se succèdent sans arrêt. 

«Cet après-midi, ça n’a pas arrêté. Ça a touché les villes tout autour, souffle la mère de 51 ans, jointe au téléphone par Le Journal mardi matin, heure de Montréal. On est un peu pétrifiés. On entend le bruit des explosions, on se tient prêts. Je suis prête à courir dans l’autre pièce.» 

AFP
AFP

Elle compare d’ailleurs ce confinement au début de la pandémie de COVID-19, où toute la société était mise sur pause. Ses deux filles de 12 et 17 ans, qui sont nées au Québec, ne vont pas à l’école. 

«L’école est fermée, tout est en suspens», indique-t-elle. 

Pour ajouter à l’angoisse, la fille aînée de 19 ans de Mme Azogui-Halbwax fait présentement son service militaire et est déployée près de la Cisjordanie. Elle fait partie d’une unité «combattante» de l’armée des frontières. 

«Dévorée d’angoisse»

«En tant que mère, je suis dévorée d’angoisse, confie-t-elle. Ce n’est pas la chose qu’on souhaite pour ses enfants, normalement on est là pour les protéger, et là c’est eux qui nous protègent, ce n’est pas très normal. Mais, c’est comme ça, on n’a pas le choix.» 

Depuis samedi, la famille a quitté l’appartement uniquement pour faire des achats de produits essentiels et aidé à faire des boîtes pour les soldats au front. Les besoins sont d’ailleurs immenses, note la Québécoise.

Publicité

«Ce qui est très dur à vivre, c’est qu’on est tous touchés. C’est un peu comme au Québec (...) en termes de communauté. Tout le monde connaît un petit peu tout le monde. On peut tous se mettre dans les chaussures du voisin. Pour nous, tout est proche.» 

Après quatre jours de «guerre», la directrice des missions Israël pour le Centre consultatif des relations juives et israéliennes du Canada ne comprend toujours pas ce qui se passe. 

«Je ne suis pas une pro-militaire, pas une va-t-en-guerre. Mais ça, ce qu’on voit, ce n’est pas une guerre, c’est juste ignoble, souligne-t-elle. Et la barbarie, ça, c’est vraiment l’élément supplémentaire qu’on n’avait jamais eu. Les alertes, les roquettes, on connaît. Mais ça, cette barbarie, cette sauvagerie...», souffle-t-elle sans terminer sa phrase. 

Malgré tout, la mère de famille n’a pas l’intention de quitter le pays. 

«Je ne me vois pas du tout quitter cet endroit, c’est ma maison. Il est hors de question que des barbares (...) m’empêchent d’être libre et de faire mes choix. Ça, c’est impensable», jure-t-elle. 

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

À voir aussi : 

Publicité
Publicité