Oh! bienheureuse transparence!
![Marc Bergevin et Paul Wilson lors d’un événement de la Formule 1, en 2019.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F60773635_3938654da854e2-e988-462a-87d5-be50787e961e_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
![Photo portrait de Réjean Tremblay](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2Fda470b27_43a7_48fd_a2db_58062ebdfc64_AUTHOR_PHOTO_WEBd2ab9b80-dd65-43a8-b92d-e2184f1b6b99_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Réjean Tremblay
Donald Beauchamp, out. Dominick Saillant, out. Paul Wilson, out.
Depuis trois ans, trois immenses pointures dans les communications et relations avec les médias ont démissionné ou ont été congédiées.
Dans le cas de Paul Wilson, c’est encore plus incroyable. Il a été congédié en même temps que le directeur général et le dépisteur en chef de l’organisation. Comme s’il était responsable des mauvais choix de Trevor Timmins et des erreurs et du comportement de Marc Bergevin.
Peut-être que Donald Beauchamp a vraiment démissionné. C’est ce qu’il soutient. Mais ça ne change pas la donne. Il a quitté les Glorieux parce qu’il en avait ras le bol des folies qu’il devait accomplir pour conserver une sorte d’équilibre entre les exigences dont il était bombardé.
Trois ans, trois grands, trois départs. Vous voyez bien que ça cloche dans l’univers étouffant des Glorieux.
Deux plaques tectoniques
Ces trois-là succédaient à d’autres solides communicateurs. Claude Mouton était le patron des relationnistes quand j’ai commencé à couvrir le Canadien. En fait, Mouton était son propre patron, puisqu’à part Yves Tremblay et Alain Chantelois, qui firent des séjours remarqués, Mouton faisait tout le travail tout seul.
Mais c’était plus simple. Il y avait deux plaques tectoniques. Vous savez ces plaques qui font que les continents tendent à se rapprocher. Les joueurs, Sam Pollock et Scotty Bowman d’un bord et les médias de l’autre. Fallait juste que les joueurs et les dirigeants se parlent et se connaissent mieux. C’était bar ouvert et personne n’aurait songé à tenter de contrôler les journalistes, qui de toute façon, étaient des rebelles dans l’âme. Faire plier Bertrand Raymond, Yvon Pedneault ou Red Fisher était un défi impossible.
L’arrivée de Mimi Lapointe ne changea pas grand-chose.
Le premier qui tenta de mettre de l’ordre dans ce joyeux branle-bas fut Bernard Brisset. Mais les journalistes pouvaient faire leur travail. Le public était encore informé.
L’arrivée de Bob Gainey
Les vrais problèmes ont commencé avec l’arrivée de Bob Gainey. Puis ça s’est accentué avec Pierre Gauthier, un vrai paranoïaque avec les médias.
Donald Beauchamp, rendu vice-président, était complètement coincé entre toutes ces forces qui s’opposaient. Les joueurs, le commercial, les dirigeants, les réseaux de télévision sportive, les partenaires de la radio, les grands journaux, les anglophones et les francos. Et le pauvre Beauchamp essayait de garder un équilibre dans tout ça. Il s’est fatigué et a levé les feutres.
Dominick Saillant a tenu le fort, mais c’était devenu tellement complexe que Geoff Molson est allé chercher Paul Wilson, un homme fort de chez
National et un grand dans le domaine.
Bergevin... Le contrôleur absolu
Il était déjà tard pour amener Wilson en renfort. Marc Bergevin, si c’était possible, était pire que Bob Gainey et Pierre Gauthier... ensemble.
De plus, les plaques tectoniques s’étaient multipliées. Télés, radios partenaires, joueurs millionnaires, vice-présidente à poigne, demandes des anglos et des francos, président incapable d’imposer une direction après avoir promis une transparence en 2018, plus la COVID, on s’est retrouvé dans un univers étouffé et étouffant.
Les journalistes ont fini par plier, par céder, les directions des médias encore indépendants ont complètement baissé les bras et les amateurs ont maintenant le bonheur de voir et d’entendre 20 analystes, anciens joueurs et anciens coachs, analyser le même but 20 fois.
On ne connaît plus les joueurs, on ne sait plus rien sur ce qui se passe dans une équipe qui génère des centaines de millions de revenus et on se borne à lire les attrape-nigauds des sites internet.
Ça commence par Molson
Et voilà que Geoff Molson promet une nouvelle transparence. Il ne le réalise pas, mais la transparence commence par lui. Il est président et propriétaire. Qu’il donne les ordres qui s’imposent. À Jeff Gorton et au futur directeur général. Ouvrez les portes, faites de l’air, laissez les journalistes faire leur travail. De toute façon, c’est lui qui va y gagner. Les gens vont aimer plus et mieux ses joueurs. Ils vont acheter des tickets et suivre les matchs à la télé.
La transparence part de Geoff Molson. Mais la transparence se gagne. Que les dirigeants des grands médias mettent le poing sur la table. Ça se dit dans un meeting que si les journalistes de sport ne peuvent faire leur travail, alors les reporters du Bureau d’enquête ou du crime organisé vont se mettre à fouiller dans la patente.
J’ai couvert les faits divers de nuit à mon arrivée à Montréal. Des bandits et des flics, j’en ai vu pour le reste de ma carrière.
Ça devrait pas être plus compliqué d’interviewer Jonathan Drouin que Frank Cotroni ou Mom Boucher.
Le « Geoff and Jeff show » !
Dans le grand organigramme du Groupe CH et du Canadien, Jeff Gorton et le futur directeur général se rapporteront tous les deux à Geoff Molson. C’est la structure officielle.
Et il est certain que, selon la hiérarchie établie par le président Molson, le futur DG ne sera pas sous l’autorité de Jeff Gorton.
C’est la théorie. C’est le désir de Geoff Molson. Il souhaite un monde de Calinours et de petits lapins où tout le monde est gentil et tout le monde, il est souriant. Dans le monde de Geoff, Futur Dégé et Jeff vont s’aimer, se taquiner, se relancer et décider dans un consensus touchant.
Mais dans la vraie vie
Mais dans la vraie vie, c’est celui qui est vice-président exécutif et premier embauché par Molson qui va avoir la crédibilité et le haut du pavé. C’est écrit dans le ciel, puisqu’il sera responsable de l’embauche de Futur Dégé.
Ce qui veut dire que pour la première fois en 60 ans, le Canadien va avoir un boss anglophone qui ne parle pas français. Et comme avec George Gillett, ancien propriétaire, on se retrouve avec un Américain avec les mains sur le volant. Gillett, c’était toute la bastringue ; Gorton, c’est le hockey.
Jean Lesage et René Lévesque doivent se retourner dans leur tombe. Eux qui pensaient avoir délivré les Canadiens français de leur fardeau de porteurs d’eau.
Bettman content
Par ailleurs, il ne faut pas s’étonner de voir que Gary Bettman a pistonné un ancien des Rangers. C’est sa façon de se créer des dettes à collecter dans la plupart des marchés de la ligue.
Et faut dire aussi que ce n’est pas tout le monde chez les Rangers qui sont pâmés par le travail accompli par Gorton dans l’organisation.
Vaudrait sans doute mieux que Futur Dégé soit bon. Ben bon...