Elle a l'œil sur les influenceurs: on a jasé avec celle qui se cache derrière le compte drama.qc
Jean-Michel Clermont-Goulet
Dénoncer les influenceurs qui ne respectent pas les mesures sanitaires et qui se croient tout permis «parce qu’ils ont un certain nombre de followers»: c'est l'objectif que s'est donné Drama Queen*, la jeune femme derrière le nouveau compte Instagram dont tout le monde parle, drama.qc.
• À lire aussi: 13 créateurs québécois qui vont vous réconcilier avec les influenceurs
• À lire aussi: Des amendes? Des accusations? Voici ce qui attend les passagers qui ont fait le party en avion
• À lire aussi: Party en avion: l'organisateur du voyage controversé d'influenceurs au Mexique se défend
Tout a commencé lorsqu'elle est arrivée à infiltrer la conversation des voyageurs québécois qui ont fait le party (et qui on bu, vapoté et se sont envoyés en l'air) dans un avion de Sunwing.
Contrairement à ce que certaines personnes pourraient penser, la jeune femme de 23 ans, qui assure ne pas être une influenceuse, ne se trouve pas au Mexique. Elle publie les bribes de conversation des controversés voyageurs dans le confort de son appartement montréalais, où elle est en isolement après avoir contracté la COVID-19 pour la deuxième fois depuis le début de la pandémie.
D'abord lancé pour tuer le temps, drama.qc a atteint le cap des 30 000 abonnés en à peine 72 heures.
«Je ne m’attendais pas à ça, vraiment pas», confie celle qui raconte avoir retrouvé la conversation publique des Québécois en naviguant sur Discord.
Elle en avait assez, des influenceurs
Même si elle reconnaît qu'il ne faut pas mettre tous les influenceurs dans le même bateau (ou le même avion!), ceux qu'elle a pu croiser au cours des derniers mois l'ont convaincue de lancer sa page Instagram. Puis, le voyage à Tulum (et le party dans l'avion) a été la goutte qui a fait déborder le vase.
«Je suis allée à des événements et, trop souvent, je les ai vus “chiller” dans les bars pas de masque, pas de distanciation, et faire tout ce qu’ils veulent sans que ça ne leur revienne en pleine face», dénonce-t-elle.
«Rigueur, rigueur, rigueur»
La jeune femme gère drama.qc seule. Elle demande toutefois conseil à des amis, notamment lorsqu'elle doit décider de publier ou non une information.
Et comment s'assure-t-elle qu'un scoop reçu est véridique? Elle affirme ne rien diffuser qui ne lui ait pas été signalé plus d'une fois.
Par exemple, une personne lui a déjà écrit en prétendant que le rappeur Fouki faisait partie du tristement célèbre vol de Sunwing vers Cancún. L'information était fausse et elle ne l'a pas publiée. «Je n’ai pas une poignée dans le dos non plus, là», lance-t-elle en riant.
Il lui arrive toutefois de se tromper. Elle a notamment partagé l'information voulant qu'un soi-disant journaliste sportif de la chaîne Noovo se trouvait au Mexique. Reconnaissant s'être trompée, elle a rectifié le tir, se défend-elle.
«Je ne veux pas non plus détruire la vie de quelqu’un. Ce n’est pas ça, mon but», soutient celle qui, en temps normal, occupe un emploi dans un café.
drama.qc mieux que les médias traditionnels?
«Je suis un peu “overwhelmée” de tout ce qui se passe actuellement», dit Drama Queen, qui considère que son compte est «en quelque sorte une nouvelle source d’information».
La jeune femme est ravie que des personnalités connues parlent de sa page, comme son humoriste préféré, Arnaud Soly.
Si elle défend son travail et sa rigueur, elle ne va pas jusqu’à dire qu’elle fait un meilleur job que les journalistes. «Mais j'ai énormément travaillé dans les derniers jours, durant mon isolement», insiste-t-elle.
Et une fois le Tulumgate derrière nous, qu'est-ce qui l'attend (et qu'est-ce qui attend drama.qc)? Trop tôt pour le dire.
Lorsqu'elle reprendra le travail et qu'on sera passés collectivement à un autre appel, elle réduira le rythme de son travail en ligne et se consacrera à autre chose que d'éplucher une conversation Discord. Mais si l'envie (et l'inspiration) y est, elle continuera d'alimenter drama.qc.
*Drama Queen souhaite garder sa véritable identité secrète