Le géant Olymel se fait plumer par les manifestants du pont Ambassador
Francis Halin | Journal de Montréal
La coopérative québécoise Olymel, qui fait passer près de 40 % de ses exportations vers les États-Unis par le pont Ambassador avec une dizaine de camions chaque semaine, paye cher ce blocage routier.
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« Ça a un impact majeur, peu importe le produit », résume Richard Vigneault, porte-parole d’Olymel, dont les ventes dépassent le 4,5 milliards de dollars.
« Nos livraisons de produits frais risquent d’être perdues parce que l’on aura dépassé la date où l’on pourra les congeler et les commercialiser », ajoute-t-il.
Plus de 4000 camions et 323 millions de dollars de biens transitent chaque jour sur le pont Ambassador, qui relie Windsor et Détroit et qui est le théâtre de manifestations depuis six jours.
Vendredi après-midi, une injonction a été accordée pour mettre fin au blocage, après que le premier ministre Justin Trudeau a écarté l’idée de recourir à l’armée, malgré l’état d’urgence décrété plus tôt par l’Ontario.
Produits frais
Or, les impacts se font déjà sentir chez nos entreprises, qui devront payer une note salée en raison des retards et délais des livraisons accumulés.
Ces derniers jours, Le Journal a raconté l’histoire du Groupe Mundial et de Simard Suspensions Inc. freinés par les blocages du plus important pont transfrontalier entre le Canada et les États-Unis.
« Le plus grave, ce sont les produits frais que l’on exporte et qui ne peuvent pas subir ce genre d’attente », a ajouté hier le porte-parole d’Olymel, Richard Vigneault, préoccupé par l’ampleur de la paralysie.
« On a aussi des épices et d’autres types d’ingrédients qui peuvent entrer dans nos opérations, qui proviennent des États-Unis », souligne-t-il.
Alberta
En plus du pont Ambassador, les camions d’Olymel sont aussi forcés de traverser au compte-gouttes la frontière de Couts, en Alberta.
« Ça a été bloqué toute la semaine. C’est assez stressant aussi », laisse-t-il tomber.
Si les retards et détours peuvent encore être absorbés par les épiceries, la situation pourrait se détériorer à vitesse grand V, s’inquiète l’industrie.
« Les étagères pour l’instant ne sont pas encore affectées, mais ça ne saura tarder s’il n’y a pas de règlements qui se pointent à l’horizon », prévient Michel Rochette, président du Conseil canadien du commerce de détail.
Agropur éclaboussée
Comme si ces casse-têtes logistiques n’étaient pas assez, un autre géant québécois de l’agroalimentaire, Agropur, a dû remettre les pendules à l’heure après que des camions avec son logo ont été aperçus à Ottawa.
Au Journal, sa v.-p. des communications corporatives, Mylène Dupéré, s’est dissociée « complètement » des manifs de la capitale.
« Lorsque nous avons su que des camions avec le logo d’Agropur étaient présents à Ottawa, nous avons immédiatement lancé une enquête pour obtenir plus d’information », a-t-elle expliqué.
D’après les photos et vidéos trouvées, le géant laitier a pu confirmer que les chauffeurs étaient des sous-traitants, et non des employés d’Agropur, et que les camions n’étaient pas les leurs non plus.
« Nous informerons aujourd’hui nos sous-traitants de notre position sur le sujet incluant un rappel des responsabilités liées à l’utilisation de notre logo. De plus, nous leur demandons de cesser immédiatement l’utilisation des véhicules identifiés à l’image de marque d’Agropur dans ces manifestations », a-t-elle conclu.
– Avec l’Agence QMI