Omicron : Il faut recommencer à soigner et ramener le personnel malgré les risques, dit la FMSQ
TVA Nouvelles
Le délestage en cours dans les hôpitaux, dont le report des interventions chirurgicales importantes, pousse la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ) à lancer un cri d’alarme en demandant un changement d’approche dans la lutte à la COVID.
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«La maladie a changé, le virus a changé de comportement. Il faut considérer que c’est une autre maladie», lance d’entrée de jeu le Dr Vincent Oliva, président de la FMSQ en entrevue à Mario Dumont.
«On souhaite un ''reset''. On veut qu’il y ait une prise de conscience et qu’on se demande si on gère ça de la bonne façon. On a l’impression qu’on applique une recette qui a prévalu dans les vagues différentes, mais on a l’impression que ce n’est pas la bonne recette, parce que le virus est très différent», élabore-t-il.
Dr Oliva déplore le fait que des maladies sérieuses actuellement ne peuvent plus être traitées, et que la médecine est sur pause, causant des dommages importants aux individus et au système de santé.
«Omicron donne des atteintes moins sérieuses, en partie chez les patients qui sont vaccinés. Je ne suis pas en train de vous dire que c’est un rhume. Les gens ne meurent pas du rhume, mais peuvent mourir d’Omicron. Quand les patients sont adéquatement vaccinés, ils vont avoir une pharyngite, un mal de gorge, de la toux, et que ça, ça permet de gérer le personnel de la santé différemment », explique-t-il.
Ainsi, sa fédération souhaite voir le retour en poste des milliers de travailleurs de la santé qui sont placés en isolement en raison d’Omicron, alors qu’ils pourraient prêter main-forte dans le réseau.
«Quand on isole trop longtemps le personnel de la santé, il y a des dommages collatéraux. Il y a des patients en ce moment qui sont sur les listes d’attente et qui n’ont pas les soins. Il faut recommencer à soigner avec des paramètres différents», insiste-t-il.
Ainsi des travailleurs positifs, qui présentent peu de symptômes, sont moins contagieux.
«Le risque zéro n’existe pas, reconnaît le Dr Oliva, mais on n’est plus dans cette médecine où l’on prendra zéro risque. Les risques sont en train de se manifester chez les patients qui ont besoin de soins.»
- Écoutez l’entrevue de Benoit Dutrizac avec Dr Martin Champagne, président de l’Association des médecins hématologues et des oncologues du Québec sur QUB radio :
Transferts en CHSLD
Pour désengorger les hôpitaux, il considère qu’il faudrait recommencer à transférer des patients NSA (niveau de soins alternatif) qui n’ont plus besoins de soins actifs à l’hôpital, dans les CHSLD afin de libérer des lits.
«C’est extrêmement triste ce qu’on a vécu dans les CHSLD lors de la première vague, mais on n’est plus là. Les patients sont vaccinés avec trois doses, le personnel est habitué, ils ont des équipements de protection», plaide-t-il.
«Notre gestion de la pandémie est un peu trop prudente. Le virus n’est plus aussi virulent, n’a plus les dents qu’il avait pas le passé», ajoute Dr Oliva.
«Si on vous dit que vous avez le cancer et que si on ne vous opère pas, votre cancer va progresser, est-ce que vous préféreriez laisser progresser le cancer ou vous laisser opérer par un chirurgien qui est positif, mais qui a pas de symptôme, qui porte tous les équipements de protection et qui ne vous contaminera pas? Et si vous n’êtes pas vulnérable et que vous l’attrapez, vous allez avoir des manifestations très bénignes de la maladie.»
Selon la Fédération, c’est un calcul risques-bénéfices, mais il faut absolument y réfléchir, et ce très rapidement.
***Voyez son entrevue intégrale dans la vidéo ci-dessus.***